Printemps de Bourges 2016 – coups de coeur Inouïs

La sélection des Inouïs du Printemps de Bourges était cette année excellente. Les deux gagnants sont le radical projet Fisbach en chanson pour le prix du printemps et les jouvenceaux de Nusky & Vaaty en hip-hop pour le prix du jury. Mais pour le Transistor la révélation s’est faite sur d’autres sets : Louis Aguilar et sa capacité à émouvoir, I Am Stramgram et sa capacité à faire rêver, Cockpit et leur capacité à faire crisser les guitares, enfin Palatine et leur capacité à transporter.

Louis Aguilar

C’était notre favori dans les finalistes des inRocKs Lab et la sélection rock des Inouïs. Et dès que Louis Aguilar commence à chanter, sa voix profonde confirme tous les espoirs. Du haut de ses 25 ans, le Lillois semble avoir vu autant de pays que ce vieux loup de mer de Seasick Steve ! Ses bras, aussi fleuris de tatouage que sa chemise semblent vouloir en attester.

De déclaration d’amour en coeurs et rêves brisés, on se laisse porter par ses tournures de phrases qui ont clairement été maintes fois peaufinées. Des frissons traversent la foule sur ‘When I’m gone‘ et les hanches se prélassent sur le rythme envoûtant de la batterie. Louis Aguilar scrute la foule, cherche à la lire… mais il ne semble pas dans son assiette : est-ce parce que les balances ont dû été faites sans basse – car cassée dans le transport ?

Le fait est qu’il ne sort qu’une seule vanne, alors que justement l’enchaînement de blagues et de chansons profondes participer à créer cette ambiance si particulière. Du coup, le public est moins sensible à ses émois et ne reprend pas la pourtant si envoûtante ‘Kill Me Tonight‘.

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I Am stramgram

Au début, Vince officiait dans My anT. Puis ses faces B ont pris le dessus, et le musicien décida de se consacrer à son projet solo, I Am Stramgram. Grand bien lui a pris (à part le nom du groupe) car il vient de remporter le prix Ricard SA Live Music et se retrouve dans la sélection des Inouïs. Pourtant quand on écoute son EP, Patchworkitsch Triptyque, sa folk est on-ne-peut-plus passe partout. En live par contre, il est saisissant !

Sur scène, la construction des boucles parvient à créer une atmosphère un peu magique. Accompagné d’un batteur anonyme derrière un masque de dinosaure, le musicien n’arrive pas à assumer sa jolie pop et cherche à se moquer de ses compositions délicates. Mais il ne trompe personne car après avoir remercié “le printemps de Bourges, les petits chats ma maman et Pierre Gattaz”, il se lance dans le récit du livre qui a inspiré sa prochaine chanson, Karoo de Steve Tesich. Vince est bel et bien un passionné.

Certes I Am Stramgram est charismatique, mais au-delà de ce talent pour captiver, il parvient à communiquer ses émotions comme rarement vu. Ajoutez à cela des choeurs qui reviennent vous hanter (plus que les mélodies qui ne laissent aucune trace), une belle puissance, et une electricité (malgré la guitare acoustique). Mais surtout cette envie qu’il dégage de faire bouger les choses – et qui donne envie d’y croire.

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Cockpit

Annoncés partout par Arthur de JC Satan, Cockpit a ainsi pu attirer tous les fans qui les avaient découverts sur cette même scène il y a quelques années. Dans une sélection rock, souvent un peu conventionnelle, leur mur du son détonnait un peu. D’ailleurs une fois le premier morceau finit, le chanteur balance “il reste encore 6 parpaings”. Pour ceux qui avaient oublié leurs bouchons d’oreille c’est le signal pour quitter la salle… et pour les premiers rangs formes de jeunes curieux c’est l’occasion de s’essayer timidement aux pogos.

C’est bientôt un petit carnage sur scène, mais avec un joli échange de voix. Car ça beugle mais ça chante aussi parfois. Cela dit, la plupart du temps, le chant est livré comme pour se débarrasser de tout l’air dans les poumons. A en tomber à genoux pour la dernière. On note au passage une belle maîtrise de la douze cordes, avec l’énigmatique “FIN” au Scotch…
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Palatine

Pour ouvrir le set de la sélection chanson des Inouïs, c’était Palatine, qui vient de remporter le Prix du festival Chorus. A part cette distinction, on ne connaît rien de cette jeune formation parisienne. D’une voix fragile sur arrangements orchestral, Vincent s’ingénie à conter les fleurs des sous bois sur une contrebasse qui mine de rien donné envie de danser.

Langoureusement d’abord, Palatine nous entraîne d’un chant qui se déchire légèrement sous l’impulsion d’une cavalcade bientôt transformée en valse brisée. Les choeurs se font ensuite tribaux pour redonner du courage aux chevaux et repartir ! Maintenant qu’il a l’attention du public, le chanteur pose le décor de manière cinématographique pour ‘Bâton-Rouge’. Et dans cette narration prenante, on reconnaît un savoir-faire de la chanson rock québécoise. En prime, Palatine arrive avec une facilité désarmante à nous faire visualiser les paysages qu’ils dépeignent si bien.

“Tout va très vite ici, c’est notre dernière chanson” annonce le chanteur qui fait les cents pas mais de manière apaisée. De même, sa voix tremble légèrement mais sa position, main posée à plat sur le torse lui donne un air serein. Et c’est justement ce mélange d’urgence et de calme qui fascine… pour qu’à l’apparition impromptue des choeurs saccadés, les frissons surviennent. Choeurs qu’on a bientôt envie de reprendre mais on n’ose briser l’équilibre fragile.
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Lire l’interview de Palatine


Remerciements : Delphine Caurette

Catégorie : A la une, Concerts
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