Entretien avec Liam Finn

Liam Finn, c’est le fils de Neil Finn… Mais si, Liam jouait dans Betchadupa ! Il a fait un album avec Connan Mockasin. Et il était en concert à la Boule Noire en juin dernier. Et là il vient de sortir son deuxième album, FOMO. Ca ne vous dit rien ? Alors rencontrez-le, il est passionnant.

Liam Finn

Après maints déménagements – Londres, Auckland, New-York – cet album a été écrit sur une plage isolée. « Ca faisait trois ans que j’étais en tournée, en vivant partout et nulle part, toujours la tête dans les bagages. Ce rythme m’a rendu un peu fou , j’avais cruellement besoin de me reposer et de me sentir chez moi. Je me suis posé sur une plage de Nouvelle Zélande, en me disant que ce serait une belle source d’inspiration, mais je pense que ça a été un tel choc ! Et il m’a fallu un temps d’adaptation pour réussir à retrouver le point de créativité. » Les chansons se sont créées inopinément. « Donc j’ai passé une période où je stressais sur tout ce que je faisais, et détestais tout ce que je composais… Et au bout d’un moment, j’ai réalisé que, entre les chansons que je jetais et les moments où je bloquais, il y avait eu des instants de créativité spontanée. En fait, quand je me forçais, j’y arrivais pas, et les jours où je faisais rien ou juste n’importe quoi, c’est là que les chansons naissaient. Avec le recul, j’ai réalisé que c’était pas des gribouillis, mais bien des chansons ! »

Liam Finn

Ce nouvel album s’appelle Fear of Missing Out. « J’ai passé une année en Nouvelle Zélande pour écrire cet album mais j’avais passé tellement de temps aux Etats-Unis et en Europe, à essayer de promouvoir ma musique pour lancer ma carrière … Donc arrivé chez moi, j’ai senti une angoisse monter, que peut-être je faisais une erreur en revenant en Nouvelle Zélande, comme un pas en arrière. Peut-être que j’aurais du rester là où c’était plus stimulant, et là je pouvais approfondir mes connections dans le milieu. » Mais c’est aussi une expression courante dans sa famille pour taquiner. « Pour l’album, c’était légèrement frustrant, même si la plage est magnifique, de savoir que mes amis et ma famille faisait des trucs géniaux de leur côté – j’étais un peu en exil. Donc l’expression est revenue souvent En même temps, avec l’ère d’Internet et de Facebook ou Twitter, tout est documenté et instantanément mis en ligne. On est au courant de ce qu’on loupe, les soirées, l’anniversaire d’un ami, le nouveau bébé d’un cousin… »

Sur son site, Liam Finn a mis deux chansons de son nouvel album en écoute, ‘Cold Feet‘ et ‘The Struggle‘ – qui sont totalement différentes. « C’est ce que j’aime. Elles représentent deux parties de ce que je fais. J’ai ce côté un peu suave et ce côté sauvage. En postant les deux sur mon site, c’était une manière de montrer les deux tendances de l’album, je suppose – ou alors y’a juste pas de méthode, c’est l’intuition ou la folie de l’instant ! » Cold Feet‘ intrigue et détonne totalement sur l’album. « C’est la chanson la plus pop… Quand je l’ai écrite aussi elle m’a paru différente. En fait, je l’avais en tête sans arrêt, chaque matin je me réveillais en la sifflotant. Donc comme elle revenait sans cesse, j’ai voulu qu’elle ressorte sur l’album aussi. Je voulais pas non plus qu’elle partent en vrille comme les autres, je suis pas contre un peu de pop. »

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Autrefois grand féru d’analogue, Liam Finn a enregistré FOMO sur ordinateur. « Je voulais catégoriquement différencier cet album du dernier, parce que je voulais pas retomber dans la facilité de recréer un deuxième I’ll Be Lightning, sinon c’est pas marrant. Donc je me suis lancé dans Pro-Tools et me suis initié à l’ère digitale. Avant, utiliser Pro-Tools me donnait l’impression de tuer l’âme des instruments, de tricher. » Au final, Pro Tools lui a permis de rendre un son plus représentatif de ses concerts. « Je pense qu’on a réussi à éviter le côté robot et garder ce sentiment de naturel, de vivant, de spontané… un peu sauvage comme mes concerts. Je pouvais me lâcher sur la batterie, utiliser autant de guitares que je voulais, collectionner les meilleurs moments pour en faire des chansons… »

L’obsession première de Liam Finn est de garder un sentiment de fraîcheur. « J’essaye à chaque fois de faire un premier album. Quand on fait un deuxième album, y’a une attente de la part du public, il faut que ce soit mieux que le dernier, ou alors que ça suive une démarche logique. Mais quand on fait un premier album, on fait ce qu’on veut. C’est pour ça que j’aime à faire table rase à chaque fois, pour prendre un nouveau départ. » Il en va de même pour le live. « Quand je faisais des concerts avec Eliza Jane, j’adorais l’idée d’utiliser des boucles, parce que chaque soir pouvait être différent, toujours au bord de la catastrophe. C’était très excitant ! Mais après trois ans, j’ai commencé à me sentir confortable, ça paraissait moins dangereux, on retombait dans ce qu’on connaissait, on se laissait aller à la facilité. Donc avec un groupe, on retrouve cette sensation de danger, parce qu’on peut se planter à tout moment. C’est des musiciens indomptables ! J’ai ce sentiment de ne pas être en contrôle de quoi que ce soit. »
Liam Finn a tellement peu de maîtrise de son groupe, que son bassiste est parti au bout de quelques semaines de tournée. « On a commencé à tourner avant la sortie de l’album, parce que je voulais être sûr que c’était le bon groupe, je ne voulais pas de musiciens professionnels… Là je joue avec mon frère et mon meilleur ami ! Donc en somme, c’est mieux que le bassiste ait flippé pour assez rapidement décider de ne pas nous suivre. On a eu de la chance ! Maintenant on est trois, comme un groupe de grunge ! »

Réclame

FOMO, le deuxième album de Liam Finn est disponible chez Cooperative Music.


Remerciements : Aurélien (Cooperative)

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