Radiohead au Zénith de Paris

Pour la sortie de ce neuvième album, Radiohead a de nouveau surpris tout son petit monde. Le fait est que A Moon Shaped Pool a rappelé à tous les fans les meilleures heures du quintet britannique, avec des mélodies envoûtantes et des oscillations entre sonorités organiques et électroniques. Après le contesté King of Limbs, beaucoup de fans attendaient le retour du groupe culte, qui a toujours su évoluer, même si parfois en avance sur son temps. Et une fois de plus, Thom Yorke et sa troupe n’a pas déçu, livrant un concert de près de deux heures et demie… avec une surprise de taille !

Holly Herndon

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La première partie est assurée par la discrète californienne Holly Herndon, ici accompagnée de deux autres musiciens aux machines. L’un d’eux, l’androgyne Colin Self se fait rapidement remarquer par ses danses type voguing sur le devant de la scène. Le trio communique avec le public en écrivant via un macbook repris par un écran géant. Leur électro dark où les voix sont en avant, triturées, hachurées, est un amuse-bouche étonnant et convaincant pour se préparer à la suite, qu’on attend en trépignant, archi-coincés qu’on est aux premiers rangs.

Radiohead

Il est 21 heures pile quand Radiohead entre en scène dans la pénombre. Le line-up est classique, avec les cinq membres habituels, et en second batteur, Clive Deamer, de Portishead. La scénographie est, comme à son habitude, sobre, avec plusieurs écrans reprenant différentes vues des musiciens filmés en direct. Inutile de parler de l’ovation qui les accueille, et qui accompagne ‘Burn the Witch‘, impressionnant titre ouvrant le dernier album.

Sans violons sur scène, Johnny Greenwood empoigne sa guitare électrique comme un violoncelle, et en joue à l’archet, pour se rapprocher des cordes du morceau originel. La montée finale est impressionnante, pour conclure en s’arrêtant net, sous des hourras assourdissants. Cette amorce plante le décor d’un live qui s’annonce encore plus trippant qu’on ne l’espérait.

Les cinq premiers morceaux de ‘A Moon Shaped Pool‘ sont joués dans l’ordre, dont le magique et éthéré ‘Daydreaming‘, avec Johnny Greenwood tordu sur un piano. On frissonne.
Mais les musiciens semblent étonnamment à la cool : même Thom Yorke plaisante parfois, sourit souvent, nous salue dans un parfait français, rigole quand le public chante Happy Birthday au batteur Phil Selway

Radiohead enchaîne ensuite d’anciens titres qui font l’effet de cadeaux surprises. Dans une ambiance de grand-messe, on trépigne en priant/pariant sur le suivant. Tellement de moments restent gravés : Thom Yorke qui ondule tout en jouant des maracas sur ‘Lotus Flower‘ ; la basse disto de ‘The National Anthem‘ avec un Johnny Greenwood qui sample en live la bande fm d’un transistor; les arpèges de guitare sur l’intro de ‘My Iron Lung‘; l’émouvant ‘No Surprises‘, exhumé suite à sept ans de disette en live…

Après de nouvelles incursions moins spectaculaires dans le dernier album, on retourne aux fondamentaux avec ‘Everything In Its Right Place‘, ‘Idiotheque‘, puis ‘Bodysnatchers‘ sur lequel Thom Yorke et Johnny Greenwood se démènent en maltraitant leurs guitares électriques. Le rappel inaugure en live la dernière version de ‘True Love Waits‘, titre aux mille vies depuis les débuts du groupe. S’ensuit un très attendu ‘Paranoid Android‘, jouissif comme lors de la première écoute d’OK Computer.

Un second rappel est prévu, et les musiciens reviennent sur scène avec un Thom Yorke amusé, qui fait signe que “c’est pour rire”. On s’attend alors à une blague, sans trop vraiment comprendre… C’est là que l’inconcevable se produit : les premières notes de ‘Creep‘ font hurler les six mille cinq cent ados que sont redevenus les spectateurs. Ça crie, ça se prend la tête à deux mains, et bien sûr ça pleure tant personne ne semble y croire. Et pourtant, LE fameux titre de leurs débuts nous est offert comme un cadeau que l’on n’aurait jamais osé demander, tant on s’était mis dans le crâne que le groupe ne le jouerait plus. Qu’on l’aime ou non, le seul fait de le ressortir est touchant de leur part, surtout après sept ans de placard (et jusqu’ici, uniquement joué lors de cette première date parisienne).

A l’entame du refrain, le fameux riff tranchant de Johnny Greenwood fend un Zenith qui hurle de plus belle. Thom Yorke pousse son hallucinante voix de tête lors de la dernière envolée. Quatre minutes durant, on se retrouve dans un karaoké géant et poignant : le genre de moment inoubliable. Thom Yorke se pose ensuite au piano pour ‘Pyramid Song‘, extrait d’Amnesiac, seul album qui n’avait pas encore été évoqué. Même si ce live n’a finalement pas présenté d’innovations particulières, on percute petit à petit qu’on vient de vivre un grand moment.

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Réclame

A Moon Shaped Pool, le neuvième album de Radiohead, est paru le 8 mai et en physique le 17 juin 2016, chez XL Recordings/Beggars.
Radiohead sera en concert aux Nuits de Fourvière, Primavera Sound Festival, au NOS Alive, au Secret Solstice, au Madison Square Garden, au Lollapalooza… (liste non exhaustive)
Lire le live report de Radiohead au Bilbao BBK Live en 2012
Lire le live report de Thom Yorke au Pitchfork Music Festival Paris
Lire le live report d’Atoms For Peace à la Gaîté Lyrique




Catégorie : A la une, Concerts
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