Entretien avec The Franklin Electric

Chaque année, le Québec nous envoie son lot de pop-folk merveilleuse. Cette année, il s’agit de The Franklin Eletric, le projet de Jon Matte, qui a joué avec Patrick Watson et tourné avec Half Moon Run. C’est donc dans les loges du Divan du Monde, où le groupe tentait de se concentrer avant son concert pour le MaMA festival, que Le Transistor est venu les déranger. On aurait pu parler de leur premier album This Is How I Let You Down, mais finalement, la discussion est partie sur la suite qui s’annonce imminente !

The Franklin Eletric

Pour ne pas tuer les stéréotypes, les Québécois se plaignent gentiment de notre pays. “Depuis qu’on est en France, on ne se nourrit que de croissants et de cafés crèmes. Mais comment vous faites sans le restaurants de petit déjeuner ? Il faut aller à la boulangerie, puis chez le primeurs pour les fruits et enfin se poser au café ! Pourquoi tout est séparé ?”

Jon Matte, qui n’est pas là pour parler gastronomie, se charge de recentrer le débat. “Le nouvel album n’est pas encore fini, mais on a eu une conversation il y a quelques jours à ce sujet. Kevin peut te raconter ce qu’il pense des nouvelles compositions, et ce qui les différencie du premier album… en deux ou trois phrases !
Kevin : Je pense être le membre du groupe qui connaît et joue avec Jon depuis le plus longtemps. On a même enregistré un album entier avant This Is How I Let You Down. Mais on l’a jamais sorti parce que le son ne nous convenait pas, c’était beaucoup plus pop-rock FM. En fait le producteur faisait beaucoup de musique de pub et de projets commerciaux. Donc finalement Jon a écrit de nouvelles chansons, et en quelques jours on avait This Is How I Let You Down.
De ce tout premier essai, The Franklin Electric n’a gardé qu’un seul morceau, ‘Old Piano’ qui avait reçu un prix de composition à Nashville.
Kevin : Nous avons abattu tout ce travail, pour finalement tout effacer. En somme, on a jeté tout de l’argent par les fenêtres, et ensuite on a investi encore plus d’argent pour avoir autant de temps qu’on voulait pour faire un véritable premier album. On aurait pu garder plus de morceaux, mais ce mec écrit trop de chansons de toute manière.”

Jon Matte est très exigeant par rapport à lui-même sur son travail de songwriter. “Quand j’écris une série de chansons, je vais me dire qu’elles sont géniales, et j’y crois ! Puis d’un coup, je réalise qu’elles sont superficielles, donc qu’il faut tout effacer. Ce que je cherche à faire, c’est des chansons captivantes et intemporelles si possible… Qui suscitent de réelles émotions. Mon ratio, c’est que quand j’en écris 50, je vais en avoir entre 2 et 5… ou peut-être 10 qui… ” Le compositeur ne marque pas de pause alors que le reste du groupe explose de rire. “… dont je vais être vraiment fier, qui ne m’empêcheront pas de dormir. Donc ce premier album qu’on a jeté, c’était peut-être pas la production qui posait problème, peut-être que ces morceaux avaient besoin de plus d’amour.”

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Pour le nouvel album en préparation, Jon Matte veut changer de son, tout en cherchant à garder son identité.
Kevin : Ce premier This Is How I Let You Down était très propre et très direct en même temps. Et maintenant, je pense que Jon aimerait développer un peu la production.
Jon : Il est aussi plus sombre.
Kevin : Les guitares sont plus electriques, plus vibrantes, et Jon a apporté de nouveaux éléments comme les synthés. On a discuté avec Jon, qui était inquiet de pouvoir garder…
Jon : la pureté.
Kevin : Bien évidemment, c’est très difficile, de maintenir une identité en dépit du changement, mais je ne suis pas inquiet. Je n’ai pas joué sur ces sessions, donc j’ai entendu que des chansons déjà enregistrées pour le moment. Je n’ai pas été inclus dans le processus, mais j’ai entendu ce qui existait déjà et je pense que cet album a déjà sa personnalité. On retrouve un peu moins ce côté folk-guitare acoustique léger et joyeux mais l’album prend une direction plus rêveuse.”
Pour Jon Matte, ce qui maintient la cohérence d’un album, c’est la voix. “Je pense que je pourrais chanter de la dance qu’on reconnaîtrait ma voix. Father John Misty a une chanson dance sur son album et ça marche : il n’y a pas de règles ! J’apprends au fur et à mesure, le tout c’est de faire de l’art, de l’aimer et de le présenter au monde. Et si ça tourne mal… Je veux dire quel est le pire truc qui peut arriver ? On meurt ? De toute manière on va tous mourir, donc quelle différence ça peut faire ? autant continuer !
Kevin : Oui donc comme on le disait, le nouvel album est un brin plus sombre ! (rires) ”

Les rumeurs disent pourtant que le producteur du deuxième album avait travaillé avec le producteur de The Head and The Heart.
Jon : On l’a viré. J’adore Let’s Be Still, l’album qu’il a fait avec The Head and the Heart, et le producteur Shawn Simmons est très cool… Non on l’a pas viré, je suis un connard. C’était juste que comme il est américain, il fallait toujours faire le déplacement de Seattle. Donc on a fini par travailler avec un mec de Montréal, pour avoir plus de temps. Et c’est moi qui vais produire l’album, avec l’aide de quelqu’un.”
Jon Matte admet avoir besoin de garder le contrôle sur son travail. “Il faut que j’ai les mains dans le cambouis, je ne peux pas me contenter de… Je suis un peu control freak, je peux pas laisser quelqu’un d’autre diriger le bateau. C’est pas un boulot facile de jouer le grand frère, mais je veux pouvoir me reconnaître dans la production. Je veux pouvoir me dire, dans dix ans, que ça reflète ce que je ressens, sinon, il faut freiner des quatre fers. Et peu importe si on gaspille de l’argent : c’est de l’art, il faut que ce soit honnête avant tout !”

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Jon Matte se prépare à bientôt retrouver les chansons qu’il a laissées en chantier avant la tournée. “Mes chansons représentent toujours mes récents bouleversements. Je crache mes expériences de vie pour en faire des chansons. C’est pour ça que le fait qu’on soit en tournée c’est un peu effrayant, parce qu’il y a des chansons qui m’attendent. Or je suis à un autre moment de ma vie, je suis pas dans le même état que quand je les ai commencées. Il va falloir que je revisite les sentiments éprouvés. C’est difficile de faire un bond dans le passé pour retrouver la personne qu’on était il y a deux mois et essayer de la comprendre.” En même temps, la pause peut s’avérer nécessaire pour bénéficier d’un recul sur son travail. “C’est effectivement une manière positive d’envisager cette étape. On va rentrer et c’est vrai que tout sera bien plus clair : ce sera facile de voir ce qui fonctionne pour pouvoir faire le tri. Et ça servira de moteur pour en écrire de nouvelles et finir l’album. Ca m’inspire parce que oui c’est effrayant de revisiter ces chansons, mais c’est vrai que je devrais être excité à l’idée de les retrouver !”

Réclame

This Is How I Let You Down, le premier album de The Franklin Electric, est paru chez Differ-Ant.
The Franklin Electric sera en concert le 4 novembre en première partie de Half Moon Run au Trabendo
Lire le compte rendu avec photos du concert de The Franklin Electric
Lire l’interview de Patrick Watson
Lire l’interview de Father John Misty


Remerciements : Jérémy Spellanzon

Catégorie : A la une, Entretiens
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Une réaction »

  • MaMA 2015 - jeudi - Le Transistor | Le Transistor :

    […] Quelque part, on se dit que le multi-instrumentiste a eu raison de vouloir tout contrôler pour son premier album This Is How I Let You Down. D’ailleurs, pour cette chanson phare de l’album, la version live est bien plus puissante en live ! A voir le 4 novembre en première partie de Half Moon Run. Lire l’interview de The Franklin Electric […]

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