Puts Marie et Ropoporose au Point Ephémère

Pour la quatrième fois cette année, Le Transistor va voir Ropoporose… Mais ce n’est pas seulement un coup de cœur, car ce concert au Point Ephémère était aussi l’occasion de découvrir le groupe suisse dont on a le plus parlé cet été. De loin leurs aînés, les Puts Marie se sont donné le temps d’explorer d’autres mondes afin de revenir plus déterminés que jamais. Cette méthode leur a réussi, puisque leurs deux EP Masoch I-II sont des exemples impressionnants de diversité musicale comme d’intensité artistique.

Ropoporose

Le jeune duo de frangins fait une timide entrée sur scène. La voix d’ange de Pauline s’élève sur la douce intro de ‘Day of May‘, bientôt taquinée par une guitare espiègle qui soudainement vire à l’orage. Cette voix si fragile, comme une offrande de sa jeunesse, alliée à des riffs entêtants et un déferlement de toms, finit par convaincre le public au début impassible. C’est comme si on assistait à une bagarre fraternelle entre riffs et batterie, où le grand frère derrière ses fûts finit par laisser gagner sa cadette.

Devant la ferveur du public, leurs remerciements sont très polis, ils sont décidément très bien élevés ces jeunes gens ! Trêve de courtoisie, la voix de Pauline se fait bientôt aliénante sur la lente et prenante ‘Elephant Love’. On se retrouve même à retenir notre souffle jusqu’à la dernière note de ‘Consolation‘, pour mieux reprendre en choeur ‘Empty Headed’. Et s’ils ne sont pas encore à l’aise face au public, ils savent garder le sens de l’humour lorsqu’ils se plantent. A suivre, toujours. A écouter, encore.
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Puts Marie


Sur de jolies lignes de basse, une voix très affectée prend le relais. Un air de défi dans le regard, le chanteur commence sa narration. Max Usata affiche une attitude digne des cabarets, créant une ambiance à la fois grandiloquente et intimiste. Ainsi entre deux gorgées de vin rouge, il annonce qu’il est temps de profiter du seul solo de guitare de Sirup Gagavil sur ‘Obituaries‘. Leur musique révèle alors son côté soul pour plonger la salle dans une émotion difficilement retenue.

Puts Marie a un sens du drame, un peu comme à l’opéra mais version punk. Et quand le point culminant arrive en vue, aucune explosion ne perce l’abcès, car la voix grave vient reprendre le fil avec énormément de délicatesse. Sur ‘All Your Am I‘, on sent les cordes de guitares prêtent à sauter sous la pression, tandis que la batterie est en pleine danse macabre. Bientôt le rythme ploie sous la tension, et Max disparaît, laissant une plage abandonnée.

Mais le morceau n’est pas fini… et c’est là que le bât blesse : la voix suraiguë vient surpiquer une fin fracassante. On est en pleine surenchère. Par la suite “Tell Her To Come on Home“, Max tire un peu trop sur ses cordes vocales, mais ça ne l’empêche pas d’aller chercher encore plus fort, encore plus loin, même sur un blues qui pourrait apaiser la douleur.

Après le blues, place au jazz avec ‘Sugar Run’, pour une atmosphère inspirée de Philadelphie dans les années 50. Mais la voix de Max commence à taper sur le système, et ce même sur leur excellent ‘Porn Star’, criant de rap 90s. Et quand enfin arrive le moment le plus Rage Against The Machine qu’on attendait tous, ‘It’s in the House, It is in My Motherfucker Mouth‘, on se dit que le dantesque est surdosé. Certes Puts Marie donne tout, mais on se sent comme au lit avec un amant trop empressé, en train de faire mentalement la liste des courses à faire…

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Réclame

Masoch I-II, le premier album de Puts Marie, est paru chez Yotanka.
Birdbus, le nouvel EP de Ropoporose, est paru chez Yotanka.
Lire l’interview de Ropoporose
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Voir les photos de Puts Marie aux Vieilles Charrues
Lire le compte rendu du concert de Ropoporose à Petit Bain

Crédit photo : Sylvère H.


Remerciements : Vincent [Yotanka]

Catégorie : A la une, Concerts
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