Entretien avec Hyphen Hyphen

Alors que Le Transistor profitait du sud lors du festival Marsatac, on en a profité pour rencontrer Hyphen Hyphen, le groupe niçois qui défraye la chronique ! Donc on s’est posé avec les quatre jeunes gens qui viennent à peine d’avoir 20 ans, mais savent déjà très bien où il vont !

Hyphen Hyphen

On démarre de plain pied avec Santa qui raconte la soirée qu’ils viennent de passer. « C’était la pire soirée de notre vie. Pour la première fois, on a passé la soirée chacun de notre côté et deux d’entre nous ont fini aux urgences, un autre s’est rétamé à vélo et est resté dehors sur le gravier, le dernier, on lui a glissé un truc dans son verre à son insu. » Pour eux, cette soirée est un signe : ils ne doivent plus jamais se séparer. « Ca fait quasiment 2 ans qu’on passe toutes nos soirées ensemble. Tout nous arrive mais au moins on est ensemble. Et c’est fun. Là on était tout seul, on savait pas quoi faire. Dans les quatre fantastiques, c’est comme ça que le méchant s’y prend, il les sépare ! »

Entretien avec Hyphen Hyphen

Entretien avec Hyphen Hyphen

Ces histoires survoltées correspondent bien à l’image qu’on se fait d’Hyphen Hyphen quand on les voit sur scène. « Les costumes c’est juste pour accentuer l’effet. Mais l’esthétique scénique c’est aussi pour amplifier l’état dans lequel on est naturellement, donc cette hystérie collective. Ce côté tribu, meute, et puis le côté un peu guerrier, l’attaque. » Si leurs costumes leur donnent un look guerrier, ils restent glamour, accumulant paillettes et plumes. « On va pas s’habiller comme des sacs non plus ! Y’en a tellement qui s’habillent normalement, on veut se démarquer à tout prix. Ca crée un impact. Et puis on part d’un truc pas du tout réel. Le message, le sens, le fil du concert c’est un truc plus proche de la mythologie. »

Sur scène, leur costumes leurs permettent de recréer cet univers onirique. « Plus l’image colle à cette utopie, plus on est heureux. Mais on est en train de retravailler justement les costumes avec pas mal d’étudiants des Beaux-Arts, dont nous en l’occurence. » Cela dit, ces costumes ne sont pas le résultat de leur choix d’études. « Au contraire, les Beaux-Arts ça te renferme dans une esthétique conceptuelle. Ca te castre un peu. On a été très déçu justement de cet enseignement. Ils refusent tout autre concept que les leurs. Et du coup, ça devient presque décadent. » La musique est donc un moyen d’exprimer leur créativité. « On a voulu sortir de ce carcan le plus vite possible pour recréer ce qu’on voulait et pas ce que les gens voulaient que l’on pense. On est ravis d’avoir au moins un support tel que la musique sur lequel travailler. Plutôt que sur une concordance d’idées reçues… »

Même s’ils semblent sûr d’eux et de leur projet, les Hyphen Hyphen restent très exigeants envers eux-mêmes. « Avant qu’on prenne la grosse tête, il en faudra du temps. On est jamais satisfaits : on vise le mieux et pour l’instant on y est pas encore. » D’ailleurs, ils ne sont plus en accord avec leur premier EP, Chewbacca I’m Your Mother, sorti il y a à peine huit mois. « Ce qui arrive est bien mieux, c’est encore plus étonnant. On enregistre le deuxième, il sort début 2012 au grand public. On a hâte de le faire écouter parce qu’on est dessus depuis un mois et demi, deux mois. On est en studio tout le temps. »

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Pour composer, Hyphen Hyphen a bizarrement besoin se cloîtrer pour échapper au soleil, un comble pour des Niçois ! « On reste dans le noir, on a aucune perception du temps… En fait, le soleil nous empêche pas de composer, il nous empêche de rentrer dans cet état de transe pour les prises. Au local, y’a pas de fenêtres, donc on est habitués à être dans le noir. Donc on enregistre la nuit, on dort le jour. On essaie d’être en décalé pour recréer cette ambiance un peu folle. » Cet état de transe est nécessaire pour retranscrire leur énergie scénique sur album. « On compose tout d’abord pour la scène et après on doit les reorganiser pour que ça passe sur l’album. Et il faut trois fois plus d’énergie dégagée en studio pour que ça ressorte sur l’album. Nous tout ce qu’on veut c’est qu’il n’y ait pas cette perte d’échelle et de sens entre l’EP et la scène. A nous d’être meilleurs sur scène que sur CD. »

Les Hyphen Hyphen se montrent aussi intransigeants dans leur travail. « Tout ce qui est sur album, on veut que ce soit reproduisible sur scène, sinon c’est hors de question, on l’intégrera pas. Là, tout est composé, il reste tout à décomposer pour recomposer par dessus. C’est difficile de réaliser tout ce qu’on a dans la tête, de trouver le bon son… » Mais c’est pour que leur projet complètement déjanté gagne en cohérence. « On est en pleine période de défusion et on essaie de la cultiver. Nous on adore partir dans tous les sens, mais on aimerait donner un sens à ce non-sens. Tout est en ebullition.  »

Hyphen Hyphen c’est donc tout un concept, sans pour autant que ce soit calculé. « On parle tout le temps en fait. C’est une réflexion mais commune, donc t’as pas l’impression de… c’est plus une discussion. On discute tellement qu’on sait qu’on est d’accord sur le truc informulable qu’on vit. C’est pas formulable mais on sait où on va. On est d’accord à ce sujet, et toutes les discordances c’est le chemin à prendre pour y arriver. » Clairement, ce groupe n’a aucun problème de communication. « Ca vient du fait qu’on échange tout le temps, on écoute plein de trucs, on critique, on donne notre avis sans arrêt. On bavarde beaucoup, mais on parle aussi quand même. »

Et donc, quand on demande si on peut décrire leur musique comme la rencontre de David Bowie avec LCD Soundsystem, ils répondent d’un commun accord : « D’accord pour Major Tom et ‘Dance Yrslf Clean‘. 

Réclame

Le premier EP d’Hyphen Hyphen, Chewbacca I’m Your Mother, est déjà disponible. C’est d’ailleurs eux que vous avez vus en première partie de Mademoiselle K le 21 octobre.


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