Lispector et Ventre de Biche au Point Ephémère

Le label Teenage Menopause c’est le label parisiano-bruxellois qui envoie du bois. Chez eux, on peut retrouver du garage à la Cockpit (lire l’interview) ou du JC Satan (lire l’interview), de la cold-wave un peu crade à la Jessica93 (lire l’interview), ou du plus psyché avec Chocolat. Donc quand le label fait une soirée au Point Ephémère, on peut s’attendre à tout. En l’occurrence, c’était la release party de Ventre de Biche, “synth punk chelou” et de Lispector, pop à souhait.

Ventre de Biche

Sur scène, Luca Retraite est seul, pour défendre III, son troisième album. Avec son look de cycliste, sa casquette vissée sur la tête, il lance une ritournelle sur sa machine et le voilà à raconter tout ce qui le tracasse. “Je m’écrase entre les phrases et je laisse des traces”. Plongés dans une ambiance apocalyptique, on se retrouve fasciné par ce mélange de comptines naïves et des paroles plus dures, très réalistes. Pendant ce temps, la salle se remplit à vue d’oeil. “C’est le trottoir qui m’enterre”, les idées sont brillantes autant qu’éphémères… On reste avec une impression de démo : parfois on aimerait que Ventre de Biche approfondisse ses sujets.

Chaque chanson apporte une nouvelle atmosphère, il est capable d’inviter des oiseaux, puis de nous emmener dans une église, avec des déclamations en italien sur des grosses réverbération… c’est la grand messe du no future. “La vie est un long fleuve de merde et je sais pas nager” ces paroles ne sont pas cathartiques… tout juste un fataliste constat d’échec d’un quotidien de merde. “J’arrive à bout des possibilités”. Et petit à petit, on se laisse enivrer, on commence à danser, on pogote pour apprendre à repérer “un bon vigile”. Et quand le concert se finit, Luca Retraite lâche un “bon ben voilà. Quelqu’un a un chargeur d’iphone ?” Et on reste sur le carreau, changé.

Lispector

Julie Margat fait de la pop seule dans sa chambre depuis 96. Depuis vingt ans, sa bedroom pop a évolué, s’est inspirée, s’est frottée même par moments à la scène bordelaise à laquelle elle appartient. Puis après avoir pris son élan, Lispector a retenté l’expérience label pour ce nouvel album Small Town Graffiti. Délicat sans être fragile, rêveur mais terre-à-terre, un de ces albums dont on tombe amoureux presque par inadvertance.

Après la star de la soirée, la salle s’est bien vidée, et Lispector en profite pour s’installer tranquillement, et débuter son concert comme par mégarde. Habillée très simplement, jean basket, elle est accompagnée d’un groupe, mais reste peu à l’aise face au public. Alors elle ferme les yeux, prend sa respiration et reprend son morceau du début. “You just don’t seem to care” raconte-t-elle, sur une reprise charmante car naïve des Alessi Brothers. “I’ve got nothing to believe in” confie-t-elle au public, désarmé de passer d’autant d’intensité avec Ventre de Biche à autant de pureté.

La salle se dissipe, mais elle n’y prête pas attention, et se concentre sur ses chansons, à nous raconter elle aussi son quotidien, à sa manière. Intense, mais avec plus de doigté, de douceur. Jusqu’à la fin, souvent brutale, des morceaux. Lispector ose même chanter en français, pour un morceau beaucoup plus direct, et beaucoup trop court de fait ! On suit ses changements de rythmes, on s’amuse de ses jeux de mots, on se laisse porter par sa voix étrangement enfantine mais assurée.

“On va en faire au moins une autre si le groupe veut bien mais y en aura pas 30 !” Lispector nous laissera sur une histoire d’amour terrible, puis elle raccroche son micro, récupère ses affaires, puis quitte la scène… sans chichi.

Réclame

III, le troisième album de Ventre de Biche, est paru chez Teenage Menopause
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Small Town Graffiti, le nouvel album de Lispector, est paru chez Teenage Menopause
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Remerciements : Marion Seury

Catégorie : A la une, Concerts
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