Entretien avec Giana Factory

Au début du mois de juin, The Raveonettes étaient en concert à Paris. Du coup, Giana Factory en profitait pour venir séjourner une petite semaine et donner plusieurs concerts dans de petites salles parisiennes. Le Transistor est allé déjeuner avec ces charmantes Danoises pour en apprendre plus.

Giana Factory

L’histoire a commencé quand Sharin Fo, la sœur de Louise et chanteuse de The Raveonettes est tombée enceinte. « En fait, on avait déjà un groupe. On avait déjà écrit des chansons, en 2007, quand on était parties quelques mois à New-York pour composer. Puis on est revenues sur Copenhague, et on a continué à se voir tous les jours pour jouer, répéter et peu à peu trouver notre son. On se retrouvait dans un studio situé dans une usine – c’est qui a inspiré notre nom. »

Giana Factory

Giana Factory avait un répertoire de chansons mais n’avait jamais donné de concerts. Louise continue l’histoire : « En 2008, ma soeur est tombée enceinte, donc je l’ai remplacée pour la tournée des Raveonettes. Et c’est à Londres, que James Allen de Glasvegas nous a vues. Après le concert, on était tranquillement dans les coulisses, quand James nous a demandé si on avait notre propre groupe. Il nous propose alors de jouer en première partie de son concert de Glasvegas, quinze jours plus tard, dans une des plus grandes salles de Copenhague. » Elles ont alors sauté sur l’occasion. Le concert ayant été un succès, les Giana Factory ont suivi le groupe écossais pour une tournée en Europe.

Leur premier album est sorti en novembre 2010 – mais seulement au Danemark. Il s’intitule, Save The Youth, les filles expliquent ce titre. « C’est pas une déclaration, c’est plus une question, peut-être ? Chacun peut trouver la signification. On aimait les mots – ça vient d’une de nos chansons, ‘Pixelated Truth’, mais c’est complètement hors contexte. Les paroles complètes c’est :‘By the way, somebody please save the youth’. Mais pour nous, les paroles sont ouvertes à interprétation – on ne donne pas la réponse, il faut lire entre les lignes, il faut chercher les clés pour découvrir la signification. On dit pas aux gens quoi penser, chacun doit créer sa propre histoire, sa propre vérité en faisant travailler son imagination. »

Sur leur EP, Bloody Game, se trouve ‘Rainbow Girl’, la première chanson que les filles ont composée ensemble. « On était en train de jammer, et ça faisait des mois qu’on répétait ensemble, mais là c’était la première fois qu’on ressentait qu’on avait trouvé notre direction. On s’est tournées les unes vers les autres, et on s’est exclamées : ‘On a trouvé notre son !’ Il y avait tous les éléments : le beat continu et atmosphérique, les guitares qui donnent l’impression de flotter mais noisy en même temps, et la basse un peu à la traîne et entraînante à la fois ! Parfait ! On aimait les différentes couches musicales, mais aussi la manière dont les mélodies s’entremêlent, le tout dans un style minimaliste. »

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Leur musique, très froide, exprime une ébullition d’émotions difficile à saisir. « C’est individuel. On met chacune de nos émotions dans une chanson : on cherche à faire rentrer les gens dans notre univers. On veut emmener les gens en voyage, dans un espace de réflexion, pour les faire entrer en contact avec leurs propres émotions. Mais on aime aussi pénétrer un espace plus sombre, un peu effrayant… on est pas un groupe joyeux – même si dans la noirceur, il y a des éléments d’espoir. On veut pas donner des coups dans le ventre, il y a des petites lumières rassurantes. C’est pas de l’emo !! (rires) On aime les contrastes, la base peut être lourde, mais la couche musicale suivante va être beaucoup plus légère : ça fait appel aux sens. »

Giana Factory a donc la chance de compter la sœur des Raveonettes dans le groupe et aussi la guitariste de Trentemoller, Lisbet. « On est très actives, on fait pas mal de concerts. Mais ça vient du contexte et de l’aide de quelques groupes. Les premières parties nous ont beaucoup aidées à exposer notre musique, rencontrer des fans – ou même juste avoir des fans, ça nous a donné de l’expérience, mais une tournée c’est aussi de très bons moments. » De ces premières parties, elles ont formulé un concept : chaque mois, elles proposent une de leurs chansons remixée par un artiste. « Les artistes ne sont pas choisis au hasard, c’est uniquement ceux avec qui on a voyagé d’une manière ou d’une autre. Quand on fait une tournée avec un groupe, on commence à bien connaître leur musique. Tous les soirs tu entends les mêmes chansons, donc tu commences à les chanter en coulisse. C’est une belle façon de collaborer, parce que tu as appris à réellement aimer leur musique. Et pour un groupe, c’est une vision différente de sa musique, de voir comment ils remixent nos chansons, mais surtout quelle chanson ils choisissent. »

Jamais à court de concept, elles ont organisé un concours pour créer un clip sous Second Life. « On a rencontré un garçon un peu bizarre qui nous a parlé de Second Life, et on y connaissait rien mais ça nous paraissait fou. On aimait bien l’idée de Machinima – c’est cette espère d’animation en 3-D. On avait cette chanson ‘Pixelated Truth’, qui est justement sur l’univers informatique, et donc on a proposé un concours. Et pour nous c’était pas mal de passer la main, de laisser d’autres personnes faire ce qu’elles veulent avec notre musique. En règle générale, on aime bien avoir le contrôle sur notre Artwork, on fait les vidéos et les pochettes nous-mêmes. C’est important de choisir méticuleusement ses visuels, mais aussi de parfois savoir lâcher prise »

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Au Danemark, le National Gallery of Copenhague les a invitées à participer à l’évènement Music Made by Art. « Ils ont invite six artistes à interpréter une œuvre d’art du XVIIe siècle. Nous on a choisi une un tableau de Nicolai Abildgaard, tiré de son travail sur Le Voyage Souterrain de Niels Klim -inspiré d’un roman de Ludvig Holberg. Et donc on a composé un morceau qui reflétait l’humeur de ce livre. Notre chanson fait huit minutes, on l’a jouée à l’inauguration, et les visiteurs pourront aussi l’écouter face aux tableaux. Mais on la joue aussi en concert, c’est un morceau comme un autre, juste un peu plus long… Le processus est très intéressant ! C’est comme les remixes,  pour nous c’est toujours une histoire d’interprétation. »

Réclame

Les Giana Factory sont à la recherche d’un label pour sortir Save The Youth à l’automne.


Remerciements : Julien & Marion

Catégorie : Entretiens
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