Le Prince Miiaou

Aux Eurockéennes de Belfort, Le Transistor a rencontré Maud-Elisa Mandeau, alias Le Prince Miiaou. Depuis quelques mois, on entend parler d’elle partout. Elle est le coup de cœur de tous les médias. Et à l’écoute de Safety First, on comprend pourquoi. Rencontre avec le buzz incarné.

Le Prince Miiaou

Le Prince Miiaou

En parcourant ses nombreuses interviews, on apprend que Maud-Elisa n’aime pas se prêter à l’exercice. « Je suis juste timide mais j’aime bien ça. C’est chouette de parler de soi, je suis une égocentrique moi, comme tous les artistes. Mais comme je suis timide, donc ça me fait paraître un peu cruche. J’en ai plein aujoud’hui, et je suis contente, je vais pas refuser des interviews, c’est important, je suis en développement. »
Comment s’est créé ce buzz autour de son deuxième album ? Elle répond du tac au tac : « Ca t’agace de me voir partout ? Moi, j’ai rien fait du tout. J’ai fait mon petit album, chez mon frère qui est ingé son, et qui a un studio à la campagne. J’en avais fait un premier, Necessite Microscopique, j’ai fait cinq concerts avec, donc j’ai laissé tomber, je suis rentrée au studio pour le deuxième, avec mes petits moyens. Je rencontre une fille très gentille sur un concert qui me propose de faire écouter mon album à JD Beauvallet… Une semaine après elle me dit que je vais avoir un petit truc dans les Inrocks Je me dis soit elle le connaît bien soit il a vraiment aimé. J’ai eu une ligne dans les dix chansons du net – entre Björk et Radiohead, je me rappelle c’était énorme. Et il m’ont mis sur la page d’accueil de CQFD, leur site.

Après ça, Lenoir doit faire son marché sur CQFD, pour découvrir de nouveaux artistes. Pour l’anecdote, c’est mon gynéco de province que j’avais pas vu depuis des années qui m’a dit m’avoir entendue sur France Inter – j’y croyais pas mais des Maud-Elisa, y’en a pas beaucoup. J’ai trouvé ça fou. Et effectivement, après ça s’est emballé. Y’a ceux qui ont suivi le mouvement parce que dès qu’on parle d’un truc… Puis y’a Libé qui a eu un gros coup de cœur, qui a tout fait pour me mettre en avant. Et quand on se retrouve dans Libération, une grande page de surcroit, avec une accroche en couverture, ça convainc plus de gens. Mais j’ai quand même bien galéré. Et j’ai toujours pas de label…” Comment fait-elle pour avoir un dossier de presse aussi conséquent pour de l’auto-production, et ne pas avoir de propositions des labels ? “C’est pas formaté pour les radios. Si t’as pas de radio, t’as pas de moyen de vendre des disques, et eux ils sont vraiment dans la merde.”

Quel a été son déclic pour se lancer en solo ? “J’étais dans un groupe de post-rock, avec de longues chansons très compliquées. Au bout de quatre ans, on a du arrêter parce que j’étais à Paris, et qu’ils étaient restés en Charente. Y’avait mon frère et mon copain, j’ai tout largué et j’ai décidé de faire mon truc toute seule, avec des logiciels.
Mon idole c’était Encre, alias Yann Tambour, je suis tombée vraiment amoureuse de sa musique. Je voulais faire une chanson comme ‘Marbres‘, mais une à moi, je voulais du plagiat de ce mec en fait. Donc forcément je suis pas douée donc ça a pas donné pareil, mais c’est vraiment lui qui m’a donné l’envie de faire des trucs toute seule.”

Quelle est la différence entre Safety First et Nécessité Microscopique, son premier album ? « Le premier était plus sombre, beaucoup plus en français, mais surtout plus maladroit – même si Safety First est toujours maladroit. Mais il était moins accessible. En plus à l’époque du premier album, j’étais toute seule. J’avais un peu bossé en label, je voyais bien que les gens n’écoutaient pas les CD qu’ils recevaient. Et j’ai eu la chance de faire un stage en management, et au bout du couloir, j’avais le manager de Renan Luce et d’Emily Loizeau, à qui j’ai donné Nécessité Microscopique, mon premier album – mais on bossait pas ensemble, c’était pas déplacé. Et il a décidé de m’aider.”

http://www.dailymotion.com/video/xcsmeq

Pourtant Maud-Elisa s’occupe toute seule du Prince Miiaou, autant de la musique que la photo ou la vidéo. J’étais très mal à l’aise devant un objectif autre que le mien. Souvent je prends des poses débiles, dans mes clips je fais n’importe quoi, mais je peux pas faire ça devant du monde. Si y’a des gens autour de moi, même des gens très proches, je vais pas pouvoir me lâcher. J’ai confiance en moi quand je suis toute seule.”
Cela peut paraître comme un besoin de tout contrôler. “J’ai pas du tout confiance en moi mais beaucoup de caractère. Et un énorme besoin de reconnaissance. C’est la seule chose que j’ai à moi. Ca va me passer, mais ça m’a permis de m’imposer. Et oui je suis une control-freak parce que j’ai toujours l’impression qu’on va dévier mes idées. Mais il est de plus en plus question que je prenne un réalisateur en studio et ça me fait peur, de perdre le contrôle ou qu’une bonne idée vienne de quelqu’un d’autre parce que ce sera plus la mienne. Je préfère que mes morceaux soient mauvais mais qu’ils soient à moi. C’est sûrement de la fausse modestie, c’est sûrement que je les trouve bons mes morceaux.”

Pourquoi cette alternance entre l’anglais et le français dans les textes ? “C’est plus pour le chant, si je veux chanter, mon texte est en anglais, je déteste chanter en français. Même les textes en français que j’aime bien, je les parle, si je devais les chanter, je trouverais ça ridicule. L’anglais c’est exotique, c’est cool. C’est un cliché mais t’as l’impression de faire du rock. Mais j’ai des choses à dire en français aussi, mes textes sont vraiment différents dans les deux langues. Je maîtrise pas bien l’anglais, donc ça va être moins intime, moins personnel parce que j’ai moins les mots pour décrire. Je suis très impudique en français – voire au point de mettre les gens mal à l’aise parfois. Y’a des gens qui partent à cause des paroles, y’a des gens qui pleurent, y’a des gens qui restent parce qu’ils aiment bien.”

Comment gère-t-elle sa timidité sur scène ? “Je travaille beaucoup pour assurer les concerts, parce que je suis pas vraiment musicienne. Comme je fais les boucles en direct sur scène, faut que ce soit carré, sinon c’est le bordel immonde. Là ça va mieux, même s’il y a encore des erreurs, bien sûr c’est le live. J’adore ça, surtout si t’arrives à gérer ton erreur.
On me pousse beaucoup à parler plus au gens. Mais je déteste préparer les trucs à l’avance, je sais pas jouer la comédie. A chaque fois je panique un peu parce que je vais devoir improviser puis y’a des jours où j’ai rien à dire, donc je m’embourbe dans des trucs pas possible. Je trouve que c’est mieux d’être honnête, c’est plus rigolo. J’aime bien que ce soit exceptionnel à chaque fois, ça génère beaucoup plus d’émotions.

Et c’est pas grave si j’en perds le sommeil pendant trois nuits avant ! J’espère que je changerai pas trop, parce que j’ai pas envie d’un truc lisse.”


Remerciements : Melissa Promotion

Catégorie : Entretiens
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17 réactions »

  • j-radio « Мысли блогеров всего интернета :

    […] Agnes пишет: Et j‘ai toujours pas de label… » Comment fait-elle pour avoir un dossier de presse aussi conséquent pour de l’auto-production, et ne pas avoir de propositions des labels ? « C’est pas formaté pour les radios. Si t’as pas de radio, … […]

  • steflevrailunique :

    quand même, même si j’y suis habitué pour l’entendre 15 000 fois par jour, ce genre de phrase venant de l’artiste elle-même fait froid dans le dos:

    “c’est important, je suis en développement.”

    welcome to the future… brrr….

  • cyril :

    ouais..”les grands” s’intéressent à moi par ce que je suis bonne..mes morceaux sont extras… le melon!

  • steflevrailuniq :

    ouuuuh le jaloux

    :p

  • Agnes (author) :

    Elle etait vraiment sincere, elle se cache pas derriere des phrases toutes faites. Ca change vraiment.
    Et si tu crois pas en ce que tu fais un minimum, autant tout arreter a l’instant!
    Moi je suis d’accord avec Stef, Cyril : t’es jaloux !!

  • Petrusmok :

    Au lieu de raconter n’importe quoi Mr Ciryl, met tes chaussures et va la voir en concert…
    Tu verras que non seulement elle est sincère, mais aussi super doué musicalement, et intelligente.
    Ca se calcul pas, ça se voit. Y’a des gens comme ça, ils ont la classe, point.

  • Le Transistor » 2010 : musique et découvertes :

    […] Bewitched Hands Lilly Wood and The Prick Gush Puggy Roken Is Dodelijk Le Prince Miiaou FM Belfast baden baden La Maison […]

  • stef :

    slt!j ai vu ton concert il y a 3 semaines environ,c etait au bord d un etang pres d angouleme;j ai adore,un pur bonheur aussi bien la musique,ta voix (j aime bien les textes en francais)ta sensibilite qu on rescent lorsque tu es sur scene,ton energie…en plus tu es sacrement jolie.merci pour ce moment de bonheur que je suis pas pret d oublier.bravo a tout le groupe,vivement le prochain concert.

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