Entretien avec Ropoporose

Derrière ce nom un peu étrange, Ropoporose, se cachent un frère, Romain, et une sœur, Pauline. A eux deux – c’est la blague – ils n’ont pas encore 40 ans, mais ils ont déjà un album, Elephant Love, et une bonne dose concerts à leur actif. Le Transistor, amoureux de ce premier essai et de leur performance à Petit Bain, a profité d’un passage au Printemps de Bourges pour discuter un peu de leurs projets, de leurs collaborations, et de leurs idoles…

Ropoporose

Pour Ropoporose, tout a commencé quand les frangins ont tenté de faire une reprise de Girls. Attention, question références, Romain est limite susceptible ! « Je t’en veux pas de pas aimer ce que fait Christopher Owens, je pourrais… mais je suis dans un bon jour. C’est hyper cucul la praline ce qu’il fait maintenant mais c’est génial. » (rires)

Pour beaucoup, la surprise, c’est qu’un frère et une sœur ne s’étripent pas en groupe. « On s’est toujours bien entendu, même si on a des caractères différents, mais créativement on a les mêmes aspirations et la même manière d’interpréter les choses je pense. Peut-être que c’est quelque chose qui disparaitra à un moment donné mais la question se pose pas trop en fait. Quelque part, on se dit qu’on a de la chance.
Pauline : A force d’avoir des remarques à ce sujet, on se dit qu’heureusement qu’il y a pas trop de groupes de frères et sœurs parce qu’apparemment il y aurait des fratricides tout le temps!
Romain : Je dis pas qu’il est pas arrivé que des baguettes volent un petit peu dans la pièce de répétition… Mais bon c’est pas vraiment dangereux !
Pauline : Enfin ça dépend de la vitesse, et puis de la baguette aussi ! Si elle est un peu cassée… » (rires)

Leur premier album, Elephant Love, ils l’ont enregistré avec Lionel Laquerrièreun collaborateur de Yann Tiersen – à l’été 2013. « On voulait faire une photographie parce qu’au bout d’un an on avait déjà fait pas mal de concerts avec des belles rencontres. Pour nous, c’était pas la peine d’attendre parce qu’on avait déjà dix chansons. Et puis on avait peur de les oublier ou de plus vouloir les faire puisque de fait on aurait évolué. Donc on a bossé ces chansons pour en donner le meilleur et pouvoir passer à autre chose.
Pauline : Par contre ce qu’on avait pas anticipé, c’est ce temps de latence jusqu’à la sortie de l’album. Donc là on joue des morceaux qui ont pour certains deux ans et demi. Le travail a été, une fois qu’on l’a réalisé, de pas les laisser vieillir, de les garder fraiches en les re-arrangeant un peu.
Romain : Et de pas trop se monter la tête sur de nouveaux morceaux par exemple. Mais au final, on est assez sains d’esprit par rapport à tout ça. »

Cependant, Ropoporose travaille déjà sur un nouvel EP, avec Funken. « Les nouveaux morceaux n’auront pas forcément la même identité : on a envie de partir vers des choses peut-être un peu plus noise.
Pauline : Les paroles aussi ont évolué, parce que c’est en fonction de mon niveau d’anglais, donc là je commence à dire des trucs. (rires)
Romain : Bon, on reste assez influençables aussi ! C’est cool pour nous de pouvoir enregistrer avec des gens comme Funken, Piano-Chat ou Pneu, des artistes qu’on écoutait avant de les rencontrer. Et du coup, on aime bien faire un peu caméléon… Donc là on va sortir des chansons qui seront un peu plus rigolotes, alors qu’on a des intentions qui peuvent être un peu dark sur d’autres compos.
Pauline : Ca dépend ce qu’on envisage, et de ceux avec qui on travaille. Mais je trouve que c’est une qualité sympa, de pouvoir faire un peu de tout. »

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Au fur et à mesure des tournées et des rencontres, le son de Ropoporose évolue.
Romain : Des fois, ça fait que c’est pas très homogène. Mais les groupes qu’on préfère n’ont jamais eu les mêmes intentions d’un album à l’autre. Comme Yo La Tengo par exemple, ou Blonde Redhead… ou Pulp !
Pauline : Arrête avec Pulp ! Il a découvert ce groupe y a une semaine, depuis il écoute que ça !
Romain : Il est super drôle, Jarvis Cocker ! Après je comprends rien à l’anglais, mais moi c’est ses mimiques qui me font rire !
Pauline : Je pense qu’on écoute pas mal de truc mais que ces influences se retrouvent pas forcément dans notre musique. Et d’ici quelques années -si on est encore là-, on fera plein de choses différentes, par rapport à ce qu’on aura glané en cours de route. Mais malgré tout, on garde quand même une ligne éditoriale dans nos têtes. » (rires)

Comme Ropoporose ne sont que deux, les méthodes de composition sont semées d’embûches. « C’est assez anarchique, parce qu’on crée comme une bibliothèque de sons, de mélodies ou d’arrangement. Après six mois, on les réécoute et on voit s’ils ont pas trop vieilli. Des fois, on a juste 20 secondes sympa. Du coup c’est un peu le bordel.
Pauline : C’est parce qu’on compose sur le principe de la pédale Loop Station, ce qui fait qu’on enregistre au fur et à mesure. Du coup, il y a plein de morceaux qu’on a jamais pu faire alors qu’on avait l’idée en tête.
Romain : Après l’histoire, c’est qu’on construit les morceaux pour pouvoir les jouer en live. Enfin c’est une intention qui pourrait changer aussi peut-être…
Pauline : Non !
Romain : Ouais, non. Mais du coup, les structures de morceaux sont similaires, parce qu’on peut que faire rentrer les instruments un à un, puisqu’on sample jamais. Donc c’est une contrainte avec laquelle il faut composer aussi… Mais on résiste !
Pauline : Il faut qu’on garde ce principe, même si je trouve qu’il marche pas trop : il nous cloisonne un peu mais moi j’aime bien essayer de le dépasser, c’est aussi une manière d’avancer. »

Si ces contraintes développent leur créativité, les frangins restent ouverts quant à l’avenir de Ropoporose. « Le jour où ça stagnera, on partira de fait vers d’autres horizons je pense.
Pauline : Rien n’empêche entre temps d’essayer d’autres choses. L’an prochain je serai à Tours et je pense que je vais me faire assez plaisir à jouer avec plein de gens. Parce que mine de rien j’ai toujours joué qu’avec Romain ! Et je pense que ça me manque de pouvoir jouer avec des gens sans avoir besoin forcément d’enregistrer tout, ça permet d’être vachement plus libre. Mais c’est cool, j’aime bien aussi Ropoporose, t’inquiète.
Romain : Peut-être qu’on envisagera aussi Ropoporose avec d’autres gens dedans mais ça me paraitrait zarbi.
Pauline : Non, j’aime pas trop.
Romain : Oui, faudrait envisager autre chose dans ce cas-là…
Car dans quelques semaines, Pauline va passer son bac L, donc l’année elle entrera à la fac à Tours.
Pauline : Oui, c’est l’année de l’album donc on tourne un peu, mais ça va je serai là pour le bac. Ca va le faire.
Romain : Ca va, on fait pas non plus 300 dates par an ! Popo rate un peu des cours en fin de semaine, mais il y a plus de cours que de concerts encore. On est sur une balance négative pour l’instant.
Pauline : Je révise dans le van, ya pas le choix.

Réclame

Elephant Love, le premier album de Ropoporose, est paru chez Yotanka
Ropoporose sera en concert à la Ferme Electrique le premier week-end de juillet !


Remerciements : J-Philippe [Martingale] et Pauline [La Cadence]

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