Razorlight ou Johnny Borrell ?

Razorlight ou Johnny Borrell là est la question. Après trois albums l’ayant mené au firmament de l’indie rock, Razorlight disparaît des ondes. Puis, à l’été 2010, un groupe inconnu au bataillon, les Bokononists, est annoncé en concert à la Flèche d’Or, avec pour toute indication le nom de Johnny Borrell entre parenthèse. Six mois plus tard, Razorlight revient pour boucler deux dates dans cette même salle. Mais que reste-t-il du groupe ?

En 2009, Andy Burrows, le batteur, quitte Razorlight pour monter I Am Arrows. Fin 2010, Björn Ågren et Carl Dalemo décident eux aussi d’en finir avec le groupe, soi-disant la suite de sessions d’enregistrements décevantes. Johnny Borrell est enfin seul maître à bord, et peut se consacrer à ses Bokononists. Mais loin d’un projet parallèle, comme il l’avait sous-entendu en entretien, Johnny Borrell et ses nouveaux compères n’avaient joué que deux nouvelles compositions sur la totalité du set de l’été dernier. Ce concert sous le nom d’une fausse religion l’été dernier était en fait une sorte de test de nouvelle formation, puisque ce sont les mêmes musiciens, Gus Robertson et Freddie Stitz, qu’on retrouve sur la scène de ma Flèche d’Or le 21 févrer 2011.

Johnny Borrell

Johnny Borrell

Ce soir-là, on retrouve un Johnny moins sous effets chimiques abusifs que pour la tournée Slipway Fires, et doté d’une barbe – sûrement pour casser cette image de minet qu’il traînait sur les tapis rouges en compagnie de ses conquêtes, toutes plus en vue les unes que les autres. Le set est monté en alternance systématique entre les nouvelles compositions et les vieux hits de Razorlight. Les fans sont là, mais la majorité de l’audience ne réagit pas plus que ça à l’écoute des titres déjà publiés. Ce sont quelques voix timides qui reprennent le refrain du fameux ‘Golden Touch‘ avec Johnny qui s’est vaillamment lancé dans un a cappella sans filet.

Quel est le but de Johnny Borrell ? A annoncer des concerts en presque dernière minute à la Flèche d’Or, il semble suivre une technique de son ancien collègue Doherty. Regrette-t-il d’avoir claqué la porte des Libertines ? Souhaiterait-il dépasser le succès fulgurant du groupe éclair ? Sauf que la réaction du public n’est pas celle escompté. Il se peut que ce soit parce que le nouveau style laisse perplexe, ou parce que les anciennes compositions sont expédiées au niveau du tempo. A l’étonnement du public, il reprend même ‘America‘ pour le plus grand bonheur de ses fans, cependant, il ne le chante pas, il le crache presque… Mais s’il crache sur ce qu’il a fait, il crache sur ceux qui ont aimé ce qu’il a fait.

On assiste en fait à un enterrement de Razorlight. Les nouveaux morceaux sont aux antipodes de sa pop aux subtils accents reggae. Les nouveaux membres sont d’excellents musiciens, mais ont de très nettes orientations à la Easy Rider. Les solos de guitare flirtent avec le hard rock, sans pour autant innover. Il semblent qu’ils n’aient pas changé de bandana depuis ‘Sweet Child O’ Mine‘. Johnny Borrell a-t-il eu une révélation ? Il fait monter des amis à lui sur scène, pour reprendre des morceaux très country… Il semble avoir trouvé son style de prédilection, mais peut-il pour autant continuer à appeler son groupe Razorlight ? Peut-être s’est-il rendu compte qu’il ne pouvait capitaliser sur ses Bokononists et que sans la promesse d’’In the Morning‘, sa fanbase durement acquise ne se déplacerait pas.


Remerciements : Gérald (Speakeasy)

Catégorie : A la une, Concerts
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12 réactions »

  • Annelise :

    Je suis entrain d’écrire mon article depuis tout à l’heure aussi, et il m’en ressort les mêmes conclusions que toi. “Enterrement de Razorlight”, c’est clairement ce que j’ai eu l’impression de vivre hier soir. Ca reste Johnny Borrell, ça reste une voix qui résonne Razorlight dans nos têtes, mais il est incontestable que ça n’a plus rien à voir. Le nom Razorlight n’est en effet peut-être plus réellement approprié.

  • alicia :

    C’est vrai que le style change, mais les tournants sont aussi ce que fait Borrell depuis le début, souvenez vous comme le premier album sonnait rock et le second la pop.

  • zikomagnes :

    RT @le_transistor [Article] Razorlight ou Johnny Borrell ? – http://www.letransistor.com/4962-concert

  • alicia :

    C’est vrai que le style change, mais les tournants sont aussi ce que fait Borrell depuis le début, souvenez vous comme le premier album sonnait rock et le second la pop.

  • agnes (author) :

    @Annelise : ça sonnait réellement Razorlight pour toi ? aucune sincérité dans son interprétation des vieux titres… je l’ai vu 3 fois en live, et pas une fois il a réussi à me faire vibrer comme en studio…

    @Alicia : il a fait des tournants, mais là c’est un virage. C’est réellement de la country avec des solos de guitare de hard-rock… rien à voir avec ce à quoi il nous a habitués

  • Rod :

    Donc Razorlight me plairait ENFIN … cool !

  • agnes (author) :

    @Rod : peut-être… ou pas hein ? 😀

  • Romain :

    En meme temps vous vous attendiez a quoi… Moi j’ai été bien content de voir les VRAIS Razorlight en 2008 au Summum à Grenoble, Carl nous a meme filé une san miguel a chacun et on a parlé pendant genre 2h de tout et de rien, vraiment sympa… Et quand j’écoute I Am Arrows, j’me dis que sans Andy, ni Carl ni la guitare de Bjorn… A quoi bon rester Razorlight :/

    Allez peace, meme si c’était trop prévisible, ragez pas trop d’être allé les voir 🙂

  • agnes (author) :

    @Romain : Je les ai vus en 2008 moi aussi, au Bataclan. Et Johnny avait l’air plus que shooté… à la limite d’un Julian Casablancas si tu vois ce que je veux dire. En juillet, j’ai bu une bière avec lui et les Bokononists, et au moins il avait l’air clean…

    Je rage pas d’être allée les voir. Je pense que c’est sain qu’Andy se soit cassé.
    Maintenant on est d’accord sur la conclusion : ce n’est plus du Razorlight 🙂

  • Guillaume :

    Je vous trouve tous un peu dur avec les concerts de la semaine dernière! Je connais assez bien Razorlight (mon 10e concert lundi dernier), et bien entendu j’ai été très surpris du virage rock US qu’a pris leur son, même si tout le laissait présager depuis quelques semaines (voir les différents blogs “officiels”). Je comprends totalement que l’on puisse être déçu en voyant apparaître sur scène un bassiste déguisé en Gun’s & Roses et un guitariste croyant clairement qu’il venait d’être engagé par les Eagles of Death Metal… Et pour ce qui est du batteur, Skully a l’air bien gentil, mais le costume de Andy Burrows est très grand, et il est très difficile de le remplacer…
    Pour autant, ce qui m’a le plus frappé, et que je n’avais pas vu depuis au moins 2006, c’est la bonne ambiance entre ces mecs sur scène. Lundi dernier, j’ai vu un groupe uni et qui se faisait plaisir sur scène, très loin de l’ambiance de merde qui semblait régner depuis 2006 ou 2007. Tous ceux qui les ont régulièrement vu sur scène n’ont pas pu ignorer le climat détestable qui pourrissait le groupe depuis un long moment. Je pense en particulier à Bjorn Agren : combien de fois l’ai-je vu complètement bourré sur scène, et jouant les morceaux n’importe comment en rigolant dans son coin… Pour moi, il y a longtemps qu’il a cessé d’être un membre de Razorlight, et son départ ne peut être que bénéfique pour l’avenir du groupe, si avenir il y a…
    Pour revenir sur le contenu du concert, la première chose qui me frappe, c’est la quantité de nouveaux titres qui ont été joués lundi dernier. Voilà qui nous montre que Johnny a encore de l’inspiration! Quant à savoir s’il s’agit encore de Razorlight, je trouve plutôt sain que le style évolue, car tout le monde change, et Borrell n’échappe pas à la règle. Certes, aujourd’hui la plupart des groupes obtenant un jour un succès continuent à faire la même chose parce que c’est vendeur, jusqu’à ce que le public se lasse et ne suive plus. Mais, les Rolling Stones de 1963-1966 n’ont rien à voir avec ceux de 1969-1972, ce qui ne les empêche pas dans les deux cas d’être ce qui s’est fait de mieux dans l’histoire du rock. Je pourrais citer de multiples exemples dans des styles très différents (Beatles, Bowie, Red Hot Chili Peppers) qui me font espérer que Razorlight peut peut-être aussi y parvenir… Et pour avoir entendu “In The City” la semaine dernière, je peux vous dire que je suis confiant : j’ai vu des tas de concerts dans ma vie, et je n’ai jamais rien écouté qui puisse rivaliser avec l’énergie et l’émotion que Razorlight déclenche à chaque fois en concert avec ce titre…
    Finalement, je crois que c’est ça le plus important : les nouveaux membres du groupe ne sont peut-être pas les plus grands musiciens du monde, ou les mieux adaptés à l’image qu’on se fait de ce que doit être Razorlight, mais j’ai pour ma part assisté à un concert où tous les musiciens étaient contents d’être là, et avaient envie de se faire plaisir et de donner le maximum. Borrell n’a pas oublié ses fans de la première heure, en jouant beaucoup de titres du premier album. Si il a expédié “America” et a occulté le dernier album, c’est peut-être (je l’espère!) parce qu’il a décidé de revenir aux racines de Razorlight, quand le groupe n’était pas encore une machine pop commerciale… Et ça, cela pourrait être la meilleure nouvelle musicale de cette année 2011 : vivement la sortie de l’album!

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