Pitchfork Music Festival 2015 – jeudi

Premier jour du Pitchfork Music Festival Paris à la Grande halle de La Villette. Le Transistor s’est baladé entre les deux scènes, glanant quelques découvertes au passage avec Kirin J. Callinan et Destroyer, puis se faisant plaisir en douceur avec Beach House, et cherchant à percer le mystère de Deerhunter. Mais il faut bien se l’avouer, la raison pour laquelle on était présent c’était pour s’en prendre plein le cœur avec les monumentaux Godspeed You! Black Emperor.

Kirin J. Callinan

Sur scène, un mec en marcel nous chante « just another song about love ». La chanson donne dans le classic glam rock bien FM, avec par-dessus un chant un peu faux (comme si c’était le thème de la soirée… ou une nouvelle tendance ?) Avec quelques jolies lumières, l’Australien arrive à instaurer une atmosphère typique d’une comédie musicale, mais jouée par une troupe d’étudiants non rodée. Petit à petit, on cède : ce son abrasif, ses cris répétés et ces voltiges de guitares impressionnent beaucoup. A tel point qu’on serait prêt à danser sur le dernier morceau.
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Destroyer

Sur scène, un Canadien en trench est en train de nous narrer sa vie sur des mélodies pianotées. L’air paumé, il semblerait presque aussi surpris que nous d’entendre les cuivres exploser pour briser l’ambiance jazzy de ‘Dream Lover’. Heureusement, pour faire bonne mesure rock, les solos de guitares reprennent bientôt le dessus. On se laisse rapidement gagner par ses compositions atmosphériques, qui en live sont bien plus élégantes que sur album.
Etonnant de se dire que Poison Season est déjà son onzième album ! Comment a-t-on pu passer à coté de Dan Bejar et de sa pop non-conformiste ?
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Godspeed You! Black Emperor

Comme affairés à s’accorder, les violons créent une ligne de tension, pour bientôt se retrouver à l’unisson et maintenir un lourd mur de son. Puis les musiciens se mettent à vibrer tous ensemble, et la composition commence lentement à prendre forme. L’atmosphère se dissipe brièvement, puis des coups de caisse claire résonnent pour rassembler les troupes et l’armée repart, violons en première ligne pour finir lacérés. C’est bien simple, dès l’harmonie trouvée, Godspeed You! Black Emperor se dépêche de la cramer.

On essaie de suivre le mouvement, entre lentes montées, volutes electro prenantes et décélérations à effet de cuir rapé. Mais surtout on se laisse assaillir par les milliers de détails qui parlent à chacun de nos sens, touchent chaque terminaison nerveuse. Et on finit par rendre les armes quand on assiste impuissants à l’échappée improbable de piano. On reste même interdit face à la déflagration qui se déroule au ralenti, car on sait l’impact imminent… Et une fois de plus Godspeed You! Black Emperor nous échappe, pour nous faire atterrir en plein désert, avec le vent qui pousse les bottes de poussière vers un horizon troublé par la chaleur.

Sous le coup de l’intensité, toute notre pilosité se met au garde à vous pour ces rock star qui en ont tout sauf l’air.
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Deerhunter

Ceci est un aveu d’échec : ce n’est pas ce soir qu’on arrivera à saisir l’engouement pour Deerhunter. Les compositions sont pop, légèrement entraînantes mais pas forcément intéressantes au point d’avoir envie de suivre les élucubrations de Bradford Cox – que ça ne dérange apparemment pas de chanter faux… – sur six albums. Et pour ceux qui disent que c’est dans les paroles qu’il faut chercher le message, lui même affirme dans une interview aux inRocKs qu’elles ne renferment aucune intention.
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Beach House

Le duo venait clore la première soirée avec élégance et force accompagnement de réverbération. Se cachant dans un contre-jour romantique, la chanteuse ne laissait apercevoir qu’une jolie silhouette pour laisser toute la place à sa voix et ses chansons. Place donc à la rêverie, hantée par les insaisissables mélodies – notamment sur ‘Beyond Love’. Et rien ne viendra briser le charme, pas même l’intervention de l’adorable Victoria Legrand. « Ca va l’amour ? Ca existe toujours ? » demande la muse.

Après l’explosion de Teen Dream en Europe, Beach House avait récidivé deux ans plus tard avec Bloom, et cette année propose un Depression Cherry et un Thank Your Lucky Stars deux mois plus tard. Le premier problème c’est que la douceur infinie de ce duo s’apprécie mieux chez soi, avec une tasse de thé, qu’avec des bières, au milieu d’alcoolisés en train de folâtrer torse nu. L’ambiance est donc ce soir à la fameuse prom night américaine, avec par moments, la voix éclatant (sur ‘Master of None’), histoire de réveiller ceux qui dans le fond se seraient endormis.

Le deuxième problème, c’est que force est de constater que… les mélodies se ressemblent énormément, à s’y méprendre même dans l’attente du titre qui sur album nous a chamboulé. Alors pourquoi sortir deux albums coup sur coup ?
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Lire le live report de Beach House au festival des inRocKs


Remerciements : Pauline [La Cadence]

Catégorie : A la une, Reportages
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