Entretien avec Jessica93

En scannant la programmation de La Ferme Electrique, festival alternatif francilien, Le Transistor a fait la découverte de Jessica93. Plus dark noise que jolie blonde, ce one-man-band originaire de Bondy aussi connu sous le nom de Geoffroy Laporte a sorti son premier album Who Cares l’année passée. C’est pourquoi Le Transistor était quelque peu étonné de le croiser à Rock en Seine : il fallait prendre une bière avec lui pour tirer tout ça au clair !

Jessica93

Jessica93 n’avait pas vraiment prévu de jouer à ce festival. « Si ça avait été une ambition que d’être programmé à Rock en Seine, j’aurais pas attendu 34 balais, enfin j’en sais rien. C’est difficile à dire. »

D’ailleurs, Jessica93 ne trouve pas forcément sa place dans la programmation du festival francilien. « Je sais pas ce qui leur est passé par la tête à me choisir. Ils ont peut-être envie de prendre plus de risques. J’ai jamais foutu les pieds ici avant. C’est vraiment pas mon créneau : pour être franc je connais que dalle, à part Blondie ou Portishead… Après je connais Cheveu et T.I.T.S, parce qu’ils viennent de la même scène que moi. » Geoffroy Laporte vient d’une scène alternative. « J’ai toujours évolué dans un réseau Do It Yourself, qui s’alimente lui-même par des concerts dans les bars, les squats. Moi j’ai commencé par organiser mes propres concerts pour pouvoir jouer avec mon groupe. Chacun fait jouer ses potes de différentes villes, c’est comme ça qu’on organise des tournées. Finalement, de par le réseau Internet, on arrive à former une espèce de microcosme. Après ça rameute pas tant de gens que ça, mais c’est des purs génies. »

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Avant de se lancer en solo avec Jessica93, Geoffroy Laporte a beaucoup tourné en groupe. « C’est venu par hasard. A la base on m’a demandé de faire un projet solo, c’était pour dépanner. Un pote organisait un concert dans un petit bar à Paris et il n’avait pas de première partie. Ca faisait un moment qu’il me tannait… Il me voyait jouer avec mes groupes, et le truc c’est que je me suis toujours investi à 100% dans la zique, mais quand t’es dans un groupe t’as toujours un membre qui a des études ou un boulot et qui ralentit tout le processus. » Ce sont ses amis qui l’ont encouragé à monter son propre projet. « Mes potes me voyaient chez moi la plupart du temps à me tourner les pouces, à faire de la zique dans mon coin, c’est pour ça. Ils m’ont poussé au cul pour que je le fasse. De fil en aiguille, à force des concerts, c’est venu comme ça. »

En 2013, le premier album de Jessica93, Who Cares, paraît sur plusieurs labels. « Ca s’est fait comme ça. Je voulais voir avec Music Fear Satan s’ils étaient chauds pour participer au disque. Parallèlement Teenage Menopause avaient entendu un autre de mes projets -qui s’est arrêté depuis. Mais du coup, ils sont retombés sur ce que je faisais tout seul et étaient motivés aussi. Et puis j’étais impliqué au sein du label Et Mon Cul C’est Du Tofu, donc c’était évident qu’il allait être de la partie. C’est pour ça qu’on a fait une co-prod. »

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Pour Geoffroy Laporte, cette programmation de Jessica93 à Rock en Seine ne remet rien en question. « Faut remettre les choses à leur place, si je suis à Rock en Seine ce soir, c’est ultra exceptionnel. Moi je continue : encore la semaine dernière j’étais avec mes potes, Headwar et Delacave. Avec Noir Boy George, on les a rejoints pour trois jours, et on a fait la tournée des bars en Bretagne. C’est juste on m’a proposé de jouer ici, je dis pas non. J’ai besoin de bouffer aussi. » Pour autant, le quotidien des circuits alternatifs n’est pas très confortable. « Quand on part en tournée, on est défrayé au chapeau des fois ou alors avec entrées prix libre. Tu repars des fois avec 20 boules, des fois tu repars avec 150, ça dépend de comment le mec il gère son truc, de s’il y a du monde. Y a pas de science : quand tu pars en tournée, tu sais pas si tu vas revenir dans le rouge ou dans le plus. Mais je pars quand même en tournée parce que c’est ce que j’ai envie de faire, je trouve intéressant. »

Quelque part, Geoffroy Laporte paraît désabusé de l’industrie de la musique. « Rock en Seine, je cours pas après mais c’est cool. Ce que je veux dire, c’est qu’il y a une autre scène. Même si les gens, et mes parents les premiers, pensent que la musique passe forcément chez Taratata. Mon problème c’est juste de jouer. Parce que j’aime ça, parce que je pense que j’ai un truc à dire. » L’ambiance du festival ne semble pas non plus lui correspondre. « La seule différence que je vois c’est que dans les bars, dans les squats ou tout ce réseau-là, on peut passer de bons moments. Parce que quand tu comptes un soirée avec 20 pelos, à 6h du mat’ tu deviens les meilleurs potes du monde. Mais c’est pas grave, je passe une bonne soirée quand même, je suis payé, tout va bien. J’ai aucun jugement… »

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Pourtant, la co-existence de ces deux mondes musicaux ne le dérange pas. « C’est pas parce que je viens de la scène underground ultime dans les squats que… Chacun fait son truc. Après que la musique qui passe ici m’intéresse ou non, tout le monde s’en fout. Si ce soir je vais voir que Blondie, ça regarde que moi : le festoche est là, et les gens s’éclatent donc tant mieux. Peut-être que je suis très bien dans ma petite scène avec mes potes. Je trouve ça plus sincère. J’ai envie de pisser par contre… »
Avant de se diriger vers les toilettes, Geoffroy Laporte ajoute tout de même : « Je dis pas que c’est de la merde, c’est juste une façon de parler. C’est ce qu’on dit à Bondy quand on aime pas. »

Réclame

Rise, le deuxième album de Jessica93 paraîtra lundi 3 novembre 2014 chez Music Fear Satan et Teenage Menopause.
Jessica93 sera en concert le 20 septembre au Café de la Danse en première partie de Tuxedomoon et au Point Ephemere pour le WinterCamp festival le 13 décembre.
Lire le live report de Jessica93 à Rock en Seine


Remerciements : Ephélide

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