Matt Berninger et RonBoy à l’Elysée Montmartre

Matt Berninger, le leader charismatique de The National, était de passage à Paris pour défendre son deuxième album solo, Get Sunk, paru au printemps dernier. La salle est composée d’un public à son image, majoritairement masculin, la cinquantaine élégante et surtout prêt à se laisser bousculer par des émotions intenses. En première partie, Julia Laws, alias RonBoy, qui apparaît sur le premier album.

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RonBoy

Face à des guitares saturées et une batterie déchaînée, RonBoy a au premier abord l’air toute fragile, mais son énergie est bien réelle. Le temps d’un morceau en guitare-voix, elle va avoir la force d’exposer toute sa sensibilité en nous parlant d’’amour inconditionnel. La pause sera néanmoins de courte durée car le groupe repart en tempête, batterie rageuse et lumières rouges à l’appui.

Après ‘Wake Up’, la chanteuse souligne : “We got a lot of fun on the road with Matt Berninger”, pour souligner la complicité qui les lie. Ce lien se concrétise lorsque Matt en personne monte sur scène, pour jouer ‘Disaster’, le single qu’ils ont sorti ensemble il y a quelques semaines à peine. A la vue du chanteur, la foule explose, euphorique. Après quoi, il retourne en coulisse et Ronboy conclut avec un dernier titre plus punk.

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Matt Berninger

Matt Berninger fait son entrée au son de ‘Sexy Boy’ de Air, comme un clin d’oeil à notre patrie. Il explique, pince-sans-rire : “I’m Matt Berninger by the way”, comme si quelqu’un pouvait en douter. Dès l’ouverture sur ‘No Love’ et ‘Frozen Orange’, la salle s’embrase, car un chanteur, entier, est déjà totalement investi.

Les temps forts s’enchaînent : ‘Breaking Into Acting’, une valse qui rappelle les débuts de The National, suivi de ‘Distant Axis’, co-écrit avec Walter Martin, de The Walkmen. Matt Berninger aime à rappeler que c’est en première partie du groupe de rock new-yorkais qu’ils ont tout appris.

RonBoy revient sur scène pour ‘Silver Springs’, et clairement leur duo fonctionne, leurs voix s’entremêlent en harmonie. Matt Berninger se raconte, plaisantant entre deux morceaux, jonglant entre gravité et autodérision. Il propose aussi de nouvelles chansons, comme ‘Black Letter Font’ et ‘Why Don’t Nobody Love Me?’ (Sufjan Stevens sort de ce corps !) ou des anciennes écrites avec son groupe de lycée comme ‘Little By Little’.

En intro de la bouleversante ‘Nowhere Special’, il rassure le public : “je ne crie pas sur les musiciens, je ne ferais jamais ça”. C’est à ce moment-là qu’on réalise que certes, le public est là comme à chaque concert pour lui servir de psy, mais en même temps l’intensité de sa performance nous permet de nous décharger.

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Matt Berninger enchaîne avec ‘One More Second’, qui apporte son lot d’émotions tumultueuses, et où la voix de RonBoy vient adoucir les angles. La fin du concert approche, le chanteur propose une chanson de son “groupe préféré”, ce sera ‘Gospel’, parue sur l’album Boxer de The National. Puis il dédie ‘Terrible Love’ à Ben Lanz, membre du groupe qui est venu le voir ce soir dans l’assistance, “It takes an océan not to break”…

Pour le rappel, le chanteur choisit une chanson intitulée ‘Times of Difficulty‘, “Which is a fucking understatement”, souligne-t-il. Cette remarque soulage tous ceux qui s’inquiétaient de ne pas l’entendre parler de politique ce soir. Puis il surprend tout le monde avec une reprise de New Order sur ‘Blue Monday’, et une invitation à le rejoindre dans le tourbus après le concert. Si le public est circonspect, cette invitation semble probablement née de la frustration du chanteur, privé de sa traditionnelle descente dans la fosse.

Le concert était pourtant à la hauteur des espoirs des fans : à la fois fragile et plein de tensions, entre chaos maîtrisés et moments de grâce. Le public parisien repart en ayant eu le sentiment d’avoir partagé quelque chose de profondément humain.

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Réclame

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