Le festival Aurores Montréal

Cette année, un tout nouveau festival parisien est né ! Il s’agit d’Aurores Montréal, le premier festival francophone des Musiques Actuelles Québécoises. Les concerts se dérouleront du 30 avril au 4 mai, entre le Divan du Monde et la Dame de Canton, avec une soirée spéciale au Printemps de Bourges. Le Transistor a rencontré Elodie Mermoz et Florent Bony pour discuter des enjeux et des envies de ce nouveau rendez-vous culturel.

La date fatidique approche, il y a encore beaucoup de choses à peaufiner. Florent s’exclame en riant : « C’est terminé les festivals de musique, on en a ras-le-bol : l’année prochaine on monte une foire aux vins ! »

Première édition Aurores Montréal du 30 avril au 3 mai 2013

Pour se lancer dans le 246e (à peu près) festival de musique contemporaine en France, il faut être passionné. Ici, c’est leur amour de la scène québécoise qui les a réunis. Florent raconte son premier coup de cœur. « Pour chaque personne de l’équipe c’est quelque chose de différent, mais moi c’est Karkwa qui m’a fait rentrer dans le truc, quand je les ai vus en live ça a été flagrant. Après je me suis intéressé aux autres groupes : Monogrenade – qui ressemble à Karkwa mais qui est très chouette quand même-, Arianne Moffatt ou Marie-Pierre Arthur. Et puis il y a aussi la scène anglo de Montréal… » Néanmoins, la programmation de cette première édition se concentre sur les artistes francophones. « C’est vrai que c’est frustrant : il y a tellement de bons groupes anglophones, on envisage d’élargie les années suivantes. Mais c’est vrai que cette année on voulait avoir un parti pris. Parce qu’on est amateurs de projets francophones : on fait très attention aux textes. Donc ça nous paraissait logique de cadrer le festival sur cet aspect. »

Le but d’Aurores Montréal, c’est de s’adresser aussi bien aux Québécois qu’aux Français. « On voulait pas non plus entrer dans la caricature, c’est pour ça qu’on a pas opté pour le Caribou festival. On a choisi Salomé Leclerc parce qu’elle assume ses influences anglo-saxonnes : c’est du pop-rock avec de très beaux textes en français. Elle incarne mieux la génération, le dynamisme de la scène québécoise. » Mais aussi, dans un sens, influencer la scène musicale française. « Pour des milliards de gens, la chanson française c’est pas très électrique, un peu statique… Donc c’est pour faire comprendre aux gens que tu peux faire du rock et chanter en français, c’est pas antinomique. Après c’est plus simple pour les Québecois parce qu’ils sont géographiquement et historiquement entre deux cultures.
Elodie : C’est pas péjoratif de notre part, on est des grands fans de chanson. Mais c’est aussi pour dire qu’il y a une autre chanson française possible.
Florent : Pour la nouvelle scène française ces 10 dernières années, c’est soit du rock à la Noir Désir, mais qui est en fait un mauvais copié-collé, soit carrément de la variété. Donc ça manque : il n’y a pas énormément de gens qui font de la chanson avec une valorisation des textes et qui arrivent à avoir des influences musicales vraiment intéressantes. »

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Aurores Montréal souhaitent mettre en avant la richesse de cette scène québécoise.
« Finalement, il y a beaucoup de Québécois qui viennent à paris, mais les concerts sont très éclaté dans le temps, rien n’est fédéré. Les publics ne se rendent pas compte de l’unité de cette scène, ils aiment un groupe mais ils s’intéressent pas à la scène québécoise. L’intérêt c’était d’avoir une semaine intense, pour pouvoir s’immerger dans la culture québécoise, rencontrer les artistes, passer du temps avec eux parce que c’est là qu’ils sont très très forts : c’est qu’en général, ils viennent pas juste jouer, il y a un après-concert, qui est très humain. »

Pour établir leur programmation, Aurores Montréal ont privilégié les artistes en tournée européennes. « Ils rêvent de se développer en France, c’est pour ça qu’ils se rendent disponibles. Il n’y a que le résultat qui compte à leurs yeux : les Québécois ne se disent pas que Ariane Moffatt a réussi grâce à son duo avec -M-, ils se disent juste que c’est possible. Avec Pierre Lapointe, qui marche pas mal en France, ils ont donné beaucoup de courage au reste de la scène québécoise.
Florent : Ensuite, on a aidé à monter leurs tournées, car à partir du moment où ils ont cinq dates en Europe, même dans un café-concert, les artistes québécois bénéficient d’une aide : leur billet d’avion est pris en charge. Donc quand il leur manquait des dates pour combler, on leur a donné un coup de pouce. »

En moins d’un an, Elodie et Florent ont réussi à monter un festival parisien. « Un an c’est trop court ! C’est très peu pour lever des fonds et monter une programmation. En plus, on est une toute petite équipe avec d’autres activités à côté. Mais franchement on est hyper contents du résultat pour une première année ! Alors on a rencontré beaucoup de difficultés mais par contre côté programmation, on a à peu près ce dont on rêvait. Déjà Ariane Moffatt a accepté d’être notre marraine, et puis Marie-Pierre Arthur qui s’est jointe à nous alors qu’elle est très demandée : on a exactement les noms qu’on voulait. »

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L’ambition d’Aurores Montréal dépasse le simple stade du festival. « On a envie de créer des passerelles, on essaie d’être une colonne vertébrale, pour rapprocher les cousins des deux côtés de l’Atlantique.
Florent : De plus en plus, on se positionne de manière un peu informelle comme des intermédiaires privilégiés des artistes québécois. Bien qu’on soit en relation avec des tourneurs, des gérants, des labels, et parfois des programmateurs, on est aussi en relation directe avec les artistes. Que ce soit parce qu’on a déjà travaillé avec eux par le passé ou parce qu’on est allés pas mal de fois voir comment ça se passe sur place. Donc on est comme une interface pour ceux qui veulent tourner en Europe…
Elodie : Ce festival cristallise de manière officielle notre projet, notre envie et nos goûts, mais après on va essayer de faire vivre le projet le plus possible. Par la suite, il y a des dates qui vont exister hors festival mais qui seront labellisées Aurores Montréal, que ce soit parce qu’on aura porté la com d’un projet ou parce que ce sera un artiste qu’on a programmé.
Florent : On a vraiment envie de faire exister Aurores Montréal comme une étiquette, un gage de qualité, un label. Pas un label dans le sens maison de disque, mais un peu comme un saucisson label rouge ! »

Réclame

Le festival Aurores Montréal se déroule du 30 avril au 4 mai 2013.
Le plateau au Printemps de Bourges recevra Marie-Pierre Arthur, Salomé Leclerc et Arianne Moffatt le samedi 27 avril à l’Auditorium.
On vous annonce la prog complète la semaine prochaine – avec une surprise ! Stay Tuned.
Lire l’interview de Karkwa
Lire le live report de Karkwa aux Eurockéennes
Voir la session de Karkwa
Lire le live report de la soirée M comme Montréal au festival des inRocKs
Lire le live report de Monogrenade au Printemps de Bourges


Remerciements : Loic Suty (Montréal, QC)

Catégorie : A la une, Près de chez toi
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