Rock en Seine 2012 – premier jour

Première journée de Rock en Seine. On se prépare à être émus, et surtout à faire face aux intempéries. Au programme : on découvre Grimes, on savoure Get Well Soon, on s’étonne de The Knux, on s’impatiente devant Bloc Party, on verse sa larme sur Sigur Ros, on danse avec Miike Snow et on finit sur C2C.

Grimes

L’avantage de la scène Pression Live, c’est qu’on a l’opportunité de satisfaire des curiosités musicales. Ainsi aguichés par des clips alléchants, on est partis voir Grimes. Look ado, Claire Boucher s’occupe des machines pendant qu’un neurasthénique l’accompagne à la batterie électronique. Pour motiver la foule, un monsieur s’emmêle dans sa chevelure pendant qu’il danse… Donc la Canadienne se démène avec ses boucles, allant jusqu’à jouer du coude pour tout gérer, pendant que deux mecs sur scène ne servent littéralement à rien.

Grimes paraît un peu perchée, et le danseur surjoue pour compenser le manque d’animation scénique. Quant à la musique, elle est gentillette, rien d’original. La curiosité est donc un vilain défaut : on aurait dû retourner voir Citizens!

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lire l’interview de Citizens !

 

Get Well Soon

Pour la sortie de leur troisième album, Get Well Soon voit les choses en grand et s’offre l’Orchestre National d’Ile de France. La cravate fine et droite, Konstantin Gropper chante à crever le cœur sur ‘A Voice In The Louvre’. On se sent ensuite plongé dans un film sur ‘5 Steps/7 Swords’, et l’impression se prolonge par le titre ‘Roland I Feel You‘, tiré du nouvel album The Scarlet Beast O’ Seven Heads. Le morceau, porté par l’orchestre prend peu à peu de l’ampleur, et on réalise que cette année le son du festival est bien meilleur que les années précédentes.

Malgré la pluie insidieuse, le public se réchauffe et acclame ce final magistral. Une douceur dramatique nous prend quand Verena Gropper, sa sœur, le rejoint sur ‘Werner Herzog Gets Shot’. L’atmosphère s’allège légèrement avec ‘The Last Days of Rome’, on revient même à des premières amours plus rock avec ‘Listen! Those Lost At Sea Sing A Song On Christmas Day’. Mais cette positivité ne dure pas longtemps… De sa voix lente et traînante, Konstantin Gropper nous ramène dans les bas-fonds sur ‘A Burial At Sea’ et la foule est en émoi. On a parfois peur de décrocher, submergés par la richesse des arrangements, mais le grand final réveille tout le monde avec l’épopée de ‘You Cannot Cast Out The Demons (You Might As Well Dance)’, sur laquelle la délicatesse des glockenspiels viennt effacer le fracas de l’orage.

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 The Scarlett Beast O’Seven Heads, le troisième album de Get Well Soon est sorti le 27 août chez City Slang.

The Knux

Pour rameuter la foule, un DJ passe ‘Wonderwall’ de Oasis. Le guitariste fait son entrée, il ne manque que le chanteur pour que la fête commence. Ca a l’air marrant, mais ce duo a l’air de prendre plaisir à tomber dans la facilité. Dans la foule, des béquilles se lèvent d’enthousiasme, le chanteur balance « One Two », comme pour annoncer le rythme, mais comme c’est des samples ça rime à rien. Et puis poser deux riffs de guitare sur du son hip-hop ne suffit pas à se réclamer groupe de fusion.

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Bloc Party

Malgré tout le manque d’objectivité que l’on a à l’égard de ce groupe maintenant devenu légende, c’était pas le meilleur concert de Bloc Party. De plus, c’était pas honnête de nous obliger à choisir : même si l’incroyable voix de Kele nous retenait, on a dû se diriger vers la Cascade pour les plus rares Sigur Ros.

Donc on gardera en tête leur époustouflante performance au Bilbao BBK Live en attendant février 2013 pour leur Zénith => lire le live report de Bloc Party au Bilbao BBK Live

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 Four, le quatrième album de Bloc Party, est paru le 20 août chez Frenchkiss Records/Cooperative Music

Sigur Ros

Le concert commence tellement doucement, qu’on s’en aperçoit à peine. De toutes parts, on voit des sourires dans l’attente : on échange, on partage sa découverte de ce groupe si étrange et qui pourtant rassemble. Après quatre ans d’attente, des projets parallèles et un album solo de Jonsi, la foule tremble d’impatience à l’idée de (re)vivre une prestation scénique de Sigur Ros. Les plus sceptiques affirment que leur son n’est pas fait pour les espaces ouverts…

Effectivement, auparavant drapés dans un autisme musical touchant, leurs compositions qui ne supportaient pas de nom et imposait l’invention d’une langue à part entière, nécessitaient une atmosphère intimiste. Sauf qu’on a ici l’impression que leurs perspectives se sont ouvertes, peut-être la touche Alex Somers, qui est venu en quelques sortes sauver Valtari, leur nouvel album. On ne se sent pas plombés mais enlevés. Le groupe caché derrière des jeux de caméra, une liberté s’échappe de chaque phrase musicale. Trois clochettes résonnent sur ‘Varúð’, le public est captivé. Une voix coincée, perdue, suit l’horizon pour tout décor, pour éclore sur une explosion de sentiments.

Plongé dans un univers fantastique, ‘Sæglópur’ donne l’impression de pouvoir respirer sous l’eau. On s’égare avec ‘Festival’ en Volenska puis on se libère de nœuds sur ‘Hoppipolla’. On revient sur le magnifique premier album Von avec ‘Hafssól’, tellement positif, presque pop, qui se finit en une nuée de lucioles. La voix languissante est coupée par la batterie qui s’accélère toute à sa joie de se lâcher, et Jonsi, sous le joug des percussions, finit à genoux.

Il ne reste que quelques minutes, le public retient son souffle. « Encore une dernière » semble supplier la foule silencieuse. Un nuage bleu apparaît, ‘Popplagio’, la dernière de l’album ( ), se fait entendre, sans douleur imposée. Les sons montent, se précipitent dans un tourbillon presqu’assourdissant. Les vents viennent brouiller les images, pour un crash final et solennel. Prenant bien soin de déborder sur le timing, Sigur Ros vient de nous offrir quinze minutes de sublime.
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Lire l’interview de Jonsi

Valtari, le sixième album de Sigur Ros est paru le 25 mai chez EMI

Miike Snow

Alors que tout le monde se prend la claque de se souvenir des paroles de Placebo quinze ans après leur âge d’or, Le Transistor se dirige vers Miike Snow. L’idée est de se remettre des émotions procurées par Sigur Ros, et en un instant, les mélodies évidentes l’emportent sur la raison. On ne résiste pas longtemps à la légère ‘Bavarian #1 (Say You Will)’, puis au travers de l’épais rideau de fumée, on aperçoit Andrew partir dans une danse frénétique sur ‘Pretender’, qui malgré des paroles bien sombres ne se voilent d’aucune tristesse.

Après un passage tribal sur ‘Burial’, on redécouvre ‘Paddling Out’, littéralement irrésistible en live. On a l’impression que cet hymne pourrait totalement motiver le sillon d’un char de la Gay Pride – ne manque que les plumes sur cette scène un peu dépouillée. Parfois leurs impros prennent le pas et on se languit de leurs refrains accrocheurs, mais leurs chants simples et pourtant pas téléphonés nous gagnent. Pour finir en beauté, les doigts d’Andrew cavalent sur le clavier et tout le monde gambade au son d’‘Animal‘.

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Lire l’interview de Miike Snow

Happy To You, le deuxième album de Miike Snow est paru chez Columbia/Sony

C2C

Les turntablistes sont chargés de clore seuls cette première journée. Et il faut dire qu’après l’intro en guise d’échauffement, on prend plaisir à écouter ‘Arcades’ et ‘Down The Road’. On s’enfonce ensuite dans un long méandre, dans lequel C2C explore les styles, les époques, les continents : de touches d’électro-swing on s’envole vers le Brésil puis on revient aux sources avec du rock à la Elvis. Mais après plusieurs live, on se lasse de la performance millimétrée : même l’hommage à MCA au milieu de ‘Drop The Beat’ en perd de sa sincérité. Et surtout, quand on aperçoit ni la scène ni les écrans, leur show n’a plus vraiment d’intérêt.

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C2C sort son premier album Tetra le 3 septembre chez Mercury/Universal

 


Remerciements : Marion (Ephelide)

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