Entretien avec The Datsuns

Deux ans après Death Rattle Boogie, The Datsuns récidivent avec un sixième album. Afin de les rencontrer, Le Transistor est parti jusqu’en Picardie ! En effet, les Neo-Zélandais assuraient une tournée française avec un arrêt à la Grange à Musique, la SMAC de Creil. C’est donc avant leur concert que le groupe a accepté de répondre à quelques questions, sur leurs envies, le concept de Deep Sleep et leurs vingt ans d’existence.

The Datsuns

Dans un soupir, et le regard vague, Phil Somervell repense à la carrière de The Datsuns. « Ah oui, depuis 1995, ça va faire 20 ans bientôt… J’aurais pas pensé qu’on serait encore là. Mais on continuerait pas si ça nous plaisait pas ! »

Pour ce sixième album, le groupe a décidé de regrouper tout l’enregistrement sur dix jours. « Certaines idées sont nées avant cette session : on s’envoyait des démos via Internet, ou alors on s’organisait des sessions Skype ; et d’autres ont été écrites une fois tous réunis. Une chanson a été enregistrée par la suite, pendant notre dernière tournée en mai, parce qu’on avait l’impression que l’album n’était pas tout à fait fini. Donc avant notre concert à Bordeaux, on est allés en studio pour enregistrer ‘Looking Glass Lies’. C’est la seule chanson qui n’a pas été faite à Auckland. » Alors que The Datsuns enregistraient d’habitude en Suède, c’est en Nouvelle-Zélande que Deep Sleep est né. « Les tripes de l’album ont été enregistrées dans le studio de Neil Finn (Crowded House et père de Liam Finn au passage), mais ça ne veut pas dire que les morceaux n’ont pas été retravaillés par la suite. On essayait de capturer l’énergie sur le moment en jouant tous ensemble, et puis chacun est rentré chez soi pour l’écouter au calme. Ensuite, Christian les a retravaillées et a ajouté les solos et le chant. »

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Parce qu’en fait, depuis quelques années, les musiciens habitent sur différents continents du globe. « C’était la contrainte, mais c’est juste une question d’adaptation par rapport à nos choix de vie. On a vécu tous ensemble pendant un long moment, à cette époque on tournait tout le temps, on se voyait sans arrêt. Et maintenant chacun vit où il a envie de vivre, et on fait tous quelque chose en parallèle des Datsuns, ce qui nous donne une sorte d’équilibre. C’est pas tant qu’on en a eu marre les uns des autres, mais ça nous convient pour le moment. » Cet éclatement géographique leur a permis de renouveler leur inspiration. « Nos albums ont été grandement influencés par plein de styles de musique différents, mais celui-ci est très marqué par les années 70. En fait, on voulait faire un album complet dans le style du début des années 70 pour être exact : on voulait suivre une sorte de concept dans notre composition. Normalement, on enregistre beaucoup de chansons, et on choisit nos préférées, mais celui-ci a été beaucoup plus canalisé. »

Malgré cette disposition, The Datsuns maintiennent un rythme soutenu dans leurs sorties et tournées.« On tourne une à deux fois par an, quand on le peut. Mais on reste en contact, que ce soit pour s’envoyer des idées, ou juste pour discuter, en tant qu’amis. On écrit des morceaux constamment, il y a des idées dans tous les sens, on échange tout le temps. Donc quand il est temps de sortir un album, on ne manque pas de matière. C’est quand on le décide qu’on s’arrête pour produire un album. » Leur label Hellsquad Records leur permet de garder une liberté de format et de composition. « Comme ça, on est sûrs que l’album sonne comme on en a envie. On livre un produit fini, et si quelqu’un veut le sortir, tant mieux. La seule pression, c’est celle que l’on s’impose pour défendre un album en tournée. Parce que pour un groupe comme nous, la meilleure pub c’est d’être vus en concert. Même si on s’améliore de plus en plus sur la production, notre musique prend tout son sens en live. »

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Auparavant, The Datsuns composaient surtout pour pouvoir tourner. « Les premiers albums étaient des sortes de collections de souvenirs de concerts. Pourtant elles n’étaient pas forcément enregistrées en tournée, mais à l’époque on tournait sans arrêt : quand un album sortait, on était assurés d’être sur les routes pour dix-huit mois d’affilée. Maintenant on tourne qu’une ou deux fois par an, et on passe plus de temps sur l’enregistrement. » Leur travail sur Deep Sleep leur a permis de se perfectionner en studio. « On était pas persuadés d’être capable de faire un album complet en suivant cette méthode. On pensait en faire quelques-unes, pour voir où ça nous mènerait. Maintenant on sait qu’on peut le faire, donc on sera capables de le faire plus rapidement si on en a envie. On n’a pas non plus envie de bâcler nos albums, mais on arrive à une conclusion logique plus rapidement qu’avant. Et puis on connait plus de techniques pour les prises de son de batterie, quel micro pour quelle guitare… »

Curieux de tout, The Datsuns s’amusent à découvrir de nouvelles techniques d’enregistrement. « On apprend l’existence de nouveaux amplis ou autre tous les quatre matins. C’est un peu comme la musique en général. Même si tu penses connaître tout ce qui a été enregistré dans les années 60, et là tu vas chez un disquaire et y a la moitié dont t’as jamais entendu parler ! C’est infini ! C’est la même chose maintenant, voire pire parce que tout le monde peut produire sa musique. Donc c’est toujours une expérience enrichissante. » Bidouilleurs de pédales de guitare eux-mêmes, ce sont des adeptes de la musique en bricolage. « Et puis maintenant, les studios fleurissent un peu partout. Les gens deviennent de plus en plus créatifs sur l’enregistrement, ils testent le son dans différentes salles, enregistrent les batteries différemment. Il y a tellement de variables à prendre en compte quand on enregistre ! »

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Après bientôt vingt ans de carrière, The Datsuns ne semblent donc pas démoralisés par l’état de l’industrie musicale. « Quand on joue ensemble, on ne se dit pas que c’est une perte de temps parce qu’on ne va pas gagner de l’argent. C’est pas qu’on s’en fout, bien entendu, penser à ce que l’on va obtenir en récompense de notre créativité est une partie de l’équation. Mais pour nous, au final, ce qui compte c’est d’avoir un exutoire créatif, plus que de s’inquiéter du succès. C’est pour ça qu’on a monté notre label. Si ça marche c’est mieux, mais sinon ça veut pas dire qu’on arrêtera. »

Réclame

Deep Sleep, le sixième album de The Datsuns est paru chez Hellsquad Records / V2 Benelux


Remerciements : Xavier Pauf (Kartel)

Catégorie : A la une, Entretiens
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