NOS Primavera Sound 2015 – Jeudi

<h2Une semaine après Barcelone, le Primavera Sound se déplace de l’autre côté de la péninsule ibérique pour se poser dans la charmante ville de Porto. Un festival résolument familial, puisqu’on croise des enfants en bas âge à chaque coin de pelouse ensoleillé. Et pour la première journée, toute en douceur, on a choisi l’imprévisible Mikal Cronin, la légende vivante Patti Smith, l’intrigante FKA Twigs, les survivants Interpol, les nostalgiques The Juan MacLean et l’omniprésent Caribou.

Mikal Cronin

Ce sont des choses qui arrivent quand on ne maîtrise pas la ville ou quand la compagnie aérienne n’est pas très fiable. Ou pire, une combinaison des deux. Le fait est qu’on a loupé le concert de Mikal Cronin. N’empêche qu’on a bien envie de t’en parler ! Tu l’as peut-être déjà vu sur la dernière tournée de Ty Segall en tant que bassiste : après avoir contribué à l’album Slaughterhouse, Mikal Cronin s’est consacré à son troisième album, MCIII.

En dépit d’un nom peu inspiré, MCIII est quelque peu conceptuel, et surtout très personnel. La première partie reste dans la lignée de ses deux premiers albums, mais la deuxième raconte comment Mikal Cronin a décidé, suite à une immobilisation lombaire, d’arrêter ses études pour se consacrer à la musique. Ca peut paraître un peu mélo, dit comme ça, mais heureusement, pour ses clips, le bassiste renverse la vapeur en détournant un clip qui a marqué les années 90 avec deux humoristes américains. Enjoy !
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Patti Smith

Face à Mac Demarco, il n’y a pas photo : on part voir la session acoustique de Patti Smith. Pour l’occasion, la scène Pitchfork se retrouve tapissée de chaises, pour emprunter des airs d’église. De là, on se laisse mener par la voix impressionnante de cette artiste sans pareille. On la regarde danser, tellement à l’aise, sur ‘Dancing Barefoot’, échanger sur ses impressions de Porto sur ‘We Three’, et improviser sur ‘My Blakean Years’.

Contrairement à ce qu’on avait imaginé, l’équilibre entre le rock et les envolées lyriques est maintenu. Accompagnée de son groupe, l’énergique Patti Smith se raconte et reprend John Lennon et Yoko Ono pour son petit fils, Frederic. Puis elle dédie ‘Beneath The Southern Cross’ au mathématicien John Nash, récemment disparu, et l’intensité commence à monter. Rapidement, une vague de frisson parcoure la foule, culminant sur ‘Pissing in a River’.

Pas radine pour deux sous, la légende offre son tube ‘Because The Night’ avec un plaisir manifeste, embraye avec un concours de cris de loups à la pleine lune sur ‘Benga’, et clôt sur l’imparable ‘People have the Power’. Avec ce morceau chargé d’espoir, on part convaincu que tout est désormais possible.
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Fka Twigs

Forcément, après Patti Smith, c’est un peu difficile de se plonger dans la musique minimaliste de FKA Twigs. On observe la chanteuse onduler, habiter ses compositions à tendance tribale. Elle est touchante, on a très envie d’apprécier mais sa manière de respirer lourdement entre chaque phrase lasse rapidement. Et même si sa voix suave vient contrecarrer les crépitements peu agréables, il est difficile de se laisser porter par cette soul sur fond de déflagration.

Entre la voix de robot et la lourde couche de réverbération, on en vient à se demander si tous ces effets ne sont pas de la poudre aux yeux pour cacher la vacuité des morceaux. Le doute devient plus sérieux quand surviennent des vocalises : sont-elles interprétées par l’artiste ou l’ordinateur ? Et au final, c’est l’indifférence qui prime.
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Interpol

Résumé des épisodes précédents. Pour ceux qui n’avaient pas suivi, le groupe Interpol, qui s’était surtout fait connaître en 2004 avec Antics, s’était mis en pause en 2011, suite à une grosse tournée avec U2. Finalement, le bassiste a quitté le groupe, mais Paul Banks et les deux autres ont décidé de continuer l’aventure, pour présenter El Pintor (anagramme de leur nom), leur cinquième album.

La fumée monte sur la scène, en fond, la pochette de l’album reste statique. Les membres du groupe aussi, Interpol n’étant pas non plus réputé pour des performances scéniques ébouriffantes. Un « hello » se perd en écho et Paul Banks se lance de sa voix grave et sentencieuse dans un de leurs tout premiers ‘Say Hello To The Angels’ au flot très rapide. Mais rapidement, le chanteur reprend ce ton blasé qui le caractérise.

La froideur de leurs compositions, la guitare qui ne cherche à aucun moment à rencontrer la mélodie, et ce timbre nasillard font que rapidement on a le sentiment de tourner en rond. Même le charmant leader ne semble avoir qu’une seule expression de visage : impénétrable ! Et leur style de rockeur à grosse guitare, jambes écartes et cuir tanné, n’a pas aussi bien vieilli qu’ils ne l’avaient espéré. Si on apprécie la puissance des compositions, ils font l’effet de bulldozers sans aucune nuance.
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The Juan MacLean

C’est la nostalgie qui pousse la foule vers la scène Superbock. En effet, Juan MacLean a longtemps collaboré avec James Murphy : c’est le fondateur du label DFA lui-même qui l’a poussé à continuer la musique malgré une série d’incidents parfois funèbres. Et sur scène, c’est Nancy Whang de feu-LCD Soundsystem qui l’accompagne. Donc on est parti pour du dance-punk dans les règles de l’art new-yorkais.

Bien entendu, les compositions sont fortement marquées par l’esprit des années 90, voire 80, quand le fantôme de K2000 se met à planer sur ‘The Simple Life’. L’ambiance est donc à l’euro-dance, avec tambourin doré et embrouillamini d’éléments tous plus efficaces les uns que les autres. Les références fusent, du batteur au look de OK Go! sur son tapis de course, à à la chanteuse qui prend des airs de Miss Kittin de seconde zone sur ‘No Time’.

Au final, c’est marrant, ça fait danser la foule déjà bien éméchée, et c’est une jolie manière de se préparer au set de Caribou.
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Caribou

Certes, il est désormais impossible de croiser un festival sans voir Caribou à l’affiche, et le set sera classique, on le sait, mais ce n’est pas une raison pour ne pas se délecter de l’obsessionnelle musique de Dan Snaith. Dès l’introduction de ‘Our Love’, douce mais déterminée, on sait qu’on peut se laisser aller. La montée est graduelle, voire subtile sur ‘Mars’, pour mener tranquillement au bouillonnant ‘All I Ever Need’.

Le public est un peu mou, mais finalement, la musique de Caribou est très introspective, surtout sur ‘Bowls’. Enfin, après 40 minutes de set, le groupe se lance dans un déferlement de singles : la foule explose de joie sur ‘Jamelia’, frise l’hystérie sur ‘Odessa’, les sourires fleurissent sur ‘Your Love Will Set You Free’, et applaudissement se font assourdissants sur ‘Can’t Do Without You’. Dan Snaith remercie chaleureusement avant de partir dans un final éclatant sur un ‘Sun’ sans fin.

En somme, rien de nouveau, mais c’est toujours un réel plaisir.
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Remerciements : Aymeric [City Slang]

Catégorie : A la une, Reportages
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4 réactions »

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