Primavera Sound festival 2014 – Jeudi

Après les averses diluviennes de la veille, le soleil se décide à pointer son nez pour cette première journée du Primavera Sound festival. On se prépare mentalement au périple de la journée : d’abord la folk de Midlake pour commencer à la cool, puis Pond pour se prendre une bonne dose de fuzz, Warpaint pour se mettre au parfum du look arty, Majical Cloudz pour voir un ovni intimiste, St-Vincent qui s’annonce comme un incontournable de cette édition, les imparables Queens of the Stone Age, Arcade Fire pour chanter sous les cotillons, et enfin Metronomy pour une berceuse avant d’aller dormir.

Midlake

Le soleil leur arrivant en pleine face, les Texans entrent en scène cachés derrière leurs Ray-Ban. ‘Ages’ et ‘This Weight’, deux des titres phares du dernier album Antiphon, entament un set montrant que la page de leur ancien chanteur a parfaitement été tournée. Mais l’ambiance de certains festivals ne sied guère à l’indie-rock aérienne, et même au cœur de la foule, on est perturbés par de nombreuses discussions d’un public parfois peu attentif. Heureusement, la folk devient parfois plus rugueuse et les guitares saturées désormais de plus en plus présentes, surmontent les bruits parasites, comme sur le magnifique ‘Roscoe’. On retournera plutôt les voir avec un public de fans, dans une salle à taille humaine.

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Pond

Pond est un des fers de lance du psyché-rock actuel ! Et les deflagrations de guitare wah-fuzz secouent rapidement les têtes dans le public, venu massivement sur une des petites scènes pour accueillir les Australiens. La comparaison avec Tame Impala est aisée car la moitié des membres fait aussi partie du projet de Kevin Parker. Mais Pond dégage davantage d’énergie, maîtrise mieux ses transitions, communique mieux avec le public, et visuellement, a moins l’air de débutants. Joseph Ryan y est pour beaucoup ne serait-ce que pour sa présence : il semble sorti tout droit du festival de Woodstock, surtout grâce à sa remarquable coupe afro. Le guitariste donne sa pleine mesure de guitar-hero en se tordant sur les arpèges de ‘Giant Tortoise’ ou de ‘Moth Wings’, des titres qui déchaînent enfin vraiment le public. Au vu de leur prestation scénique et de leurs compos, les jeunes Pond démontrent peut-être que le rock-psyché n’est pas qu’un effet de mode.

Lire le live report de Tame Impala au Eurockéennes

Warpaint

On retrouve avec plaisir Warpaint qui présente désormais leur deuxième album. Les quatre filles ont toujours attiré l’attention, que ce soit au niveau vestimentaire mais surtout capillaire, avec leurs chevelures colorées. Aujourd’hui on a le droit à du rose pour la bassiste Jenny Lee et du vert pour la chanteuse Emily. Mais même dénuées de ces arguments, les Californiennes ont une attitude bien à elles sur scène, assez nonchalante, voire je-m’en-foutiste. Mais leur paresse est relative : le magnétisme opère dès les premières notes et on est de suite happé par leur univers. Derrière elles, des images vaporeuses de visages féminins entremêlés ondulent lentement, reprenant l’artwork du dernier opus. Dans les dernières compositions, on retient ‘Keep It Healthy’, ‘Disco/Very’, ou ‘Love Is To Die’, d’envoûtants voyages murmurés. Pour clore leur set, Emily propose un hommage à David Bowie avec une langoureuse reprise de ‘Ashes to Ashes’. Un joli début de soirée hypnotisant.

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Majical Cloudz

Ce duo canadien semble à la fois étrange et totalement banal : le chanteur a l’air de sortir d’une réunion d’ingénieurs informaticiens, avec son t-shirt blanc et jean taille haute. Il est juste accompagné d’un claviériste au jeu extrêmement minimaliste et sombre. Il n’y a aucun décor spécifique et le jeu de scène est proche du néant. Mais comme quoi, ça ne servait à rien d’en faire trop car on est immédiatement happé par la pureté du chant et les envolées plaintives de magnifiques morceaux, simples, intimes, poétiques. Une espèce de nostalgie nous envahit, surtout sur le titre ‘Bugs Don’t Buzz’. Les auditeurs, venus en nombre, se taisent et s’imprègnent. L’espace d’un moment, on avait oublié qu’on était dans un évènement festif. Il faudra suivre ce groupe pour les revoir dans une petite salle parisienne.
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St. Vincent

Annie Clark alias St. Vincent entre en scène à petits pas comme une poupée, les yeux écarquillés, sur la rythmique électro et dansante du titre ‘Rattlesnake’. La chorégraphie est parfaite : Annie a un son de guitare très personnel, elle joue parfaitement la comédie, et elle est sublime. Sous une lumière mettant en valeur sa peau très pâle et ses cheveux platine, elle nous inflige avec trois fois rien son univers en pleine face. Après des envolées vocales haut perchées sur les magnifiques ‘Digital Witness’ ou ‘Cruel’, la poupée se mue rapidement en guitare-héroïne indé qui fait hurler son instrument, se tord dessus, joue en tapping à la manière d’un métalleux… Sa voix suave contrastant avec ses riffs métalliques. L’apogée du spectacle intervient avec le titre ‘Cheerleader’, qu’elle interprète juchée en haut d’un grand podium lumineux, telle une statue sur son piédestal. On vient sans doute de voir le show le plus particulier et le plus classieux de cette édition de Primavera.

Lire le live report de St. Vincent à l’Alhambra

Queens Of The Stone Age

Forcément, ce genre de rocker, ça ne fait rien comme tout le monde. Josh Homme arrive sur scène en clopant, sous des lights étrangement sombres par rapport à l’énergie envoyée d’emblée. Les deux premier titres de leur album culte ‘Songs for the Deaf’ sont joués d’entrée de jeu avec le fameux tube ‘No One Knows’ qui fait hurler les premiers rangs et promet un set dantesque.
Affichant un air détendu, le leader est assez bavard. Il plaisante pas mal avec son guitariste, enchaîne les cigarettes, sirotant même un whisky lors de l’instant tendresse joué au piano sur le titre ‘…Like Clockwork’. Il dit adorer la programmation variée du Primavera et être honoré d’être programmé juste entre St. Vincent et Arcade Fire. Josh serait-il devenu modeste ?!
Le groupe livre une heure et demie d’un show intense dont les titres ne sont pas forcément piochés parmi les tubes. ‘Little Sister’ puis ‘Go with the Flow’ sont néanmoins joués sur la fin pour déchaîner l’assemblée. Même sans forcer, QOTSA reste, comme à son habitude, assez énorme.

Arcade Fire

La foule est déjà très dense trente minutes avant le début du concert et reprend en chœur certains refrains des Canadiens, pour s’échauffer avant une des prestations les plus attendues du Primavera. Le groupe débute fort, sur le single du dernier album ‘Reflektor’. D’entrée de jeu, Win Butler vient saluer la foule en montant sur les barrières délimitant la fosse. Le leader semble possédé et ne cessera d’haranguer le public, conquis dès la première minute. Ca danse partout, les refrains les plus fameux des quatre albums sont davantage chantés par le public que par le groupe. Des personnages grimés en boules à facette apparaissent parfois au milieu du public et créent une sorte d’écho aux musiciens. La pression ne se relâche que très rarement, sur des morceaux plus sobres. Et finalement, le groupe compile ses morceaux les plus mythiques sur près de deux heures… Sans même faire l’impasse sur la chanson rock-latina ‘Tequila’ afin de s’adapter aux coutumes locales. L’explosion de cotillons finale sur ‘Here Comes the Night Time’ est une apothéose facile mais efficace. Le public cherchera à prolonger le concert en chantant bien après le départ du groupe.
A noter que chacune de leurs prestations diffère toujours de la précédente, que ce soit dans les surprises présentées ou dans l’ordre du set. Finalement, le seul problème ce soir serait leurs tenues de scène un peu trop Desigual, mais c’est sans doute encore une fois un clin d’œil au pays hôte…

Lire le live report d’Arcade Fire au pavillon Baltard

Metronomy

On connaît bien le quatuor anglais et leurs jolies mélodies jouées dans un décor de nuages rose bonbon, reprenant la pochette de leur dernier album Love Letters. On se souvient surtout de la léthargie de leur leader sur scène. On a un petit peu peur de s’endormir vu que le concert débute à plus de trois heures du matin. Mais la scène les accueillant est un amphithéâtre qui permet de s’asseoir… Leur setlist a un peu évolué depuis la date parisienne et le tube ‘Love Letters’ est enchaîné avec ‘The Look’ quasiment dès le début et forcément, les autres morceaux phares viendront ensuite se greffer au set. Finalement, l’arène – qui doit bien contenir quinze mille personnes – chantera et dansera jusqu’à 4h passées. On attend ‘The Bay’ puis, on file à la navette qui déverse la foule fourbue dans le centre-ville.
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Remerciements : Aymeric (City Slang)

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