Djazia Satour

En novembre dernier, Djazia Satour présentait Klami, son premier EP dans lequel elle mêle l’anglais et l’arabe. Un nouveau projet solo pour l’ancienne chanteuse du groupe MIG, déjà reconnu par la profession, puisqu’elle fait partie de la sélection des artistes FAIR 2011. Rencontre avec une jeune femme simple mais décidée.

Klami, ça veut dire Ma Parole en arabe. « C’est l’affirmation de soi. C’est pas un truc exclusif, c’est plus pour dire j’existe. C’est lié au passage du groupe au solo, mais aussi au type de travail beaucoup plus solitaire au départ. Et puis aussi, d’une liberté plus personnelle. Le typique du groupe, c’est un travail en répétition, c’est basé sur l’échange, il faut que tout le monde s’y retrouve dans un disque. Quand tu travailles en solo, les choix te reviennent. C’est une affirmation de ta propre liberté : artistique, personnelle ou autre. C’est très lié à ces deux années que j’ai passées à reconstruire un truc toute seule. Puis finalement pas seule, parce qu’on a besoin de cette précieuse aide, mais cette démarche on la fait seul.»

Djazia Satour

Le point de départ de ce projet solo a été tout d’abord le split du groupe MIG. « Ce qui a vraiment arrêté MIG c’était les aléas des partenaires professionnels. Ils nous ont clairement planté le projet, c’est le cas du label qui tue un groupe. On pensait pas forcément faire un troisième album, mais ils l’ont arrêté avant la sortie du deuxième, ils nous ont mis dans un tiroir. Et du coup, en contrat d’artiste, tu reprends pas tes droits comme ça. Et le temps de les récupérer, avec les procédures, t’es sorti de la dynamique pour lancer ton disque. Et c’est là que tu vois si ton groupe est fragile ou pas… » Néanmoins, Djazia n’a jamais vu ce split comme une rupture dans son parcours, Klami reste dans une continuité. « J’ai fait des choses super avec ce groupe, ça m’a beaucoup apporté. Y’a dix ans, j’aurais jamais pu faire un projet solo. Le fait de passer par l’étape de groupe c’est protecteur, formateur. Maintenant j’ai compris le fonctionnement d’un groupe, et je sais aussi ce que je veux faire, j’ai un cahier des charges… ca reste un travail de groupe, un travail d’équipe conséquent. Mais le travail d’écriture, je l’ai composé sur un an et demi, j’ai pris le temps de bosser tout le répertoire. »

Cet EP est comme une première pierre, qui pose le projet dans le concret. « Après MIG y’a d’abord eu six mois de gestation pour savoir ce que j’allais faire et comment. Et en fin de compte, pour moi c’était pile le format qu’il me fallait, c’est-à-dire suffisamment de titres pour faire découvrir ce projet, et en même temps pas tout de suite miser sur l’album qui aurait été une plus grosse production, un plus gros risque. Mais il fallait lancer ce projet à un niveau officiel parce que sans disque, finalement, l’artiste existe pas vraiment. » Djazia s’est lancée en autoproduction, totalement indépendante. « J’en avais marre d’attendre les labels ou maisons de disque. On s’en est quand même pas trop mal sorti puisqu’il y a quand même une distribution nationale, ce qui veut dire que beaucoup de personnes ont accepté de jouer le jeu. Et même au niveau des médias, c’est là que le FAIR a joué je pense, mais y’a eu pas mal de reconnaissance de la part des gens du métier. Après tout le travail reste à faire derrière, le six titres, c’est juste un premier pas. Je considère que j’en suis au début du truc, mais les choses se passent bien, ça a fait une année plutôt réussie. »

Ce nouveau projet écarte l’electro, composante omniprésente de MIG. « C’est des choix artistiques. Même aujourd’hui ce que je fais, ça peut changer sur une prochaine période de création. C’est le côté mouvant, tu te fais traverser par beaucoup de choses… En fonction des périodes que tu vis, t’es plus sensibles à certaines influences ou certaines musiques  – ça joue sur ta création ou ce que tu vis. Le style c’est des formes esthétiques, je me sens complètement libre à ce niveau là. L’electro j’y suis venue par curiosité, mais j’écoutais pas du tout les musiques dont on parlait quand on faisait les interviews sur MIG. » Le choix de l’acoustique permet de laisser de la place à la spontanéité. « Ca avait un intérêt de travailler avec des machines, mais c’est aussi contraignant. Ca peut être très figé. Sur album c’est super, mais sur scène c’était toute une adaptation, avec beaucoup de machines. Là je voulais un truc acoustique, organique, frais, vivant. »

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On compare souvent Djazia Satour à Hindi Zahra, probablement par rapport à leurs origines. « C’est en fonction des sensibilités de chacun, nos styles sont pas opposés non plus. Et puis je peux pas reprocher à quelqu’un de me dire qu’on chante toutes les deux en arabe, alors qu’elle chante en Kabyle et moi en Arabe. Je peux pas demander au quidam moyen de savoir faire la différence, c’est pas du tout le problème. Au-delà de ça, les gens ont besoin de tout simplifier, ce qui pousse à la caricature. Si les gens ne savaient pas qu’on est toutes les deux Maghrébines, ils ne nous compareraient pas. » Mais la comparaison ne lui paraît pas pour autant choquante. « Je trouve intéressant de dire qu’il y a une mouvance d’artistes maghrébins qui font des musiques qui se mélangent à des influences anglo-saxonnes, il faut qu’il y ait ce genre d’artistes. Elle est marocaine, on a le même âge, on a toutes les deux vécu dans nos pays, c’est pas un hasard. On est quand même influencées par des couleurs acoustiques, plutôt black, plutôt folk. Ce qui est énervant c’est quand on t’enferme dans un truc parce qu’on a des origines maghrébines, c’est trop réducteur. Après, les comparaisons artistiques ne me dérangent pas, je trouve ça bien qu’il y ait des déclinaisons. »

Cet EP lui servait d’abord à tourner, mais l’album n’est pas loin. « Pour cet EP j’ai choisi les historiques, celles qu’il fallait mettre sur disque parce qu’elles avaient déjà un peu vécu sur scène, pendant la première tournée en 2009. Et puis une ou deux nouvelles, arrivées en bout de course, parce qu’elles avaient aussi leur place. Mais maintenant, l’album attend avec impatience de s’enregistrer. Sur l’album, certaines chansons, des chansons qu’on joue pas encore en live, se rapprochent du son MIG. Sur l’EP je voulais marquer la différence, mais sur l’album y’a plus de place, plus de possibilité de varier. »

Réclame

Klami, le premier EP de Djazia Satour est déjà disponible.
Djazia Satour sera en concert le 12 mai au Nouveau Casino, en compagnie de Leonid, le nouveau projet de Fafa, du groupe Sinsémilia.

A noter, les 15 artistes FAIR 2011 :
Binary Audio Misfits / Buridane / Cascadeur (on vous en parle là)/ Chapelier Fou / Djazia Satour / François & The Atlas Mountains / L / Lilly Wood & The Prick (nos chouchous, dont on vous parle sans arrêt, en vrai on les adore, vous voulez encore des photos ?) une autre session peut-être ?)/ Le Prince Miiaou (Maud-Elisa est géniale, on l’a vue avec Les Femmes S’en Mèlent) / Quadricolor (Kova les a vus, nous aussi d’ailleurs)/ Skip The Use (ils sont juste énormes)/ Soma (un peu moins convaincus)/ This is hello monster ! / Twin Twin (le XVIIe arrondissement du dernier P20RIS) / Yeti Lane


Remerciements : Damien (ivox)

Catégorie : Entretiens
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