Entretien avec The Hives

Ca faisait quelques années qu’on attendait ce cinquième album de The Hives. On les avait bien vus aux Eurockéennes y’a deux ans, ils nous avaient même taquinés d’un EP de reprises mais toujours rien… Enfin, après s’être bien fait désirer, notre groupe suédois favori a débarqué avec Lex Hives ! En interview, on s’est rendu compte qu’ils ont autant d’énergie que sur scène : chaque question part en vrille !

The Hives

Nicholaus Arson prend les devants et invente les questions. « Quel effet ça fait d’être les plus grands musiciens depuis 12 ans ? La réponse : bien merci ! Question suivante, vous êtes les meilleurs, êtes-vous d’accord ? » Ca promet !

Lex Hives évoque les lois qui régissent le groupe, c’est un peu les douze commandements de The Hives.
Howlin’ Pelle Almqvist : Oui, y’en a deux de plus, mais si tu es religieux, tu comptes pas. Et puis, certes c’est Dieu qui nous les a dictées, mais il y a un peu de nous dans cette histoire quand même.
Dr. Matt Destruction : Cet album est tellement beau, que tout le monde pense que c’est le résultat de l’œuvre de Dieu. Mais Dieu n’aurait pas pu le faire seul !
Howlin’ Pelle : En vrai, il a été assez dur à faire cet album, Dieu aurait pu nous aider un peu plus.

Pour cet album, The Hives sont revenus aux sources de leur son.
Nicholaus : on voulait réellement retrouver ce sentiment garage qu’on avait aux débuts sur Barely Legal et Veni Vidi Vicious. On avait aussi décidé de tout prendre en main, de l’Artwork au mastering, sauf qu’en fait, on a souvent du mal à suivre nos plans car très vite on part dans toutes les directions. Et finalement, on s’est dit que c’était déjà pas mal si on s’occupait de la production.
Howlin’ Pelle : Et puis on est nul question mix, on se bat pour mettre tous les instruments aussi forts les uns que les autres. C’est un bordel monstre.
Dr Matt : Après l’enregistrement, tout nous paraissait absolument génial. Puis on s’est rendu compte qu’il fallait faire appel à quelqu’un d’autre.
Howlin’ Pelle : Mais après avoir écouté les masters, on avait qu’une envie c’était de revenir à l’original ! Au début, c’est bien d’avoir un avis extérieur, histoire d’avoir une autre vision de la chanson…
Dr Matt : et au fur et à mesure des compromis, on arrive à la perfection.

The Hives sont partis à la poursuite de la perfection.
Howlin’ Pelle : C’est les derniers 10% à parfaire qui prennent 90% du temps. Parce qu’à la base, on avait plein d’idées de chansons, mais transformer ces idées en chansons qui nous plaisent, c’est pas si évident.
Nicholaus : C’est comme pour un bouquin… c’est pas parce que tu as les idées que le livre s’écrit tout seul. On avait un super scénario pour l’album, mais ça prend énormément de temps à mettre en forme.
Howlin’ Pelle : Au final, c’est l’album le plus influencé par les Hives qu’on ait jamais fait. On a beaucoup discuté à savoir ce qui faisait qu’on était un bon groupe, et ce qui nous plaisait dans notre son. Dans un sens, on a voulu purifier notre identité.
Et pourtant, on se retrouve avec de belles surprises…
Nicholaus : On aime à surprendre les fans. Comme on est très curieux, on aime bien aussi jeter un œil à ce qui se fait. Souvent, on est influencé par des groupes que notre public ne soupçonne pas. On essaie plein de truc, mais ça sonnera toujours comme The Hives !

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Une chanson qui ressort de l’album, c’est ‘Patrolling Days‘…
Howlin’ Pelle : c’est la chanson la plus poétique de l’album. D’habitude nos chansons racontent quelque chose, mais là c’est comment on se sent quand The Hives reviennent ! Le grand retour après s’être perdus dans les bois pendant plusieurs années.
Nicholaus : On tourne depuis 15 ans maintenant, donc ça fait 15 ans qu’on patrouille pour convaincre le monde entier de notre suprématie, ça veut dire qu’on a plus rien à prouver ! Patrolling days are over. Du moins, ça devrait…

Justement, le groupe a bientôt 20 ans, et The Hives n’en ont toujours pas marre !
Howlin’ Pelle : NON ! Parce que j’aime pas le rock sans énergie ! Ca reste la chose que je préfère au monde ! C’est un peu comme… est-ce que tu aimes baiser ? oui. Est-ce que tu aimes toujours autant baiser 20 ans plus tard ? oui ! C’est toujours aussi bon !
Nicholaus : Des fois, on le prend pour acquis, quand on est fatigué… Mais quand tu commences à te dire que peut-être demain tu pourras pas jouer, que peut-être personne n’achètera de billets… C’est là que tu paniques ! Parce qu’on veut continuer ! Du coup, on fait tout pour survivre !
S’ils sont prêts à tout pour tourner, ils ne sont pas non plus près de faire de la pop.
Howlin’ Pelle : En plus, c’est pas parce qu’on va se mettre à faire de la pop, que ça va marcher ! On a une petite voix intérieure qui nous dirige, qui nous permet de pas nous planter. Le seul souci c’est quand on se met à essayer de deviner ce que les fans attendent. C’est ce qui nous effraie : ça doit venir de ce que nous on veut faire pas de ce qu’ils veulent entendre.
Nicholaus : On a commencé en faisant du rock qui n’était pas populaire. Tout au long du chemin, on est restés suffisamment sûrs de nous pour ne pas dévier. Parce que le but c’était pas de devenir populaire, c’était d’y arriver en continuant de jouer notre musique, celle qui nous plait.
Howlin’ Pelle : En plus, c’est plus difficile qu’on ne le pense de faire de la musique populaire. Il faut trouver un truc nouveau ! Et quand on regarde, la plupart des groupes qui marchent sont assez mauvais, donc non, on veut rien avoir affaire avec eux. La seule solution, c’est de faire un truc qu’on aime et de le rendre populaire !

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On note que dernièrement, The Hives ont flirté avec Josh Homme
Howlin’ Pelle : on aime bien traîner avec lui, on l’apprécie vraiment. Et c’est marrant de bosser avec lui, mais on a fait que des b-sides avec lui, il a pas pris le pas sur notre son. Et puis c’était spontané, on a pas prévu d’enregistrer avec lui. On était à LA, et on était au studio pour les dernières prises, et lui il avait rien à faire donc il s’est joint à nous.
Nicholaus : Quand on y pense, les meilleurs albums, c’est des gens qui cherchent à sonner comme des Américains. C’est la base du garage : des Américains qui veulent faire comme des Britanniques, qui eux essaie de faire un son à l’américaine…
Howlin’ Pelle : genre The Rolling Stones qui essaient de faire du Muddy Waters, et ensuite The Remains ont tenté de sonner comme The Rolling Stones, et ainsi de suite…
Nicholaus : et même si on essaie de faire comme les Américains, on y arrivera pas !
Dr Matt : Les Américains ont importé la soul, et nous Suédois on l’a gardé comme un trésor. Maintenant, après l’avoir protégé pendant des années, on relâche l’essence du rock : ils l’avaient perdu mais nous on l’a conservé intact.
Nicholaus : En même temps, le plus grand chef, le mec reconnu internationalement pour ses pâtes à la bolognaise, il est japonais !!
Howlin’ Pelle : Même la cuisine et la musique sont pris dans la globalisation !
Nicholaus : Du coup, il n’y a aucun de problème à ce que le meilleur groupe de rock’n’roll soit suédois !

Réclame

Lex Hives, le cinquième album de The Hives, est paru chez Jive/Epic (Sony Music).
The Hives seront en concert le 29 novembre prochain au Zénith !
Lire l’interview de The Hives aux Eurockéennes
Lire le live report de The Hives à la Gaîté Lyrique


Remerciements : Stéphanie et Antoine (Jive/Epic)

Catégorie : A la une, Entretiens
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6 réactions »

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    […] Une chose est sûre : aucune chance de se planter avec cette machine de guerre ! Toujours sur la lancée de leur cinquième album Lex Hives, les Suédois continuent de semer leur punk ravageur aux quatre coins de la planète. Ne faites pas attention à leurs costumes ajustés, leur rock garage est direct et qu’efficace, et leur leader n’a pas peur de mouiller sa chemise blanche. Echangeant continuellement avec le public, Howlin’ Pelle Almqvist arrive à faire monter la sauce, à grand renforts de sauts acrobatiques, pour que ‘Won’t Be Long’ fasse son effet. Et peu importe s’il faut élimer le bon vieux tube ‘Tick Tick Boom’, l’important pour The Hives, c’est que le public prenne son pied. Lire l’interview de The Hives […]

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