Entretien avec Hanni El Khatib

Hanni El Khatib a récemment débarqué avec son premier album Will The Guns Come Out, et a subitement raflé les médias. Après un passage remarqué aux festival des Inrocks Black XS, il remplace désormais au pied levé l’artiste iranien Kourosh Yaghmaei aux Trans Musicales. Le Transistor a voulu rencontrer cet artiste féru des années 50 jusqu’au bout des mèches enduites de gomina, pour savoir ce qui se cachait derrière cette image de lover.

Hanni El Khatib

Avec Will The Guns Come Out, Hanni El Khatib semble réaliser un vieux rêve de gamin. « J’avais pas prévu d’avoir de label, ou de sortir un album. Je voulais juste enregistrer la musique pour moi et à la limite faire quelques concerts. Ce n’est qu’après mon premier concert que je me suis dit, peut-être que j’ai envie de continuer à jouer de la musique… Les chansons, je les ai enregistrées le soir après le boulot, chez des amis, ou le weekend. C’était surtout pour moi… »

Entretien avec Hanni El Khatib

Entretien avec Hanni El Khatib

Hanni El Khatib ne recherchait pourtant pas la gloire, juste un accomplissement personnel. « Mon but c’était de faire un zine – sorte de magazine fait à partir de photocopies maison – qui complèterait les chansons, et de distribuer le tout gratuitement. Donc c’est ce que j’ai fait, et un des zines a atterri dans les mains d’un des DA de Innovative Leisure, un label américain. Et de là… c’est comme ça que j’ai signé et que j’ai commencé à tourner. Mais à la base, je l’ai juste fait pour pouvoir dire que je l’avais fait, et pour le donner autour de moi. »

Toute sa philosophie de vie est fondée sur un principe simple. « Ma vie est basé sur un modèle : faire ce que j’ai envie de faire. Et si je peux en vivre et payer le loyer, c’est le signe que je vais dans la bonne direction. Je n’ai jamais voulu rester coincé à faire un sale boulot que je déteste. Je préfère être pauvre mais faire ce que j’aime. J’ai toujours été comme ça. » D’où ce côté très impulsif qui se ressent dans sa musique, presque adolescent. « Quand j’étais gamin, je voulais être designer graphique de skateboard. Et c’est devenu mon taf. Puis, j’ai eu envie de faire de la musique, et maintenant, c’est ce que je fais. Je voyage et je joue de la musique. C’est plutôt cool. Avant je tournais avec Her Space Holiday, mais c’était juste pour m’éclater en tourner. Maintenant c’est ma musique, je peux pas me plaindre. Je vais continuer tant que je peux. »

Sa musique traduit aussi une passion pour les années 50. « A cette époque, la musique était différente. Elle était plus pure. Bien sûr j’ai pas vécu à cette époque donc je sais pas si à cette époque la musique m’aurait parue kitsch ou pas. Mais la musique des années 50 est brute, pure. » D’ailleurs, son album comporte une reprise d’Elvis, ‘Heartbreak Hotel‘. « Je dirais pas non plus qu’Elvis est ma source première d’inspiration. C’était plus un exercice de reprise d’un classique. Tout le monde connaît cette chanson, c’est pour ça que j’ai voulu la reprendre… Elle est tellement cliché, donc je voulais la changer. La musique n’est pas la même que l’originale, c’est une toute autre vibration, j’ai vraiment tenté d’expérimenter cette chanson autrement. Même si cette chanson est un peu arrivée par hasard, le résultat m’a plu donc je l’ai gardée. »

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Hanni évoque les technologies d’enregistrement de l’époque qui permettaient plus de créativité. « On faisait plus attention à la musique et à la production. J’aime le fait que les choses soient limitées et minimales à l’époque. Ca te force à être créatif avec les choses que t’as sous la main. De nos jours, et y’a rien de mal à ça, mais c’est aussi simple que de d’allumer son ordi pour créer un truc en cinq minutes et bam ça atterrit à la radio. C’est cool mais… » La technologie a selon lui changé la musique. « Pour moi, c’est pas quelque chose de mauvais, mais c’est différent. J’ai moi-même utilisé des batteries électroniques pour enregistrer une chanson y’a quelques mois. Mais pour l’album, j’ai délibérément enlevé des bouts de morceau, parce que sur quelques premières prises, il y avait un ou deux instruments en trop. Je m’en suis débarrassé, parce que je voulais quelque chose de simple. »

Son artwork est à l’image de ce qu’il aime, de ce qu’il est. « Pour moi c’est important de faire passer mon univers avec la musique que je diffuse. Parce que quand t’écoutes quelque chose, tu as besoin de l’associer avec une image dans ta tête. Et vice-versa. Je veux aussi que quand on voit une série de clichés de voitures défoncées, on pense à ma musique. C’est pour ça que je suis strict sur mon image. Je veux contrôler pour éviter quoique ce soit qui puisse l’éloigner du concept initial. » Un artwork truffé de voitures… « Je vis dans une ville à forte culture automobile, la capitale automobile du monde. Il y a quelque chose de fascinant à posséder une vieille voiture. C’est plus symbolique du rêve américain, le fait de construire des voitures. Et quand t’es gamin, la seule chose que tu veux, ou du moins la seule chose que je voulais, c’était d’avoir seize ans pour pouvoir conduire une voiture. Ca représente tellement plus qu’un moyen de transport. »

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Ces images contribuent à l’image de bad boy qu’il traîne partout. « T’as pas toutes les facettes de quelqu’un avec une photo. Les gens vont choisir un ou deux éléments qu’ils peuvent identifier facilement et ils se concentrent dessus. Moi j’entretiens pas cette image. Je pense à l’esthétique du projet, je pense aux concerts, je compose des musiques et des paroles que je peux défendre. C’est tout autant important. » Une image qui lui colle à la peau apparemment. « En ce qui concerne ce que les gens se font comme idée de moi en me voyant, on peut rien y faire. Et comme je suis associé de ce label, on peut rien me dire de faire, je fais ce que je veux. Les photographes ont leur propre idée en tête, et peut-être que je suis un peu trop relax sur ce point. Tous les shooting photo se sont à chaque fois déroulés à la cool, dans des bars ou dans ma voiture. Je pense pas avoir fait un truc qui ne m’était pas naturel pour une photo… »

Réclame

Le premier album de Hanni El Khatib, Will The Guns Come Out, est paru chez Because Music.
Hanni El khatib sera aux 33e rencontres Trans Musicales de Rennes


Remerciements : Emilie (Because)

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