Entretien avec DMA’s

Ca faisait déjà quelques temps qu’on écoutait le premier EP des DMA’s en boucle, en attendant plus consistant. Enfin, leur premier album, Hills End, est paru en début d’année. Convaincu, Le Transistor a attendu de bien connaître toutes les paroles par cœur avant de rencontrer le trio australien. Et ça tombe bien, puisque c’est Johnny, guitariste mais aussi parolier, qu’on a eu le plaisir de rencontrer avant leur concert à la Boule Noire.

DMA’s

La rumeur a longtemps tourné que DMA’s était un pur produit marketing monté par un label. « Oui quelqu’un a demandé à notre manager si des gens écrivaient pour nous ! Ils pensaient qu’on avait des songwriters professionnels. Alors que pas du tout ! »

Le secret de DMA’s pour écrire des chansons si accrocheuses, c’est justement de pas trop réfléchir. « ‘Delete‘, Mason avait 19 ans quand il l’a écrite, pour ‘So We Know’ je devais avoir le même âge, comme pour ‘Your Low’. Mais c’est pas parce qu’elles sont vieilles qu’elles sont mauvaises ! On écrit toutes les chansons ensemble : souvent c’est Tommy et Mason qui composent, et je vais écrire les paroles. Mais ça change à chaque fois, de manière naturelle. » Les trois amis se sentent suffisamment à l’aise pour partager ce qui leur passent par la tête. « Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Des fois on enregistre alors qu’on a pas encore les paroles, et Tommy raconte n’importe quoi, mais en fait on le garde parce que ça sonne bien. Et sur d’autres tout est écrit… Mais ce qu’on aime justement, c’est que ce soit à chaque fois différent. Parce que sinon toutes les chansons se ressembleraient. »

“C’est fou, Mason avait appris toutes mes chansons en 24h !”

Du coup, Johnny en profite pour raconter comment les membres de DMA’s se sont rencontrés. « Mason et moi on était programmés sur le même festival. A l’époque, il était dans un autre groupe avec notre batteur Liam et passait juste avant moi. Ce qui fait que j’ai pu les voir, et eux après leur set, ils se sont posés avec une bière, et m’ont vu. Après quoi, on a discuté, parce que j’ai adoré les harmonies de Mason, et il aimait mes chansons folk. Je l’ai invité à passer chez Tommy et moi, et c’est fou, il avait appris toutes mes chansons en 24h ! C’est comme ça qu’on est devenus amis. » Aux débuts, Mason et Johnny ont monté un groupe de country, et ont rencontré quelques embûches. « Quand on devait jouer à Melbourne, on partait sur le coup de 4h du matin, pour arriver à temps pour les balances. A cette époque on gagnait à peine de quoi manger un sandwich au poulet, et se payer quelques bières pour la soirée. C’était cool. Ensuite, pour un autre groupe avec Tommy, on est partis encore plus loin que Melbourne, à genre 13h de route, et on s’est retrouvés a jouer pour la nana de l’entrée et l’ingé son. C’est pas grave, ça fait partie du truc. »

La mentalité des DMA’s c’est de soutenir ceux qui partent perdants. « Mason adore les ibis, il s’est fait plein de tatouages à cette effigie. C’est un oiseau qu’on trouve dans le bush en Australie. Et dans les années 70, ils ont migré vers les côtes. En général, les gens les détestent parce qu’ils volent la nourriture dans les poubelles… Du coup, personne ne comprend pourquoi on les met dans nos clips ! » Et sont conscients que l’esthétique est un sujet totalement subjectif et personnel. « Mason se fait lui-même ses tatouages. Il m’en a fait un d’ailleurs : #9 ! On était très bourrés, et on s’est réveillés avec pleins de tatouages ! Ils sont pas beaux mais c’est les meilleurs. »

Après un EP réalisé dans la chambre de Johnny, DMA’s a préparé son premier album. « Je me suis dit que j’avais peut-être besoin de quelque chose de différent. Donc on a essayé, et on est allé dans une sorte de studio, mais en vrai c’est comme un garage. C’était pas loin de la plage, on s’est dit qu’on pourrait enregistrer à la cool pendant l’été. On a fait les batteries, quelques basses, des trucs assez basiques… mais pour les trucs plus créatifs comme le chant, ça n’a pas fonctionné. » DMA’s a dû se rendre à l’évidence, c’est un groupe DIY dans l’âme. « Tout qu’on a écrit – ou à peu de choses près – c’était moi sur mon ordi, à tendre le micro à Tommy, qui s’assied et hop on enregistre. Et d’un coup, il est dans un studio, il voit personne, et des gens parlent dans son oreille : il se dit que c’est pas lui ! Ça s’entendait dans sa voix qu’il était pas à l’aise. Donc j’ai pris toutes les sessions, et on est retournés dans ma chambre. C’est Tommy joue de la batterie sur ‘Timeless’, mais les voisins se sont plaint du bruit. Donc on a pris les 30 secondes et on a collées en boucle ! »

Pour une finition pro, c’est Spike Stent qui a mixé leur album Hills End. « Ce mec a fait des trucs de fou ! Il a bossé sur Beyoncé, sur un album d’Oasis et des trucs genre Massive Attack, et le ‘Wannabe’ des Spice Girls ! C’est le genre de mec qui a pas besoin de bosser pour gagner de l’argent, donc quand il est sur un projet c’est parce qu’il a envie de le faire. Et je pense que le fait qu’on ait enregistré les morceaux un peu bizarrement, puis mixé en mode haut-de-gamme, donne ce son curieux. Je ne suis pas 100% ravi du résultat, mais il faut grandir avec son art… » Johnny a eu l’occasion de rencontrer Spike une fois, mais pas dans les meilleures conditions. « On venait de donner un concert au port de Santa Monica, c’était canon avec tous ces grands-huit ! Mais bon, j’étais un peu bourré, quand notre manager nous a présentés. Je me suis assis avec lui pour parler de l’album, à m’excuser des micros, parce qu’il doit être habitué à mixer des enregistrements d’une autre qualité. Et il m’a rassuré, genre Johnny, ne t’inquiète pas, je le ferai sonner. C’était je pense ce dont j’avais besoin… »

Justement, DMA’s se prend souvent la comparaison avec Oasis. « Je crois que ça vient de la manière de chanter de Tommy. Cela dit, on adore le groupe, Oasis fait partie de nos groupes préférés… mais avec d’autres, comme The La’s par exemple. La comparaison ne me dérange pas, c’est un des plus grands groupes au monde donc ça va. Ce qui m’ennuie c’est que certains ne cherchent pas plus loin… Surtout pour le travail de Mason à la guitare : il est clairement fan de Sonic Youth. » D’ailleurs Noel Gallagher ne s’est pas gêné pour les insulter par voie de presse. « On l’a jamais rencontré, je crois qu’il n’a jamais écouté notre musique. S’il l’aime c’est cool, mais ça n’affectera jamais notre musique. Ça ne me changera pas la vie ! »

Réclame

Hills End, le premier album de DMA’s est paru chez Mom + Pop / PIAS.
Lire le live report de DMA’s à la Boule Noire


Remerciements : Marie-Julie [PIAS]

Catégorie : A la une, Entretiens
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