Entretien avec Housse de Racket

Comme on passait par Marseille, on a décidé de se régaler au festival Marsatac. Et du coup, on en a profité pour interviewer Housse de Racket, dont le dernier album est bien intrigant. Pierre et Victor ont papoté du service militaire, de Zdar et de pansements… pour nous raconter Alesia.

Housse de Racket

Alesia c’est en fait un deuxième premier album. « On est contents de sortir ce disque maintenant et d’établir un peu certaines choses par rapport au premier. Y’a absolument aucun esprit revanchard ou quoique ce soit, mais le single de notre premier album a occulté plein de choses dans la musique qu’on faisait. » En fait, ils ont rapidement trouvé que leur premier album ne leur ressemblait pas. « Quatre mois après la sortie de Forty Love, ‘Oh Yeah !’ était partout… on avait besoin de savoir ce qu’était Housse de Racket. Donc on a recommencé à faire des morceaux, le premier c’était ‘Aquarium’, qui est sur Alésia. Ce morceau ressemblait à rien du premier album, c’était très naturel… »

En même temps, Housse de Racket ne renie pas Forty Love, qui leur a permis d’apprendre beaucoup de choses. « On a eu la chance de beaucoup beaucoup tourner, avec plein plein de groupe, de faire plein de pays, et de voir d’autres choses, de sortir de la France. Je pense qu’on s’est pris pas mal de claques : on est allés plein de fois en Angleterre par exemple. Forcément, ça ouvre un peu ! Y’a un truc en Angleterre – faut vraiment être à la hauteur… c’est comme le service militaire quoi, il faut le faire – il faut y aller. »
Mais Pierre positionne tout de même Alésia à l’opposé de son prédécesseur. « Autant notre premier album était vraiment un concept album avec des choses très très définies, une narration, une chronologie dans les morceaux, etc. Autant là, sans s’en rendre compte, il y avait toute une thématique qui revenait très souvent – évidemment La France en faisait partie, et puis l’Homme… On avait besoin de passer de l’infiniment petit à un peu l’infiniment grand – des grands thèmes presque qui nous dépassent. C’est pour ça y’a une chanson qui s’appelle ‘Les Hommes et Les Femmes’. »

Alesia c’était le nom d’une bataile, et c’était un peu une bataille cet album.

Techniquement, Alesia a été composé juste après la mort de Michael Jackson. « On a fait un concert à Toulouse le 25 juin 2009 et le 26 on avait prévu d’aller dans une maison juste à côté pour composer. » Cet album n’est pas en réaction à sa disparition, mais l’évènement a influencé leur son. « Avec la mort de Michael Jackson est morte toute une partie de nous, de notre enfance… et un énorme pan de la pop musique, qui probablement n’existera plus jamais. C’est le plus gros vendeur de disques qui venait de partir. Donc quand on s’est retrouvés dans cette maison, on était un peu déprimés. » D’où sûrement cette ambiance un peu funèbre de l’album. « C’était bizarre, on a branché l’orgue qu’on avait mis dans une grande et magnifique pièce. Et rien que le son de l’orgue, dans la réverb de la pièce, on s’est dit qu’on avait trouvé le son du disque. En plus, on était un peu fatigué, y’avait un petit truc un peu fantomatique, qui était un peu drôle, un peu intense. »

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Cette semaine de composition a été très productive. Du coup, ils ont harcelé Zdar pour bosser avec lui. « …enfin surtout notre manager ! Zdar devait connaître Housse de Racket de nom, mais il s’était pas franchement penché sur la musique. Donc on a eu la chance qu’il aborde notre musique avec une oreille fraîche et sans apriori. »
Pierre et Victor ont réussi à le faire venir dans leur minuscule studio en octobre 2009. « Phoenix – dont il venait de réaliser le disque – était juste au zénith. Donc on a joué très très fort et avec tout notre cœur je crois, on lui a joué trois démos : ‘Aquarium’, ‘Human Nature’ et ‘Empire’. Il était vraiment parti pour nous dire non, avant même qu’on joue la moindre note de musique. » Mais ils ont joué avec tout ce qu’ils ont pu mettre d’intensité. « Après il a un peu changé son discours. Si on avait amené des morceaux juste guitare-voix, il aurait dit qu’il y avait trop de boulot pour lui. Or on lui a amené un truc très très cohérent. »

Pierre et Victor savaient que s’ils voulaient bosser avec Zdar, ils se devaient d’être à la hauteur. « Le son était abouti, mais Zdar aurait pas accepté s’il pensait pas qu’il pouvait aussi apporter quelque chose en plus. C’est un mec d’une extrême qualité ! C’était un cursus rapide de un an, mais c’était incroyable ! On a appris plein de trucs, et pas que d’un point de vue musical : il est assez impressionnant et inspirant. »
D’après Pierre, il a rien apporté de complètement nouveau, mais il a fait ressortir le meilleur de Housse de Racket. Victor précise quand même : « Il nous challengeait. Parfois quand on était perdus, on lui montrait juste un bout de morceau, il nous disait de le développer parce qu’on tenait un truc – ‘Alesia‘ est venu comme ça… » A partir de pansements de concerts, Zdar a fait évoluer des morceaux. « Nous c’était un truc qu’on faisait en fin de morceau, parce qu’on avait pas suffisamment de compos pour faire les grosses scènes – on rajoutait un peu des pansements à droite à gauche. » Alesia‘, le titre éponyme, était donc à la base un truc de fond de tiroir…

Malgré cette victoire, les Housse de Racket restent humble. « Zdar a produit plein de nouveaux trucs, mais c’était que des trucs qualitatifs : se retrouver entre les Beastie Boys, Phoenix, The Rapture, Jay-Z, Kanye WestHousse de Racket étant le junior de la bande. C’est pour ça qu’on dit qu’on est encore des outsiders. C’est vrai… on a encore plein plein plein de progrès à faire. »

Housse de Racket – Château

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Réclame

Alésia, le deuxième album de Housse de Racket est déjà disponible chez Kitsuné/Cooperative Music.
Housse de Racket seront en concert le 20 octobre à la Gaîté Lyrique


Remerciements : Michael (#COOP4EVER)

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