Rock en Seine 2015 – Jour 3

Pour cette dernière journée du festival Rock en Seine 2015, les grosses guitares sont de sortie et le soleil est de la partie. On retrouve les We Are Match qui ont bien rodé leur set pour préparer la sortie de leur premier album, Shores. Les prometteurs Last Train qui donnent tout ce qu’ils ont, Ty Segall qui retourne la scène de la Cascade avec Fuzz, Mark Lanegan qui vient émouvoir tous les fans des Queens of the Stone Age, Parquet Courts qui manie toujours aussi bien les tensions et The Chemical Brothers qui célébraient la sortie de leur Born in the Echoes.

We Are Match

Alors que le soleil de plomb écrase la scène de l’Industrie, une brise se lève pour le set de We Are Match. Leur tout premier album est désormais prêt à paraître, et cet Avant Seine est l’occasion pour le groupe de présenter les nouveaux morceaux. Les garçons ouvrent d’ailleurs leur set comme leur Shores : avec le morceau ‘Over The Sea’, pour lequel Simon n’hésite pas à faire péter les cuivres. A fond dans leurs compos, ils se mettent à danser tout en arrangeant des harmonies prenantes de ‘Old Chimney’ autour du timbre soul de Paco.

Tout va bien, le public se met clapper sur ‘Animals’, et commence à se laisser entraîner par la longue intro de ‘Shores’ très Radiohead dans l’âme, lorsque d’un coup le son saute en façade. La foule les encourage, et les We Are Match se retrouvent à danser sur les breaks de leur infatigable batteur. Après cinq minutes, le groupe peut reprendre avec un ‘Mohawk’, enchaîné du futur tube ‘The Shark’ bien dansant. Puis après un courageux a cappella sur leur tout premier titre ‘Violet’, ils livrent leur étonnant ‘Speaking Machines’, légèrement destructuré et pourtant si groovy.

Malheureusement, le temps imparti est écoulé, et le groupe ne peut pas finir son set comme il l’avait prévu. Mais c’est tout de même bien parti pour les We Are Match car malgré la chaleur, la foule n’a pas eu peur de suer en dansant.

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Shores, le oremier album de We Are Match est à paraître le 25 septembre

Last Train

Alors que My Morning Jacket essaient tant bien que mal de se débrouiller d’un incident de son juste après le single ‘Believe (Nobody Knows)’ de leur dernier album The Waterfall, la foule se dirige vers la scène de l’Industrie pour découvrir Last Train. Ces petits Français donnent dans le gros stoner qui tâche, avec les guitares rugissantes, et le batteur qui se lève pour plus d’effet. Le chanteur à la voix éraillée lève même le poing à la fin des morceaux, comme s’il avait avalé des DVD entiers de U2. C’est sûr, ils sont rodés pour le Stade de France… ne manque plus que des titres un peu originaux.
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Fuzz

Juste après cette démonstration de force, Fuzz prend la scène de Cascade en otage. Pour cette formation, le prodigieux Ty Segall a décidé de s’emparer des baguettes et de laisser la guitare – qu’il manipule avec génie pourtant – à son pote Charlie Moohart. Reprenant le fil de 2013, Fuzz vient de sortir un deuxième album, II, qu’ils défendent sur les routes. Sautant ainsi d’un groupe à l’autre, Ty Segall n’est jamais à court de sensations fortes (et nous non plus) !

Car Fuzz, pour changer, donne dans le stoner qui tabasse, déclenchant slams et pogos dans tous les sens. De ses pêches incessantes, Ty Segall – ressemblant à Beetlejuice avec son maquillage blanc – anime les morceaux aux envies psychés, à la manière d’un passionnant match de boxe. Comme à la Cigale, Fuzz menace d’arrêter le morceau si la foule laisse tomber un slameur avant la fin de leur hymne : en guise de réponse, la foule explose en une clameur enthousiaste.

Mais comme la journée est aux incidents techniques, Charles Moothart se retrouve à quitter le plateau. Heureusement Ty Segall et Roland Cosio (dans une superbe robe arc-en-ciel aujourd’hui) ont le niveau question improvisation. En véritable machine de guerre, c’est à peine si le batteur réalise que son guitariste est de retour. Et quand le frisson prend sur le dernier accord désarçonnant de douceur, Fuzz reprend plus fort encore. Monstrueux.
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Lire le live report de Ty Segall à la Cigale

Mark Lanegan

A la manière d’un Nick Cave, Mark Lanegan a collaboré avec les plus grands (de Kurt Cobain aux Queens of the Stone Age ou Isobel Campbell) mais continue à enrichir sa discographie en solo quand bon lui chante. Aussi l’an dernier, il publiait Phantom Radio, son neuvième album en 25 ans. Pour ouvrir son set, Mark Lanegan dégaine son imparable ‘Harvest Home’, qui reviendra nous hanter toute la soirée.

Avec l’allure des légendes, Mark Lanegan, très digne, arbore un look de poète intemporel. De sa voix d’outre-tombe, il décoche, sur ‘One Way Street’, des flèches qui atterrissent en plein cœur de leur cible en parlant d’étoiles. Le songwriter se laisse porter par son histoire alors qu’il admet de sa voix chargée « I drink so much sour Whisky I can hardly see ». Et met à genoux les cœurs les plus cuirassés avec ‘Torn Red Heart’.
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Parquet Courts

A peine arrivés à la scène Pression Live, on se rend compte à quel point ça fait du bien de voir les Parquet Courts s’époumoner. Sur une batterie impassible, les guitaristes triturent leurs instruments pour faire danser sur des larsens mélodieux. D’une voix monocorde, Andrew Savage se lance dans de grandes déclamations sur les riffs plaqués de son pote Austin Brown. Mais la batterie les rattrape bientôt, pour un final à bout de souffle – sur scène comme dans la foule !

Après autant d’intensité, les Parquet Courts ressortent le plus léger ‘Pretty Machines’ issu de leur projet parallèle à deux, Parkay Quarts. Pour détendre l’atmosphère, Austin s’amuse aussi à titiller le public à coup de blagues potaches. Mais ce qui marche le mieux, c’est un bon vieux ‘Master of My Craft’ ou ‘Light Up Gold’ de leur premier album, sur lesquelles Andrew prend toujours un plaisir manifeste à gentiment s’arracher les cordes vocales.

Et d’un coup, alors qu’une ambiance insouciante règne, Austin nous rappelle à l’ordre : « N’oubliez pas : vous n’êtes pas obligés de faire ce qu’on vous dit en concert. Faites ce que vous voulez. C’est votre corps, profitez-en ! ». Puis le groupe part sur ‘Uncast Shadow of a Southern Myth’, une chanson qui parle ce qui les rend le plus honteux de leur nationalité américaine : la violence par armes à feux. Les frissons prennent alors la foule d’assaut dès que la ballade commence… et ne la quittent pas avant les hurlements du final.
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The Chemical Brothers

Pour beaucoup, le premier concert des Chemical Brothers représente un tournant musical. Car au final, il y a peu de groupe qui auront réussi à allier electro et rock avec autant d’adresse. Après le déferlement de guitares de la journée, The Chemical Brothers réunissaient ceux qui les avaient fuies de scène en scène et ceux qui les avaient poursuivies. Après une douce intro sur ‘Tomorrow Never Knows’, le duo (ce soir composé de Tom Rowlands et du VJ Adam Smith, Ed Simons n’assurant plus les tournées) part directement sur leur hymne ‘Hey Boy Hey Girl’.

Certains regretteront le manque de finesse de leur electro, car la mode semble avoir tourné depuis leurs bruyants débuts. Mais au fil des années, The Chemical Brothers n’ont jamais fléchi, et leurs tubes – qu’ils soient organiques ou plus stridents – n’ont pas pris une ride. Par contre, c’est leurs fans les plus fervents qui semblent s’être légèrement amollis, car le public se lasse des gros beats, et paniqués à l’idée du lundi matin qui se rapproche, se dirigent docilement vers les métros. C’est pas faute de répéter « Don’t Hold Back » sur leur ‘Galvanize’ !

Pourtant, que l’on sent son cœur battre la chamade sur ‘Swoon’ ou qu’on part complètement en vrille sur ‘Believe’, un set des Chemical est bien le meilleur remède connu à ce jour pour se vider l’esprit un dimanche soir à la veille d’une semaine musclée de rentrée.
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