SxSW 2017 – lundi avec Doe, Oum Shatt, Maggie Koerner et Noel Wells

Premier jour à Austin, pour le festival South By Southwest. Le Transistor cherche encore ses marques, car si le festival de film et d’innovations numériques a déjà commencé, la musique ne commence que demain. En attendant, on a vu des showcases de A.S. Fanning, Tuomo & Markus, Maggie Koerner, Doe, Magic Island, Oum Shatt et assisté à la première mondiale de Mr Roosevelt, le premier film de Noël Wells (Saturday Night Live, Master of None…)

A.S. Fanning

Après le show très très rock de sa copine Candice Gordon (accessoirement co-fondatrice du label Proper Octopus avec lui), Stephen Fanning se lance dans un set beaucoup plus acoustique. Bien moins rentre dedans, l’Irlandais prend le temps de nous amener dans ses histoires. De sa voix très grave, il en impose alors qu’il est jeune, fin, et a l’air encore bien timide. La batterie assène chaque temps, mais le tempo reste lent, son chant lui-même traîne un peu, et avec les quelques sons d’orgues qui planent, on se croirait presque dans une murder ballad de Nick Cave.

Une fois le public installé confortablement – autant que faire se peut dans ce bar où ils ont oublié de couper la radio – A.S. Fanning sort son single, ‘Carmelita‘, chanson qui raconte Dublin la belle qu’il a quittée récemment pour embrasser Berlin. Puis sa voix se fait plus douce, quelques arpèges viennent donner un air féerique à ses compositions, c’est alors qu’il s’éclipse pour chercher son harmonica.

Le set se finit sur la très prenante ‘Dark Star’ mais le public aimerait danser, aussi pour faire bonne mesure l’Irlandais ressort une compo qu’aucun de ses ancêtres ne renierait, avec des paroles qu’on reprendrait bien en chœur.


Lire l’interview de A.S. Fanning

Tuomo & Markus

Dans un bar un peu plus classe, Le Transistor va découvrir Tuomo & Markus, le projet de l’artiste soul Tuomo Prättälä avec le songwriter Markus Nordenstreng de The Latebirds. C’est parti pour la Finlande du coup, mais l’appli SxSW nous annonce aussi des guests de renoms tels que John Stirratt de Wilco, John Convertino et Joey Burns de Calexico.

Sur scène, ce sont surtout les deux protagonistes qui s’échangent des compositions, chacun racontant une histoire à son tour. Après des questions philosophiques, le duo passe à des sujets plus légers, avec l’arrivée appréciée d’un trombone. « It’s never too late for one last round ». Puis on repart pour des beaux paysages scandinaves, avec le ‘Over the Rooftop’, tout en finesse, qui accueille un superbe solo de trompette, avant de s’éloigner vers de la pop plus libérée. Un véritable patchwork.

Maggie Koerner

Anecdote typique de SxSW, Le Transistor était venu à l’Empire pour voir Tameca Jones. Et si on vous en parle pas c’est parce qu’on a été déçu. Cela dit, on est resté dans les parages, et heureusement, parce qu’on est tombé par accident sur un excellent artiste : Maggie Koerner – l’ancienne chanteuse de Galactic (pour ceux qui connaissent la scène de la Nouvelle-Orléans). Petite blonde à la voix très chaude, elle a assuré les chœurs pour Charles Bradley, mais sur scène, son chant porte bien plus loin. En un instant, l’esprit de NOLA est convié, les musiciens sont comme possédés, et la température monte d’un cran.

De son regard de sorcière voodoo (ou de chat), Maggie Koerner a ensorcelé le public. Ou serait-ce de sa voix, qui se déchaîne sur une ligne effacée de guitare et à peine trois notes de clavier. Le batteur mime les paroles en attendant sagement son entrée, et démonte tout quand arrive le final. Dans la foule, un mec s’énerve que le public ne danse pas, et la sublime chanteuse de prendre la défense des festivaliers : chacun bouge comme il le sent. Finalement ce sera le déclencheur pour que chacun se laisse aller à ses compositions et sa performance si prenante.

Doe

Sur le papier, Doe représente tout ce que Le Transistor cherche à découvrir à SxSW. C’est un trio d’alt-pop, influencé par LVL UP (qu’on verra plus tard dans la semaine) et Dilly Dally. En plus, la chanteuse – au carré rose assorti à sa guitare – s’excuse du nom qu’ils ont choisi :c’est bien parti, Doe a de l’humour. Mais en fait, c’est tout ce qu’ils ont. Sur un ton pseudo-punk, les paroles sont balancées, pendant que le batteur et le guitariste semblent occupés à autre chose. Seule la chanteuse se préoccupe du public, le regardant droit dans les yeux, et agrémentant son chant de mimiques amusantes.

En fait, l’ensemble est assez incompréhensible, c’est comme si les parties ne collaient pas, de plus la chanteuse semble avoir du mal à se faire entendre du public, alors qu’elle crie bien fort. Certes, comme elle dit, ça fait du bien de se défouler, mais c’est pas la peine d’en faire une chanson. On sent bien l’influence de Nirvana, mais le jeune trio n’est pas encore à la hauteur de leurs références.

http://www.youtube.com/watch?v=k906IGbSaF

Magic Island

Encore un hasard d’agenda SxSW, en attendant Oum Shatt, on se retrouve à dîner au Barracuda (c’est gratuit c’est la German Haus qui régale de Kartoffelsalat). Magic Island, ce doit être le monde qu’elle s’est inventé pour se réfugier… La scène extérieure du bar devient une petite jungle, au sein de laquelle sa voix se fraye un chemin sur une musique minimaliste. La chanteuse, de profil par rapport au public, semble vouloir ignorer son existence, et tente de cacher tous ses tocs (à la manière du chanteur de Sleaford Mods…).

Au milieu de belles vocalises, Magic Island a le timbre de voix de Michael Jackson – mais qui subitement aurait décidé de faire du Björk. De manière complètement inattendue, elle part sur des rythmes 80s proche du dancefloor, et se fait violence pour descendre dans la foule. Mais elle revient rapidement à ses expérimentations musicales, à se frapper la tête pour éviter de bouger. Fascinant.

Oum Shatt

C’est l’histoire de Jonas Poppe, un DJ pas comme les autres, qui aimait à passer de la psyché turque des années 70 dans les clubs berlinois. Oum Shatt, si ça te dit quelque chose, c’est que tu les as croisés aux Trans Musicales en 2013. Après un court soundcheck (oui à Austin, ils croient pas aux balances en avance, ils font ça direct sur place – très agréable pour le public), la batterie s’impose rapidement, puis la guitare part dans un vibrato hypnotique. Une fois le batteur haletant, c’est la guitare qui décide de ruer dans les brancards – et voilà Oum Shatt parti pour faire grimper l’intensité, pour finir en criant.

Bientôt le chant – qui rappelle un peu les Franz Ferdinand – vient matraquer aussi fort que la batterie, pour accélérer de manière enivrante, et faire danser le Barracuda. Si toutes les compositions ont une forte influence de musique arabe, elles ne sont pas prévisibles, et surtout toutes entraînantes. Le set est malheureusement écourté pour des raisons techniques, mais se finit sur ‘Power to the Women of the Morning Shift’, bientôt repris en chœur par le public.

Mr Roosevelt

Le dimanche, alors qu’on errait en pleine lutte contre le décalage horaire, Le Transistor s’est retrouvé dans la file d’attente de la première mondiale de Mr. Roosevelt, le premier film de Noël Wells, que t’as dû croiser sur Saturday Night Live, ou dans la série Master of None (elle joue Rachel, la petite amie d’Azis Ansari). Et faut dire que rien que l’introduction, où elle raconte pourquoi elle est devenue comique, est hilarant.

En vrai, l’ambiance était bonne dans la salle, parce qu’elle a fait ses études à Austin, a tourné ce film dans la ville, et du coup fait des clins d’oeils à SxSW. Mis à part les nombreux soucis techniques (liés au 35 mm ?), c’est une comédie adorable et surtout très drôle, avec les hipsters qui s’en prennent bien évidemment plein la gueule (Austin, c’est un peu le Portland du Texas).

En fait, on a littéralement ri aux éclats. Avec une préférence pour les scènes de sexe très réelles, sans aucun glamour, une batteuse qui rock, jouée par Daniella Pineda (croisée entre autres dans Homeland). Et puis une référence à Clerks de Kevin Smith ! Aucune idée si le film va passer par chez nous, mais si ça passe sur Netflix, n’hésitez pas.




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