NOS Primavera Sound 2015 – Samedi

Dernier jour du NOS Primavera Sound sous un soleil de plomb mais une belle brise marine pour rafraîchir tout le monde ! Installé sur la pelouse de l’idyllique scène de l’ATP, Le Transistor attend que la course commence. D’abord tranquillement avec le maître Thurston Moore de Sonic Youth, puis brusquement avec les délurées Babes In Toyland, doucement avec le songwriter Kevin Morby, délicatement avec le réssucité Damien Rice, énergiquement avec le professeur Dan Deacon, pour finir sur les innovants Health.

Thurston Moore

A la manière d’un carillon, l’introduction évanescente se lève avec le vent. Soudain, les accords nerveux de ‘Forevermore‘ débarquent pour s’engager dans un marathon. De petites broderies stridentes tentent de les perturber, mais jamais elles ne dévient de leur trajectoire rythmique. Pris dans une transe, Thurston Moore se met à sautiller lors d’une petite improvisation. Une fois le chant, clair et serein, revenu, le morceau s’arrête brutalement. Ce qui fait qu’au loin on peut entendre Afternoon‘ de Baxter Dury qui joue sur la grande scène NOS.

Thurston Moore et sa troupe nous mettent en garde “Don’t let the dark get to us” avec ‘Speak to the Wild‘. Dans cette ambiance lourde, les riffs de guitare se font presque mutins : le morceau semble suivre les évolutions de la gamme classique, et juste quand on pense avoir saisi le principe, tout part en vrille, et retombe le temps de trois notes effleurées. Et de repartir de plus belle !

L’histoire sans parole racontée par le solo épique de ‘Germs Burn‘, l’alternance entre ivresse d’accélérations et échappées bucoliques de ‘Turn On‘, les guitares acérées mais douces de ‘Cease Fire‘, et le concerto de distorsions mélodiques de ‘Grace Lake‘… Thurston Moore c’est la simplicité comme résultat de recherche approfondie. Edifiant !
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Babes in Toyland

Trois nanas viennent chausser les amplis du grand Thurston Moore. D’une toute petite voix, elles se présentent, et balancent leur gros son bien punk. Sur ‘Bruise Violet‘, la chanteuse Kat Bjelland tire sur ses cordes vocales, puis surprend avec des lalala très légers. S’ensuit ‘Spun’ qui peut se résumer à une lourde ligne de basse, et pourtant imprévisible.

Quelque part, on dirait qu’elles font ce qui leur passe par la tête, sans forcément se concerter. D’une danse tribale pas bien coordonnée ressort un esprit je-m’en-foutiste à l’énergie bien sympathique. Heureusement la batteuse, très solide, porte tout le projet à l’aide de rythmes très primaires mais efficaces.
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Kevin Morby

L’ancien bassiste des Woods est très excité d’être présent, il insiste et le répète. Et la douceur de sa voix, soutenue par une guitare rassurante mais décidée, fait qu’on se sent instantanément pris par ses compositions. Surtout à la manière qu’ont chacun des instruments à donner un argument pour emporter le morceau. Rapidement, la batterie persuade nos pieds de se mettre à danser.

Après la reprise de ‘I Hear You Calling’ par Bill Fay – dont le dernier album Who is the Sender est un petit bijou -, Kevin Morby enchaîne subtilement sur ‘Parade’, pour un final éclatant. A revoir sur un set plus long…
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Damien Rice

Attrapant le set de Damien Rice au vol, on se fait surprendre par la qualité de ses mélodies. Seul sur scène, il arrive grâce à ses loops à occuper tout l’espace, réussissant l’impensable avec une guitare acoustique. Non, il est clair que ce songwriter est plus qu’un artiste qui se repose sur un seul succès, ‘The Blower’s Daughter’ (mais si tu sais : « Can’t Take My Eyes… »). Au contraire, c’est ce succès qui l’a coupé dans son élan.

Le fait est qu’au lieu de se précipiter – comme il l’avait fait sur 9, paru juste aprèsO -, il a préféré attendre l’inspiration. Ça a pris le temps nécessaire, c’est-à-dire huit ans, mais son My Favorite Faded Fantasy est à la hauteur des attentes et espérances. On ne peut pas en dire autant de Death Cab For Cutie en face, qui depuis dix ans, essaie de copier leur album Plans qui les avait classés dans le top des charts en 2005… par peur de ne plus être aimé. Et dont le dernier Kintsugi semble réclamer de l’attention comme un ex délaissé.
YouTube Preview Image Damien Rice sera en concert aux Nuits de Fourvières le 18 juillet et le 20 juillet au Grand Rex
Lire le live report de Damien Rice au Chalet des Îles

Dan Deacon

“Il n’y a aucune d’étoile dans le ciel, mais c’est pas parce qu’on les voit pas qu’elles n’y sont pas ! Pointez votre doigt vers le ciel, pensez à quelqu’un à qui vous tenez et envoyez-lui un bisou. Maintenant voyons ce que vous êtes capable de donner sur le dancefloor”. Ainsi commence le set délirant de Dan Deacon – habillé d’un short rouge avec chaussettes assorties : la compétition de danse est lancée, le professeur de musique réclame un circle pit.

De là commence un sketch, parce que la ville de Porto a offert des plantes, ce qui fait que dans la fosse, les mecs dansent avec leur pot de fleur ! Mais le cours reprend, et bientôt on se retrouve à mettre un genou à terre pour danser comme dans Jurassic Parc sur ‘Learning to Relax‘ – en effet, se relaxer est la clé de la créativité selon son excellent dernier album Gliss Riffer. Tout le monde s’éclate, sauf le batteur, Jeremy, sous pression de gérer ce qu’un ordinateur a composé !

Pendant ce temps-là, Dan Deacon sautille pour motiver son batteur. Les compositions sont très intenses, mais ça ne se ressent pas car le tissage à la Philip Glass forme une bonne base dansante. Après avoir lancé un clin d’oeil à Shellac, formé par Steve Albini, qui joue en même temps, le professeur lance le débat comme quoi le copyright empêche la culture de se propager, puis repart dans le fameux ‘Feel The Lightning’ qui respire l’inspiration de The Go! Team.

Enfin, Dan Deacon remercie toute la planète, y compris le surmené Jeremy, et déclenche un feu d’artifice musical, dans une ambiance de fin du monde. Sur ce set très court, il aura encore réussi à concentrer toutes les énergies pour les transformer en ondes positives, fut-il obligé d’employer la voix de Daffy Duck pour parvenir à ses fins !
YouTube Preview Image Dan Deacon sera en concert à La Route du Rock et au Cabaret Vert
Lire le compte rendu du concert de Dan Deacon à la Maroquinerie pour le fireworks! festival

Health

Après le monstre marin Pharmakon, il est temps de voir ce qu’il est advenu de Health. Quand Le Transistor les avait rencontrés aux Eurockéennes, ce groupe donnait plus dans le hardcore mais jouaient à brouiller les codes, en affichant un joli logo acidulé. Depuis, les Californiens ont beaucoup changé, pour partir dans un trip beaucoup plus electro. Heureusement, le batteur et le clavier ont gardé toute la gestuelle metal ! Ce qui fait que pour cette fin de festival, on croise de tout, y compris des fans de Soulfly.

Sur l’injonction d’une voix survenue des profondeurs, la foule se met à danser, et le mélange étrange – entre clavier rock 80s et electro 90s, avec des déflagrations à la Converge – prend, voire nous tient en haleine. Leur avantage c’est qu’ils ne semblent rien s’interdire, et assument absolument tout. Et ce qui ressort, c’est une ambiance pop très séduisante, soutenue par une batterie fracassante. Galvanisant pour affronter la chaleur de la nuit !
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Remerciements : Aymeric [City Slang]

Catégorie : A la une, Reportages
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