Printemps de Bourges 2014 – Samedi

Dernier jour du Printemps de Bourges, Le Transistor a fait le plein ! Echauffement à l’Auditorium avec Denai Moore, puis début des hostilités avec le math-rock de Sarah W. Papsun, l’electro-rock de Breton, et l’electro-fantaisiste des Klaxons pour la Rock’n’Beat Party ; le tout en alternance avec le 22 qui affiche les perturbants Kadebostany et une soirée québécoise qui présente le talentueux Karim Ouellet, le jeune Peter Peter et les farfelus mais jouissifs Mister Valaire.

Denai Moore

On avait déjà croisé la jeune Anglo-jamaicaine au festival des inRocKs. A la Boule Noire, elle avait donné une touchante performance. Mais en ce début de soirée, sa timidité face à l’Auditorium semble la paralyser. Elle ne parvient pas à re-créer cette atmosphère intimiste, et l’alchimie n’opère pas. Voire, son nouveau morceau ‘Let Me Go’ verse dangereusement dans le larmoyant. Peut-être le plateau est-il trop large pour ses deux musiciens ? Le fait est que si elle semble toujours aussi sincère, elle ne renouvelle absolument pas la folk. Et malheureusement le public, poli, a l’air de sévèrement s’ennuyer.
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Sarah W. Papsun

Comme lors d’une certaine Gaîté Lyrique, les Sarah W. Papsun se retrouvent à ouvrir pour Breton. Et comme pour cet évènement il y a un an et demi, les Français ont retourné la salle. Depuis, les Sarah W. Papsun ont sorti leur premier album, Péplum, blindé de petits tubes math-rock résolument adaptés au dancefloor : si les structures sont complexes et élaborées, le résultat donne clairement envie de danser. Et même s’il est encore tôt sous le chapiteau du W, la foule s’approche et se laisse porter par ‘Lucky Like Stars’. On retrouve ainsi l’énergie des Team Ghost qui ouvraient eux aussi la Rock’n’Beat party l’année passée.

Pour l’occasion, les Sarah W. Papsun ressortent même d’anciens morceaux comme ‘Pay Try’ qui reçoit bientôt les acclamations de la foule. Leur jeu de scène a bien évolué, puisqu’ils n’hésitent pas maintenant à haranguer la foule et à faire des clins d’oeil à Nirvana en partant sur un dantesque ‘Territorial Pissing’. Néanmoins, on ne coupe pas à la tradition, puisque le set se finit encore et toujours avec le plus que prenant ‘Kids of Guerilla’ !
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Les Sarah W. Papsun seront au Rock dans Tous ses Etats, aux Solidays, au festival Terre du Son et plein d’autres festivals…
Lire l’interview des Sarah W. Papsun

Breton

Le public commence à s’impatienter, Breton monte sur scène, Roman Rappak lance un tonitruant “Are You ready” avant de faire brusquement basculer la foule, à l’aide du très dense ‘Got Well Soon’, dans une ambiance très club londonien. Le son se met à vriller sur un de leurs premiers singles ‘Edward the Confessor’, pris dans son élan, le batteur, se lève sur ‘302 Watchtower’, et la foule sursaute dès les premières notes du single ‘Envy’.

Les filles montent sur les épaules des garçons, et les acclamations fusent. Cependant, la rythmique du concert est un peu déséquilibrée… Les musiciens semblent rencontrer un problème vidéo, qu’ils essaient de corriger pendant que Roman remercie chaleureusement au public. Breton enchaîne sur ‘National Grid’, qui en ressort un peu bancal, mais c’était sans compter sur le plus urbain ‘Jostle’ qui remet tout le monde d’accord et permet même au set de partir en mode carnaval. Dans cette bonne humeur, Breton finit sur la puissante ’15 Minutes’, en toute simplicité.
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Lire l’interview de Breton

Karim ouellet

Le 22 a revêtu les couleurs du Québec pour ce samedi soir. C’est l’occasion de découvrir Karim Ouellet et sa pop colorée d’influences aussi diverses que ses origines. Le très bon guitariste ne regarde peut-être pas le public dans les yeux, mais il sait renverser soudainement la vapeur entre une chanson de rupture et des morceaux très festifs. Tiré à quatre épingles dans son costume, il interagit pourtant beaucoup avec la foule, lui soufflant les paroles pour qu’elle puisse l’accompagner. Cependant, on n’arrivera pas à effacer cette impression d’entendre Voulzy à chaque détour de refrain…
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Klaxons

La surprise de ce festival c’est bien les Klaxons, qu’on avait laissés sans un regret à leur ambitieux mais raté Surfing The Void. Or voilà que le trio a délaissé les lourdes guitares pour reprendre les légers claviers disco avec Love Frequency. Pour fêter ce nouvel album, les Anglais ne se privent pas de consacrer la presque intégralité de la setlist aux morceaux encore non-divulgués. Pari risqué ? Au contraire, puisque ces compositions se prêtent parfaitement à faire danser un chapiteau tel que le W.

Ce qui fait que le public peut reprendre le refrain de ‘There Is No Other Time’, qui se marie très bien avec ‘Gravity’s Rainbow’, leur tout premier single – même si la moitié de la salle était trop jeune à sa sortie pour s’en souvenir. Bientôt, les filles montent sur les épaules de garçons, et la foule explose de joie sur ‘Golden Skans’, sautille sur le presque kitch ‘Show Me A Miracle’, et se lâche sur ‘Invisble Forces’. Le final, sur le grandiloquent ‘Love Frequency’, enchaîné du psychopathe ‘Magick’, sera à peine gâché par leur lourd ‘Echoes’.
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Peter Peter

Suite de la soirée québécoise au 22 avec le très prometteur Peter Peter. Une voix très jeune sur une écriture très adolescente, bercée par un saxophone basse qui donne une teinte un peu dépassée à l’ensemble. Mais contre toute attente, le mélange ne détonne pas, car tout repose sur la poésie des textes. L’intensité se mêle tout doucement à la mélancolie sur ‘Les Chemins Etoilés’, et le chanteur se met à sautiller sur place sur le minuscule plateau. Les mots roulent et glissent sur sa guitare, puis il disparaît dans une brume toute romantique.
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Kadebostany

Le concept avait le mérite d’être original : ce groupe a inventé sa propre république. Que ça ne suive pas au niveau composition n’est qu’un détail, le projet attise la curiosité ! Sauf que les tenues militaires alliées à un chanteur qui joue les dictateurs n’est pas idéal pour mettre une foule en confiance. La chanteuse danse bien, mais le manipulateur aux machines fait un peu peur. Et à mesure que l’intensité monte, on sent un malaise s’installer dans le public… A chacun son histoire, mais celle-ci paraît un peu trop réelle.
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Misteur Valaire

Pour finir sur une note bien plus légère, les Misteur Valaire vont clore de leur belle énergie le bal québécois du 22. Si leur fiche wikipedia annonce electro-jazz, on sait qu’au final, seuls ces Canadiens savent faire cohabiter cuivre et hip-hop. Impossible de s’ennuyer à les voir ratisser toutes les influences possibles et imaginables, et on réalise à peine que la majorité des compositions sont entièrement instrumentales !

Sur une mise en scène méticuleuse mais fraîche, les cinq compères ont le sens du show : imaginez un second degré aiguisé sur un accent à couper le couteau… Le groupe va même jusqu’à prétexter un petit Balavoine pour descendre dans la fosse faire un câlin au public. La foule, en majorité composée de professionnels blasés, finit par danser : bel exploit !
YouTube Preview Image Lire l’interview des Misteur Valaire


Remerciements : Delphine et Pauline (elles se reconnaîtront)

Catégorie : A la une, Concerts
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Une réaction »

  • MaMA Event 2014 - Morceaux choisis (suite et fin) - Le Transistor | Le Transistor :

    […] Kadebostany conclut ces trois jours de concerts dans un Bus Palladium archi-comble. Les Suisses sont hyper attendus, surtout par les teenagers, présents en surnombre. Sous des néons et de grands drapeaux blancs, les membres du groupe entrent en scène tel un bataillon, en uniformes d’officiers, coupes de cheveux bien nettes et saluts militaires. La mise en scène évoque leur Etat imaginaire : La République de Kadebostany. Et ils nous entraînent derechef dans leur melting-pot improbable de fanfare balkanique, de guitare, de machines aux sonorités froides et de chant parfois aérien ou parfois rappé. La petite chanteuse Amina a l’air sur-vénère et le longiligne et moustachu Président Kadebostan évoque un Borat un peu moins funky. Le show a la patate surtout grace aux multiples solos de trombone et saxo quasi distos qui rendent le jeune public hystérique. Pas de repos, donc, mais certains moments sont plus cools comme la reprise du ‘Heroes’ de David Bowie ou sur l’intro de ‘Walking with a Ghost’, joli moment de respiration pianistique et mélancolique, vite interrompu par l’arrivée des cuivres puis d’Amina qui rappe comme Missy Elliott. Pour conclure, le groupe enchaîne le lancinant tube ‘Castle in the Snow’ et leur puissant hymne national. C’était la guerre, mais bon enfant. Lire le live report de Kadebostany au Printemps de Bourges […]

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