Entretien avec 1995

Le Printemps de Bourges brasse les genres. Ce qui permet au Transistor de croiser le chemin de 1995. Et comme ils sont programmés à tous les festivals cet été, il est temps de faire connaissance avec la nouvelle génération rap. Rencontre avec Fonky Flav’ et Alpha Wann de Un Neuf Neuf Cinq.

1995

Le son de 1995 est frais, avec eux un souffle nouveau parcourt le rap. « C’est juste que d’habitude c’était toujours le même rap qui était à la télévision. Alors qu’il y a tellement de sorte de variétés de rap différents. C’est toujours le même discours : le rap c’est obligatoirement un truc revendicatif sinon ce n’est pas du vrai rap. Mais c’est pas ça en vrai. »

Entretien avec 1995

Entretien avec 1995

Pour 1995, il n’y a plein de style de rap. « Le rap c’est comme les autres musiques, donc quand un rappeur fait ses chansons, des fois y’a des moments on est tristes, des fois on est heureux. Des fois on veut entendre des trucs contestataires, des fois on veut des trucs drôles. Donc y’a des milliards de façon… Tant que le rap est bien fait, ça reste du rap. » Le collectif déplore que la France n’ait qu’une image : celle du rap des cités. « Le mec des cités qui veut parler de son quotidien, s’il le fait bien, ça te touche et c’est mortel. Mais y’a d’autres choses, faudrait que les programmateurs de radio évitent de sélectionner le seul morceau sur le disque qui parle de ça, qu’il faut qu’ils sélectionnent des artistes qui sont un peu plus ouverts. »

Le collectif 1995 fait partie de ces rares groupes de rap très accessibles. « On se rend compte que c’est de la musique avant tout. Y’a différents styles de musique et ça peut se segmenter à l’infini, mais à la base, ça reste de la musique. I AM qui fait un bête de morceau, peu importe que ce soit du rap ou quoi, c’est un bête de morceau de musique. » Pour Alpha Wann, leur image joue en leur faveur. « On est jeunes, on a des petites têtes, on doit plaire à l’image. En plus, on a des gens de différentes ethnies, et on reflète un peu la France j’ai envie de dire. Mais c’est pas un calcul non plus, c’est un hasard. »
Fonky Flav’ : Nous on reste nous-même quoi.
Alpha Wann : Parce que le vrai rap, c’est reste toi-même.
Fonky Flav’ : On essaie pas de donner une image. On nous pose une question, on répond franchement. On a pas eu besoin d’avoir un relai médiatique pour remplir des scènes.

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Ce succès leur a permis de monter leur propre label. « Au début c’était pas une volonté profonde. Pour être honnêtes au tout début, on est passés par différentes petites structures… Mais on voulait faire un disque nous-même et le distribuer mais dans la rue ou dans le métro, parce qu’on rappait beaucoup dans le métro à l’époque. » Mais finalement, les choses ont bougé plus rapidement que prévu. « On est pas du genre à aller demander à untel une avance pour un studio, on a fait avec ce qu’on avait, on a optimisé, on a avancé seuls en utilisant nos capacités à fond. Et puis on s’est rendu compte quand on a fait le bilan après la sortie du premier disque, dès la première semaine on était 23e au top physique et 9e au top iTunes. »

La tournée s’est organisée d’elle-même sans aucun tourneur. « On s’est dit que ce qu’on avait fait c’était quand même cool alors qu’on a aucune expérience. Du coup, au lieu de rentrer dans un label ou de se mettre dans un circuit traditionnel avec un manager qui nous aurait ramené vers ses contacts, on s’est dit qu’on allait faire les choses par nous-mêmes. » 1995 a donc fondé Undoubleneufcinq. « Cette structure produit les disques et les clips, co-édite nos morceaux, ensuite les disques ils sont distribués par Universal, le label Polydor, et on co-produit notre tournée, on gère notre merchandising. C’est le nerf de tout notre business. »

Le collectif s’est formé il y a à peine quatre ans mais ils connaissent déjà bien les ficelles du métier. « On a eu toutes les carottes possibles : sur la scène, les éditions, les disques, le merchandising. Sur tout. Heureusement c’était au tout début, ça nous a permis de nous dégager assez vite. Et maintenant on est super avertis. » Ils ont donc pris leur temps pour choisir leurs partenaires. « C’est cool de travailler avec plein de gens différents parce que quand t’es dans une maison de skeuds et que t’es le seul à défendre tes intérêts, s’ils sont pas d’accord avec toi t’es foutu. »

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Jusqu’à présent, le collectif a sorti deux EP : La Source et La Suite. « C’était le plan. Parce que nous y’a des albums qu’on a écouté qu’on aime tellement qu’on sait ce que c’est qu’un album classique, un gros album de rap. Donc on se sentait pas prêts. » 1995 a préféré attendre avant de se lancer pour le premier album. « On voulait être sûr d’être à fond, de maîtriser le truc de A à Z, avoir la technique. T’arrives avec un premier album mal mixé par exemple, tu t’en voudras toute ta vie. »

Maintenant, ils commencent à bosser ce fameux premier opus. Fonky Flav’ explique la démarche de composition. « Niveau créa, on est assez exigeants sur le choix de la prod, parce qu’on est six à choisir. Après on se détermine un thème et on écrit. On enregistre, et ensuite on se met ensemble pour réfléchir sur le refrain, ou alors comme sur ‘Comme Un Grand’, Alpha Wann est arrivé avec un refrain qui direct nous a plu. »
Alpha Wann intervient : « La vérité sur ce morceau, je voulais plus écrire dessus, parce que Nekfeu avait un plus grand couplet et je croyais qu’on devait se contenir à seize mesures. Donc quand j’ai appris que je m’étais fait carotter, j’ai dit que je faisais le refrain ou que le groupe n’existait plus. Et on peut pas se priver du Noir du groupe. »

Réclame

Le dernier EP de 1995, La Suite, est sorti chez Undoubleneufcinq/Polydor.
Le collectif 1995 sera en concert au Weekend des Curiosités de Toulouse, à La Cooperative de Mai le 26 mai, au festival Garorock, aux Solidays, au Rock dans tous ses Etats, aux Eurocks, aux Vieilles Charrues, et à l’Olympia le 29 octobre.


Remerciements : Antoine (Opus 64)

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