Entretien avec la famille Moriarty

Moriarty s’est fait attendre… La famille est partie à l’autre bout du monde, et quand ils sont revenus, les Français les ont accueillis comme le fils prodigue. Dans leurs bagages, un nouvel album, The Missing Room. Profitant de leur passage aux Solidays, le Transistor a rencontré Arthur, Charles et Vincent Moriarty.

Moriarty

The Missing Room est un album assez sombre de par ses thèmes. « C’est des contrastes et des histoires très fortes. C’est pas un livre mais un album d’histoires. On raconte des histoires dramatiques… peut-être dans les deux sens, le sens américain et le sens français. Ca pourrait peut-être être un genre, comme au cinéma, un drame comique… ou un drame dramatique. Y’a rien de ce qu’on fait qui est théorique et pensé à l’avance. Tout arrive et on peut le justifier… ou pas ! Mais y’a rien qui est programmé. On est très intuitif. »

Sur ce nouvel album, on ressent une influence asiatique. « Avant d’enregistrer l’album on a tournée deux fois au Japon, en Inde aussi, et on a fait un concert à Hong-Kong, à Taiwan, c’est vrai que ces voyages-là nous ont beaucoup marqués. Surtout Stéphane, notre bassiste, qui a fait l’Artwork. » Ces voyages ont donné naissance à la chanson 8 – qui porte un idéogramme. « Y’a une atmosphère de film noir. Comme par exemple Le Secret Derrière la Porte qui pourrait raconter l’histoire de cette piste. La numéro 8 c’est un peu la Missing Room, c’est un espace vacant qui manque… D’ailleurs c’est ce que signifie l’idéogramme japonais : l’espace entre deux notes, entre deux sons, une césure ou un soupir. C’est aussi cet espace dans une pièce qu’il faut laisser vide pour que s’immisce l’éternité. »

Les textes racontent beaucoup de femmes. « C’est pas forcément conscient. On part avec une cinquantaine de pistes et celles qui sont arrivées au bout c’est ces histoires-là. Mais ça aurait pu être des histoires d’hommes. C’est vrai que Rosemary a besoin, pour chanter les chansons, pour les interpréter, d’incarner les personnages, de comprendre bien l’histoire, et que ça lui parle. Il faut qu’elle soit vraiment touchée par le texte. C’est sûr que c’est des femmes puissantes, à la fois délaissées, vengeresses, blessées, et c’est sûr que Rosemary a vécu toutes ces choses là. Et c’est pour ça qu’elle a choisi ces textes-là pour en faire des chansons. »
Les frères Moriarty expliquent leur procédé d’écriture de texte. « Ce qui se passe c’est qu’on écrit des textes, et puis ensuite Rosemary a un carnet – qu’elle perd tout le temps de toute façon-, et elle choisit parmi tous les textes qui sont proposés. Elle a arrêté son choix et a aimé ces textes là. C’est pas un hasard, c’est un tri, c’est comme un montage. Elle les incarne, mais sûrement parce qu’elle en avait beaucoup besoin de ces personnages. Mais on s’est dit que c’était un peu trop d’ailleurs, un peu trop d’histoires de femmes, donc fallait faire des choses différemment maintenant. Donc le prochain disque sera instrumental et elle jouera d’un instrument. Parce que déjà sur scène elle joue de la guitare, de l’harmonium… »

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En effet, Moriarty est libre maintenant, puisqu’ils ont monté leur propre label Air Rytmo. « On est resté douze ans entre nous, à jouer juste pour nous, de façon assez simple. On a fait une petite parenthèse de trois-quatre ans avec un label pour le premier album. C’était génial pour nous parce que ça nous a mis le pied à l’étrier et ça nous a appris beaucoup de choses mais… au final, on s’est rendu compte qu’en terme d’esprit de travail, de rythme de travail –on est très lents -, y’a plein de choses qui collaient pas et c’était pas naturel. Ca nous correspond plus d’être en indépendant. »

La famille ne voulait de personne pour entraver leur processus créatif. « Cet album s’est fait assez librement, il y avait une liberté artistique. C’est Vincent, notre batteur et contrebassiste, qui a produit l’album et c’est vrai que c’était détendu : y’avait pas le stress du bouton rouge quand on enregistrait. C’était réellement comme quand on répétait entre nous, on était très près les uns des autres, en cercle… donc très relax. »
Et même si la liberté a un prix… « On s’est rendu compte aussi que c’est beaucoup de boulot et que ça devient très vite bureaucratique. Vincent qui a réalisé le disque n’a pas encore fini d’être payé. Et c’est bien de s’en rendre compte aussi au lieu de se plaindre des maisons de disque, l’écueil est vite arrivé, faut faire attention. » … leur indépendance leur ouvre des possibilités. « C’est à la fois artistique et un cadre de travail… Si on veut faire un album en tissu, comme on l’a fait, qui coute trois fois plus cher qu’un disque normal à produire, c’est des choses qu’un label est réticent à faire. Et puis ce qui est extraordinaire, c’est que si en 2012 on veut faire 3 disques on peut, si on veut faire un disque de musique uniquement instrumentale, on peut… c’est assez excitant – ça ouvre l’imaginaire ! On est plus enfant, c’est à nous de décider. Peut-être le prochain disque sera fait en lavande ! »

Réclame

Moriarty vient de sortir The Missing Room chez Air Rytmo. La famille Moriarty sera en concert au festival du Bout du Monde, au Brussels Summer festival, à Massy le 30 novembre, le 6 décembre à la Cigale, et le 8 mars à la Cité de la Musique.
Moriarty au Trianon
Moriarty aux Eurocks


Remerciements : Jérémy Spellanzon

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