Rock en Seine 2019 – Jungle, Le Villejuif Underground, The Murder Capital

Deuxième volet des aventures du Transistor au festival Rock en Seine 2019. On a fait le plein de concerts Born Bad Records avec les décalés de Cannibale et les déjantés du Villejuif Underground. On a aussi découvert le trio français de choc, Decibelles, on s’est fait notre propre avis sur The Murder Capital – la nouvelle sensation tout droit venue d’Irlande, et on s’est fait plaisir avec Jungle, tout simplement.

Cannibale

Sous le soleil de ce dimanche, les Cannibale envoient du look improbable et des percussions soutenues. C’est étonnamment frais et léger pour une signature Born Bard Records, qui nous a habitué à du Frustration (lire l’interview), du Usé, du JC Satan (lire l’interview). Le groupe semble cependant bien perché, avec des allusions à la nourriture, et donc naturellement ça part en cacahuète, avec des références qui s’entrechoquent plus qu’elles ne s’entremêlent. En tous cas, ils ont l’air de bien s’amuser sur scène, et leur bonne humeur se propage. Leur ‘Ugliest Rabbit of the 70s’ donne aussi bien envie de danser.


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Le Villejuif Underground

Tout commence par un problème de basse. Mais comme Le Villejuif Underground est vraiment le groupe le plus cool, le set se déroule avec une multitude d’embûches qu’ils évitent avec classe. Le chanteur charismatique nous raconte sa vie, depuis ses souvenirs de squat à la porte de Saint Cloud, jusqu’à la promo pour son 45 tour “c’est moi tout seul et c’est pas très bien, mais ça coûte que 5€”.

Nathan Roche s’excuse vaguement car la prochaine chanson est nouvelle, donc il ne connaît pas les paroles, “Désolé c’est pas professionnel mais on a jamais eu l’envie d’être professionnels”. Et pour le coup, le Villejuif Underground est tout pardonné, car c’est une chanson dédiée à David Berman, de Silver Jews, qui s’est suicidé quelques semaines auparavant. L’ambiance remonte avec ‘Haunted Chateau’, pendant que la sécurité fait baisser la température en nous arrosant copieusement. Pour finir sur ‘Can You Vote For Me’ où l’Australien décide de le tour de la foule en faisant tourner sa chemise sous les applaudissements de la foule.


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Decibelles

Sur la scène Firestone, Decibelles fait une apparition remarquée. En même temps, avec des titres forts comme ‘Manger Son Ex’, difficile de passer inaperçu. Avec un petit côté La Femme, le trio – qui a réalisé son premier album à Chicago avec Steve Albini (producteur de Nirvana, Pixies ou PJ Harvey s’il-vous-plaît) déploie une énergie étonnante. La batteuse notamment est survoltée, même pas à bout de souffle quand vient son heure de chanter !

“C’est un morceau qui s’appelle Dimanche et qui parle de la gueule de bois’. Ca tombe bien pour cette journée ensoleillée de festival. Et décidément, Decibelles n’est pas à court de bonnes idées, avec le monologue parfait pour envoyer chier tout le monde sur ‘Qu’est-ce t’as’ (“J’en ai marre de voir ta sale gueule de connard”) ou sur ‘Le Seum’ (“Je sors plus dans la rue ça pue la mort”) ou pour gérer la solitude sur ‘Je suis seule’. Au moment de partir, leurs faux applaudissements sont couverts par ceux de la foule. Vraiment cool, un groupe à suivre.


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The Murder Capital

On les attendait comme le messie. Comme une rencontre entre Girl Band (lire l’interview) et Fountains D.C., mais qui annulerait pas toutes ses dates. Mais quand le groupe arrive sur scène, on sent qu’en fait leur référence c’est plutôt les Fat White Family. A leur look, à leur attitude. Cependant The Murder Capital semble vouloir imposer une ambiance violente, plus que le malaise que les FWF incarnent. Le bassiste arrive clope au bec, prêt à en découdre, il tance le public. Les instruments vrombissent, et le chanteur tente une imitation de Ian Curtis.

James McGovern scande plus qu’il ne chante ses textes, pendant que derrière lui, le ton monte, s’élançant dans une danse macabre. Bientôt il s’époumone. Ca surjoue sur scène, et pourtant le concert ne décolle pas. C’est tellement lent qu’on a l’impression que The Murder Capital cherche à écrémer le public, faisant fuir ceux qui ne mériteraient pas leurs compositions. Une fois le single ‘Green and Blue’ passé, ils se lâchent enfin, mais dans la démesure, avec slam et saut de foule calculé. Tout chez eux sonne creux. Passons notre chemin.


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Jungle

Dès les premières notes de ‘Smile’ on se souvient ce qui fait la force et la faiblesse de Jungle : les choeurs enjôleurs jusqu’à saturation. Après un premier album très pompier, le collectif britannique est revenu avec un deuxième essai For Ever beaucoup plus subtil, et donc la promesse qu’un mélange des deux faces donne plus d’aspérités à leurs concerts.

De ‘Smile’, on fonce sur le rebondissant single ‘Heavy California’, et dans la foule ça commence à clapper. Et c’est tout naturellement qu’on retrouve le groove de ‘The Heat’, et les double percussions imparables de ‘Julia’. Une belle douceur se dégage de ‘Happy Man’, de la sensualité de ‘Cherry’ puis tout le monde se met à danser sur le disco ‘Beat 54’.

Néanmoins, dans cette surenchère de voix aiguës, on décroche légèrement. Jungle nous rappelle à l’ordre car c’est le moment du concert où on lève les bras dans le ciel pour la jolie photo. On reprend le chemin de la danse avec ‘Drops’, mais les sourires refleurissent surtout avec ‘Busy Earning’ avec la foule qui se lève d’un seul élan ! Jungle nous rappelle ensuite que ‘Time’ sera la dernière, et c’est un véritable cri de fureur du public, une injonction à profiter du temps présent.


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Remerciements : Marion Pacé [Ephélide]

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