Primavera Sound festival 2014 – vendredi

Deuxième journée du Primavera Sound festival, dans le magnifique Parc del Forum de Barcelone, au bord de la mer. On ira découvrir FKA Twigs qui s’annonce comme le trip-hop du futur, The National pour leur rock classieux, Lee Ranaldo, ex-Sonic Youth pour savoir ce que devient l’un des meilleurs gratteux de la planète, les Pixies pour massacrer ‘Where is My Mind’, Slint pour enfin voir les précurseurs du post-rock, The Growlers pour twister sur de la musique de jeunes, !!! (Chk Chk Chk) pour se ravitailler en énergie, et enfin Jagwar Ma qui promet un live électro-psyché dantesque au beau milieu de la nuit.

FKA Twigs

La jeune anglaise Tahliah Barnett aka FKA Twigs bénéficie déjà d’une bonne réputation. Même si son appellation trip-hop/R&B n’est pas forcément le style de prédilection de la maison, il était important de se faire une opinion en allant la découvrir en live. Et effectivement, sa prestation très minimaliste a le pouvoir de rapidement aggriper l’attention du public. Deux musiciens de part et d’autre de la scène s’occupent de l’accompagner, ou plutôt de créer un fond sonore électronique hyper éthéré. Dans la pénombre, FKA Twigs murmure plus qu’elle ne chante, semble en transe plus qu’elle ne danse. Une tension palpable se dégage de ses souffles haletants, comme sur le très beau ‘Water Me’. FKA Twigs devrait bientôt sortir son premier album : sans doute un ovni à suivre de près sur la planète trip-hop.
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The National

Sans conteste un des concerts phares de ce Primavera. Les Américains sont très attendus et la grande scène Sony est archi comble. Veste, cravate, barbe et lunettes : le leader Matt Berninger sait cultiver son image de dandy et il va immédiatement démontrer son impressionnante présence scénique. Sa voix grave et posée invite à un joli voyage de presque deux heures, constitué de langoureuses ballades se concluant souvent par de grosses guitares disto, comme le magnifique ‘Afraid of Everyone’, repris par tout le public. Quelques intervenants feront leur apparition, comme Justin Vernon, des formations Bon Iver et Volcano Choir (également programmés sur cette édition). Concert intense et beaux moments parfaitement orchestrés par un vrai leader charismatique.
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Lee Ranaldo & The Dust

Lee Ranaldo semble étrangement un peu mis à l’écart sur une petite scène excentrée du festival. D’ailleurs il n’y a pas foule au début du set d’un des plus grands guitaristes électrique actuel ! Beaucoup d’éléments rappellent les grandes heures de son ancien groupe Sonic Youth : le batteur Steve Shelley, l’éternel ampli au dessin de cible de Lee, et ses quelques coups d’archets parfois assénés à sa guitare. Mais dans cette formation, on tend plus vers du rock pop plutôt que vers la réelle expérimentation noise. En fait, les chansons de Lee Ranaldo sont plutôt sympas, ses prouesses guitaristiques sont toujours aussi bluffantes, mais on s’ennuie un peu, comme s’il manquait un ou deux ingrédients (Kim Gordon et Thurston Moore ?). Seuls les fans resteront jusqu’à la fin du set.

Pixies

Ici, rien de nouveau. Encore un long set, puissant, avec une énergie intacte après toutes ces années et un changement de bassiste. Une entrée en matière sur ‘Bone Machine’ puis ‘Wave of Mutilation’ et les aficionados sont déchaînés. Le tout récent ‘Bagboy’ fait son apparition entre les anciens titres ‘Gouge Away’ et ‘Caribou’ ; son refrain simple et efficace est repris en chœur par des dizaines de milliers de fans hurlants. Les morceaux phares comme ‘Here Comes The Man’ sont également de la fête ; et ‘Where Is My Mind’ est bien entendu gardé pour le final. Mais ce tube interplanétaire, pourtant intelligemment enchaîné après ‘Vamos’, est massacré par un Franck Black qui a l’air d’en avoir assez de se le coltiner. A moins qu’il ne fasse simplement un sale coup à ceux qui attendent uniquement ce morceau…
YouTube Preview Image Lire le live report des Pixies à l’Olympia

Slint

Il fallait aller voir les pionniers du post-rock, rares en live. Pour cette récente reformation live, la grande scène ATP est bien remplie… surtout des fans de la première heure d’après les clameurs jaillissant dès le premier arpège de chaque morceau puis du silence religieux qui s’en suit. Le public exulte tout de même à plusieurs reprises durant le magnifique titre ‘Washer’, véritable montagne russe oscillant entre moments apaisés et impressionnantes déflagrations sonores.
Le son est parfait, la scène est sombre, sans aucune déco, et les membres de ce groupe de vieux routiers ont vraiment le physique de l’emploi. Entre arpèges de guitares cristallines et riffs bien rugueux, le chant est rare et plus proche du parlé. Le concert peut paraître plutôt déroutant, surtout pour un non-ultra, mais Slint distille d’étranges sensations, proches de la nostalgie.
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The Growlers

Les Californiens brouillent visuellement les cartes car chaque membre affiche son propre style, entre garage, rockab, hippie…Ce sont des ingrédients qu’on retrouve dans leur musique et c’est peut-être pour cela qu’ils plaisent à un public de plus en plus large. Leurs nombreuses influences font mouche et les ovations fusent sur la petite scène Vice, copieusement garnie. Le set ne manque pas de charme, entre guitares surf fifties et claviers psychés ; des titres comme ‘Someday’ donnent même envie de twister. Mais le leader Brooks Nielsen ne met aucun effort dans son chant, et ne sait pas bouger… ou alors c’est son ébriété qui est à remettre en cause. Certes, on respecte cet élément de leur état d’esprit, mais ça devient lassant à la longue. Dommage.
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!!! (Chk Chk Chk)

Pour une soirée réussie, il faut convier les !!! (Chk Chk Chk). Pas étonnant que les Californiens écument les festivals depuis plus de dix ans vu la patate insufflée d’entrée de jeu, notamment grâce à leur chanteur Nic Offer, sorte de Pierre Richard funky. Fidèle à son polo et surtout à son short bleu, il court partout, s’agite dans tous les sens, et toutes les positions. Le titre ‘Get That Rhythm Right’, extrait du dernier album Thr!!!er, débute donc un set disco-funk-punk qui fait remuer le bassin. Certes, la recette est toujours la même et le niveau des compos n’atteindra sans doute jamais celui des défunts LCD Soundsystem, mais le spectacle offert par Nic et son groupe mérite qu’on s’y attarde.
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Jagwar Ma

Il est plus de trois heures du matin lorsque les premiers beats électroniques des Australiens résonnent dans l’amphithéâtre du Primavera, archi-comble. Près de vingt mille personnes attendaient impatiemment de groover sur l’électro-rock psyché de Jagwar Ma ; et personne ne sera déçu. Le planant premier titre ‘What Love’ fait déjà langoureusement headbanger le public. Puis le set évolue crescendo vers encore plus de puissance et de rugissements ultra-réverbérés de la part du chanteur Gabriel Winterfield, jusqu’à l’apogée, leur hymne ‘Come Save Me’. L’entêtante boucle synthétique transforme l’arène en nightclub : tout le monde danse et ça hurle à tout va.
Entre électro et rock psyché, Jagwar Ma ne choisit pas et mixe parfaitement le meilleur des deux mondes. A noter l’apparition de la batteuse de Warpaint sur les derniers titres.
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Remerciements : Aymeric (City Slang)

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