Festival des inRocks Philips – Damon Albarn

Du 11 au 18 novembre, le festival des inRocKs Philips battait son plein à Paris. Après une première soirée avec Lykke Li, le festival continue au Casino de Paris. Le duo ensorcelant Ibeyi et l’extravagant Moodoïd assuraient la première partie du grand Damon Albarn. L’artiste à la carrière des plus complètes en a profité pour revenir sur sa discographie. Ou quand l’égo de l’artiste prend le dessus sur son talent.

Ibeyi

Le Transistor avait déjà croisé les Ibeyi, qui avaient transporté la Cigale en première partie de Asa. Ce soir, la salle est moins remplie mais pas moins chaleureuse, car rien n’arrête les jumelles. Après leur émouvant ‘Mama Says’, Lisa-Kaïndé au piano et Naomi aux percussions demandent au public de participer.

Leur chant se mue bientôt en prière pour ‘River’, en hommage à Oshun, déesse des rivières et de la fertilité. Mais plus que poignant – surtout quand elles chantent en yoruba-, leurs chansons s’avèrent aussi prenantes et dansantes. Et pour finir, le duo offre un morceau a cappella pour qui, comme elles, sont nés deux. Car ibeji en yoruba, signifie jumeaux.
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Moodoïd

Encore plus pailleté que d’habitude, Pablo Padovani arrive entouré de ses quatre musiciennes. Ne perdant pas de temps, Moodoïd commence par ‘Je Suis La Montagne’, son premier single. Et pour faire durer le plaisir, les musiciens partent en improvisation libre ponctuée de petits cris. De là, le public perd un peu pied, car le groupe part sur ‘Machine Metal’, avec cette touche déconcertante de kitsch, puis s’égare en cacophonie sur douze cordes, pour revenir à des sonorités orientales sur ‘Les Chemins de Traverse’.

Pablo Padovani essaie tant bien que mal d’être un showman, mais peu assuré encore, il en fait trop. Heureusement, Moodoïd finit son set avec ‘De Folie Pure’ qui reste bien en tête, et finit par convaincre quelques sceptiques – les autres ayant déjà quitté la salle.
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Damon Albarn


La fosse se serre, les lumières s’éteignent, et les musiciens font enfin leur entrée sur scène. L’égo de Damon Albarn va bien : ce ne sont pas moins de six choristes qui l’accompagnent, ainsi qu’un sosie de Pharrell Williams à la basse et un sosie de Johnny Marr à la guitare. Monté sur ressort, il commence par exorciser la salle avec une B-side de Gorillaz.

Car dans l’esprit de muscler le set, Damon Albarn va mêler toutes ses incarnations musicales : de Blur à son album solo Everyday Robots, en passant par The Good The Bad and the Queen et son projet malien éphémère. Une bonne manière de le redécouvrir. Heureusement, aucune trace de son dernier opéra ne s’est glissée dans la setlist.

D’un petit sourire charmeur, le chanteur tente de séduire la foule, qui ne bouge pas assez à son goût. Il a beau se démener, lui chanter la sérénade avec ‘Lonely Press Play’ ou sortir son mélodica sur ‘Tomorrow Comes Today’, étaler son amour de Paris, ou faire du name-dropping avec Tony Allen, la salle reste muette ou béate d’admiration. Après l’avoir bien haranguée, Damon Albarn se résout à sortir ‘Kids With Guns’ avec déferlement de guitares à la clé.

Fatigué de tirer la foule, il part en séquence émotion en se posant au piano pour ‘Photographs (You are Taking Now)‘ et revient, la larme à l’œil, sur sa vie avec ‘Hollow Pounds’. Il joue même la carte du mec simple, en lâchant une bardée d’injures sur son intro loupé de ‘Hostiles’. Le public se réveille légèrement sur ‘El Mañana’ et le chanteur peut se payer un petit bain de foule. Néanmoins toute cette mise en scène ne paraît pas naturelle, et le voir s’agacer parce que le public ne reprend pas les paroles de ‘Heavy Seas of Love’ par cœur gâche un peu le plaisir.

Damon Albarn a déployé tous les efforts nécessaire pour que ce concert soit inoubliable : avec le trompettiste islandais Kaktus pour ‘End of a Century’ et surtout Oxmo Puccino dans le rôle de 2D pour le tube ‘Clint Eastwood’. Alors pourquoi les couper dans leur performance, voire les pousser hors de scène s’il les a invités ? D’un coup de ukulélé, ‘Mr Tembo’ viendra toujours sauver l’ambiance, seulement Damon Albarn était clairement plus axé démonstration de force que partage.
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Lire le live report de Blur au Primavera Sound Festival

Crédit photo : Valentin Chemineau


Remerciements : Charlotte Brochard

Catégorie : A la une, Concerts
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  • Les Vieilles Charrues 2015 - samedi - Le Transistor | Le Transistor :

    […] Percus et basse entêtantes, claviers funk, solos de cuivres, rythmique afrobeat… le mythique batteur de Fela Kuti et ses musiciens groovent déjà sévère. Mais bientôt, son vieux comparse Damon Albarn déboule tout sourire sur scène, s’installe derrière le piano et entame le joli titre ‘Poison‘. Puis le chanteur de Blur enchaîne aux synthés, se mêlant aux autres musiciens pour accompagner Oxmo Puccino qui arrive à son tour pour poser son flow. Damon a l’air de s’amuser comme un gamin, dodelinant de la tête derrière son clavier. Résultat dans le public, ça bouge les hanches jusqu’à la fin du set. Mais Albarn s’est vite éclipsé pour rejoindre Blur qui joue le soir même au festival de Benicassim. Lire le live report de Damon Albarn au festival des inRocKs […]

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