Primavera Sound festival – jour 1

Premier jour au festival Primavera Sound. Sous le soleil de Barcelone, au bord de la mer, dans le parc del Forum : le lieu est idyllique ! Et la programmation est bien motivante : les Naive New Beaters pour s’échauffer, suivis des survoltées Savages, une découverte avec les Canadiens de Metz, retour nostalgique sur Dinosaur Jr, écoute du nouvel album de Phoenix en live, séquence émotion avec Menomena, et final en beauté avec Animal Collective.

Naive New Beaters

On laisse parler notre chauvinisme en allant soutenir les NNBS qui ouvrent les festivités. Après une tournée de concerts gratuits avec Ricard SA Live, le groupe se retrouve à devoir convaincre pour pouvoir propager La Onda au-delà des frontières.
Sans les cris de groupies enthousiastes, certaines de leurs chorégraphies tombent un peu à l’eau, mais ils roulent du cul de plus belle. David Boring sort son plus bel accent argentin, Martin Luther BB King s’emploie à foutre un beau bordel, et Eurobélix amuse la galerie avec son air ahuri. En réponse, les Catalans dansent, c’est juste qu’ils ne semblent pas habitués à être autant sollicités.
Bruits de couloirs : d’après les Naive New Beaters, Damon Albarn aurait assisté au concert et aurait tellement kiffé qu’il leur a demandé de produire son prochain album ! A suivre ?
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Savages

C’est la troisième fois que Le Transistor les croise, et après le Printemps de Bourges et le festival des inRocKs, le sentiment reste mitigé. On a envie, mais les mélodies font défaut pour réellement accrocher. Pourtant, le groupe a l’air de plus en plus à l’aise : Jehnny Beth affronte même un problème technique – paralysant leur guitariste Gemma Thompson – avec le sourire. Puis, dès que le morceau reprend, on lui retrouve cette attitude défiante typique d’une boxeuse de rue.
Leur jeu est tout en nervosité, comme si on les empêchait de parler depuis trop longtemps. La batterie roule et la chanteuse, plus de choc que de charme, ne tombe pas. Elles semblent canaliser frustration que les compromis d’une relation engendrent : elles foutent des pains via la musique, mais leur performance perd un peu de son punch avec le plein air.

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Metz

Les termes qui viennent à l’esprit pour décrire le style des Canadiens c’est : grosse noise qui décrasse. Répondant aux code rythmiques du punk, mêlé à des chants hurlés très métal, et des lignes de guitare distordues… avec de lourds larsens pour maintenir la tension entre les morceaux. On a l’impression d’un mélange entre la batterie fracassante de Liars et la désinvolture punk de Fidlar. Ca aboie, ça se rétame la voix, le chanteur se retrouve même les lunettes embuées par la sueur, ça pète de tous les côtés, se débat avec les guitares mais… C’est réjouissant sans être jouissif. Cela dit le public n’en demande pas plus pour lancer les slams.

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Dinosaur Jr

Au début du concert, tout le monde reste prudent, sur ses positions. Pour amadouer le public méfiant, le trio commence par quelques chansons de Bug et la foule se plonge petit à petit dans l’alternance séduisante entre violence et douceur. Jay Macis n’en rajoute pas, timidement stoïque, laissant à Lou Barlow le plaisir de se démener devant le mur d’ampli. La guitare se fait plus agressive, les morceaux plus directs : il s’agit de leur nouvel album I Bet On Sky, avec des solos toujours aussi épiques.
Mais c’est ‘Feel The Pain‘ qui déclenche les premiers pogos, la foule commençant réellement à danser sur ‘Out There’. Puis, après la très country ‘Start Choppin‘, Dinosaur Jr déterre une de ses premières chansons, du groupe Deep Wound :‘Training Ground’ se charge de dynamiser l’ambiance. On finira sur un petit plaisir avec leur reprise des Cure, et une petite surprise : Damian Abraham, le chanteur de Fucked Up qui s’invite sur scène pour interpréter ‘Sludgefeast‘ à sa manière. Mythique !

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Phoenix

Clou de la soirée, Phoenix a décidé de voir les choses en grand. Après une intro pompeuse soulignant leur exception versaillaise, Thomas Mars se perche sur les retours pour stimuler la foule qui hurle déjà à plein poumon. Avec l’arrogance de ceux qui ont vendu des milliers de Wolfgang Amadeus Phoenix, ces acclamations ne sont pas suffisantes pour le leader qui en demande plus encore… Pourtant leurs plus anciennes compositions font très Tahiti 80, et leurs nouvelles semblent avoir été piquées à Justice… qui essaierait de faire du M83. En même temps, tant qu’on reste chauvin, tout va bien. D’ailleurs, à les voir projeter des images du Château et du Mont Blanc, on se demande si leur tournée n’est pas sponsorisée par l’office de tourisme.
Le groupe est réellement dans la surenchère : Thomas Mars se prend clairement pour Chris Martin et Thomas Hedlund, batteur trop habitué au post-hardcore, a son jeu démesuré pour le pop rock de Phoenix. Ce sera pourtant le seul élément motivant, car les nouveaux morceaux se ressemblent énormément – problème qui devient flagrant avec leur manie des mash-up… C’est dommage parce que le Wolfgang Amadeus Phoenix est un excellent album au demeurant.
Soudain on réalise que leur show a le même goût plastique que ces hot-dogs vendus sur le festival. Et là où on s’étouffe, c’est quand on reconnaît le t-shirt de loup vert aux yeux rouge de Jay Mascis, guitariste de Dinosaur Jr, venu renforcer la ligne de ‘Entertainment‘.

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Menomena

Un des plaisirs de ce festival, c’est de pouvoir revoir Menomena, groupe qui se fait trop rare en tournée. On passe par un véritable de grand huit de sensations d’un morceau à l’autre : le cœur chavire quand le saxophone baryton de Justin Harris résonne sur ‘Plumage’, on commence à danser sur le piano de ‘Capsule’, puis on exulte quand ‘Weird’ part dans tous les sens.
Le groupe avait manifestement un problème avec les retours, mais n’a rien laissé paraître : les frissons arrivent sur ‘Five Little Rooms’, puis la guitare funk nous sauve de justesse des larmes sur ‘Pique’. On continue en crescendo avec le saisissant de désespoir de ‘Queen Black Acid’, et le déchirant duo de saxophone et de batterie sur ‘Don’t Mess With Latexas’. Enfin, la foule se laisse bercer par la détresse de ‘Rotten Hell’ avant de sauter sur l’énervé ‘TAOS’. Court mais intense.

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Animal Collective

On reprend les lampes frontales de mineur, direction le laboratoire sous-marin. Encore une fois ressentir le tumultueux Centipede Hz. Encore une fois se déchirer la voix sur la valse destructurée de ‘Today/Supernatural’, et prendre plaisir à voir Deakin sauter dans tous les sens. Encore une fois plonger dans la gueule du monstre, bardé de dessins d’enfants et survolée de bulles de savons, et se laisser surprendre par le trésor de bidouillages.
Dans cet antre, les morceaux se fondent les uns dans les autres : ‘Applesauce’ semble rythmée par une folie, qui s’étire et dérive lentement mais totalement sur la jazzy ‘What Would I Want / Sky’. Enfin, encore une fois ressentir la liesse de la foule quand elle reprend d’une seule voix le refrain de ‘My Girls’, bientôt rattrapé par ‘Knock You Down’. Sans savoir si le groupe chercher à inclure le public ou non dans son délire, il est certain qu’un sentiment de liberté plane sur tous leurs concerts. Et ça fait un bien fou !

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Remerciements : Laura Alvaro

Catégorie : A la une, Concerts
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