Rock en Seine 2013 – Jour 3

Troisième jour à Rock en Seine, et ça a beau être dimanche, on a pas le temps de chômer. On craint la pluie mais elle sait se faire attendre… Du coup, on arrive à temps pour trembler sur St.Lô, on découvre enfin Poliça en live, on apprécie le talent de Wall of Death, on rit avec eels, on a l’impression de partager une bière avec Parquet Courts, on se laisse tenter par Chvrches et on s’éclate sur System of A Down.

St.Lô

On pensait que l’obscurité serait plus propice à St. Lô et contre toute attente, même en plein après-midi, ils arrivent à maintenir la tension, à agripper l’attention. Arborant une magnifique crête décolorée – assortie à sa chemise jaune-, Ms. Walidah saute tel un démon hors de sa boîte. Cet ancien MC de Brooklyn donne toute son âme au projet de La Bande Magnétique, pour transformer leurs compositions électro en trip-hop à tendance psychopathe. On a hâte d’entendre la transformation de leur essai sur le format album.
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Polica

Le quatuor américain était déjà passé aux Eurockéennes de Belfort l’année dernière, lorsque leur premier album Give you the Ghost était encore tout frais. Les superlatifs avaient alors fusé, tant leur prestation était magnétique. Or, après leur performance, soit le groupe s’est asséché au fil d’une longue tournée, soit beaucoup dans le public se sont laissé aveugler par le physique de la chanteuse. Parce que c’est pas non plus décoiffant, et la plupart du temps, on ne voit pas bien l’intérêt de la double batterie… au moins le bassiste est à fond, lui.
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Wall of Death

En dépit d’un nom qui induit en erreur (leur musique est loin d’engendrer ce type de mouvement de foule), le trio a réussi à se forger une belle crédibilité. C’est sûrement grâce à une double validation : la signature Born Bad Records, et l’adoubement par The Black Angels. Clairement, tout sur scène crie psyché : des douze cordes aux synthés vintage en passant par le look des musiciens. On notera surtout la performance d’un batteur exalté, qui réussit l’exploit de manier guitare et baguettes en même temps. A revoir au Austin Psych Fest d’Angers, aka Levitation France, les 20 et 21 septembre prochain.
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eels

A chaque tournée, Mr. E trouve une nouvelle tenue. Cette année, il a décidé de surprendre tout le monde en débarquant en survêtement à trois bandes – avec les lunettes de soleil pour garder une touche rock’n’roll. Après ‘Cancer for the Cure’, un vieux morceau d’Electro-Shock Blues, pour mettre tout le monde dans le bain, le groupe se lance dans leur dernier album, Wonderful, Glorious, qu’il parsème de titres de sa discographie. Pêle-mêle, on retrouve du Shootenanny, du Hombre Lobo de sa récente trilogie, ou du Souljacker. C’est ainsi que ‘Fresh Feeling’ s’enchaîne avec ‘Fresh Blood’. L’ensemble paraît un peu bancal, mais le public ne résiste pas à la déferlante de rock qui s’abat sur la grande scène.

Entre deux cris, Mr. E fait un câlin à ses musiciens, leur compose des odes improvisées… ou pas ! La mise en scène est rodée, peut-être un poil trop. Mais le compositeur qui se traine une réputation de dépressif depuis une quinzaine d’année réussit ici à contredire tous ceux qui pensaient le connaître après avoir lu sa bio. Le public se régale d’un petit clin d’œil à Fleetwood Mac, et d’un autre plus évident aux Beatles, qui permet à tous de reprendre en choeur. Pour finir sur l’ultime et désormais presque traditionnel mash-up de ‘My Beloved Monster’ avec ‘Mr. E’s Beautiful Blues’.
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Parquet Courts

Les Américains ont décidément blindé cette tournée européenne. Après les Eurockéennes et la Route du Rock, les revoilà à Rock en Seine. Et ça marche tellement bien pour eux, qu’ils sont déjà rebookés pour le 26 octobre à la Maroquinerie. Chez eux ça marche aussi pas mal, puisqu’ils s’apprêtent à assurer la première partie des Pixies à New-York…

Sur scène, le groupe est brouillon (même si plus développé que leur album au son très cru) mais intense. Intuitifs, ils jouent avec les aléas, que les larsens soient voulus ou non. Par contre, ils prennent leur attitude punk très au sérieux. Hors de question de jouer avec le public ou d’inventer une mise en scène, Si Austin a bien envie de s’éclater, Andrew est clairement là pour cracher ses tripes, pas pour s’amuser !
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Chvrches

Sans mauvais jeu de mot, l’intro de Chvrches fait penser à une messe. Il faut bien admettre que leur musique ne manque pas de réverbérations, mais la voix d’outre-tombe était-elle nécessaire ? Le contraste est à son paroxysme quand débarque la fluette chanteuse. C’est d’ailleurs pour équilibrer leur son face à son chant délicat que Ian et Martin ont renforcé l’agressivité des basses sur leurs compositions pourtant très marquées années 80.

Ravie de pouvoir exercer son peu de français, l’enthousiaste Lauren se met à échanger volubilement avec le public. Mais les deux musiciens ne l’entendent pas de cette oreille et lui coupent la parole avec les machines. Néanmoins, lorsque Ian, qui devait initialement devenir le chanteur, reprend le micro pour une chanson, on comprend pourquoi Martin s’est tourné vers Lauren, qui a moins de présence mais plus de charmes. Parce qu’au final, leur single est gentil et dansant mais c’est pas le groupe de l’année non plus.
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System Of A Down

Après une jolie frayeur de presque cinq ans, System Of A Down a repris le chemin des tournées, à défaut de celui des studios. Et pour indiquer qu’avec le temps rien n’a changé, le groupe donne le la en jouant ‘Aerials’ en guise d’introduction. Le public réagit très bien, et accompagne joyeusement Serj Tankian dans ses vocalises d’opéra.

Sur des tapis d’Arménie, SOAD alterne metal et psycho, avec un Shavo toujours aussi espiègle à la basse et un Serj toujours aussi impliqué. Avec des yeux de fou, pris par son histoire, le conteur a à cœur de captiver son auditoire. Et quand la foule scande leur nom sur ‘Radio/Video’, Daron Malakian tombe son masque impassible pour remercie timidement mais chaleureusement le public.

Si des désaccords les ont séparés, ils n’en montrent rien et leur plaisir à partager la scène est manifeste. Et malgré le poids des années, SOAD ne s’est pas ramolli, comme le prouve le ‘Needles’, dont la foule reprend le « pull the tape out of your ass ». Les souvenirs affluent, presque intacts, juste teintés d’un plaisir coupable adolescent. Mais à voir Daron et Serj danser et tournoyer sur ‘Chop Suey’, ou les clins d’œil de John Dolmayan sur leur reprise de Donna Summer, on se laisse aller. La franche camaraderie est de mise puisqu’on souhaite même l’anniversaire au roadie sur ‘Lonely Day’.

Après la douceur de ‘Question!’, SOAD enchaîne avec ‘A.D.D’, qui porte bien son nom. Daron se tape un petit délire sur ‘Cigaro’ puis demande trois féroces circle pits sur ‘Toxicity’. Le final sur ‘Sugar’ est brutal, on en demande encore, mais John envoie déjà toutes ses baguettes aux quatre coins de l’immense fosse de la Grande Scène…
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Remerciements : Marion (Ephelide)

Catégorie : A la une, Concerts
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