Entretien avec Mélanie Pain

Certains l’avaient découverte par le biais de Nouvelle Vague. Pour d’autres, la révélation s’est faite avec My Name, qui permettait de mettre un nom sur cette voix : Mélanie Pain. Bien des années plus tard, après des tournées aux antipodes, elle revient avec un deuxième album bien à elle : Bye Bye Manchester. Et le duo avec Julien Doré laisse place à des collaborations avec Ed Harcourt et Florent Marchet avec Albin de la Simone aux manettes. Une nouvelle facette de Mélanie Pain, qui revient avec une touche grunge des Smiths.

Mélanie Pain

En quelques mots, elle explique les thèmes qu’aborde Bye Bye Manchester : « Tu dois composer avec la vie que tu as, trouver un moyen d’être bien, parce que tu pourras jamais te casser et faire ta vie ailleurs : tout simplement parce tu peux pas être une autre personne. »

Melanie Pain - Bye Bye Manchester

Pour en arriver à ces conclusions, Mélanie Pain a traversé de nombreuses aventures. « Je suis devenue chanteuse un peu par hasard, du coup mon premier album j’osais pas… Dès que j’écrivais, arrivée à la moitié d’un texte, je demandais à quelqu’un de me corriger. J’étais vraiment dans ce truc d’apprendre et de collaborer. Quand je composais une mélodie, j’allais vite voir quelqu’un pour m’aider à l’améliorer. J’étais vraiment dans cette idée que je pouvais pas le faire toute seule, qu’il me fallait absolument m’entourer de gens supers. »

Lors de ses tournées avec Nouvelle Vague, des auteurs venaient lui proposer des chansons à interpréter. « Le mec qui a écrit ‘Banana Split’ pour Lio qui me propose des textes, c’est génial ! Et à chaque fois j’ajoutais ma petite touche. Je suis super fière de ce premier album, il contient beaucoup de chansons que je continue à jouer avec plaisir… Mais à l’époque, si y avait un mot que j’aimais pas dans les paroles, j’osais pas le dire. » Petit à petit, Mélanie Pain a gagné en confiance et décidé de livrer des textes plus personnels. « My Name c’est un peu un patchwork de plein d’influences, de plein de gens qui ont projeté une image de moi qui était pas forcément… Pour mon deuxième album, j’ai voulu fonctionner différemment : j’ai pas fait appel à plein de compositeurs pour me fournir des tubes, j’ai voulu voir ce que je pouvais faire toute seule. Parce qu’à l’époque je doutais beaucoup de ce que j’étais en tant qu’artiste… »

Cette démarche lui a pris du temps, car la comparaison était assez rude au sein de Nouvelle Vague. « Au début, je tournais avec Camille : la meuf est flippante tellement elle est douée ! On partageait une chambre double en tournée et quand je me réveillais, elle était en train de faire son yoga et toutes ses vocalises rythmiques… Moi qui fais pas de sport, je me disais que j’avais rien à foutre là, au milieu de ces musiciens qui sont des cadors ! L’imposture totale. » Mais Mélanie Pain a fini par admettre que les gens aiment sa voix. « Ca reste encore un mystère pour moi. J’ai mis du temps à l’accepter, parce que je l’avais pas mérité : j’avais pas pris un cours de chant de ma vie. Mais maintenant, après dix ans de concerts, je me dis que j’ai un peu rattrapé mon retard. En fin de compte, j’étais assez fragile sur My Name, donc celui-ci c’est un peu mon premier album perso. »

Pour ce nouvel album, la chanteuse a voulu réaliser un vieux fantasme. « Manchester pour moi c’était la photo des Smiths. A 14 ans j’étais amoureuse de Morrissey : j’avais un poster quasi grandeur nature, donc à chaque fois que je rentrais dans ma chambre, j’avais le cœur qui battait ! J’ai toujours été un peu fascinée par l’Angleterre : au lycée, j’étais un peu grunge ! Dès que je pouvais j’allais à Londres acheter des docs. Et quand j’ai vu que j’arrivais pas à écrire chez moi, à Paris entre deux tournée, j’ai pensé à partir en Angleterre. » En effet, on fait difficilement plus anglais que Manchester. « On m’a filé une chambre là-bas, et j’ai bossé sur mes petits claviers et mes petites boites à rythmes. C’était assez pourri ce que j’ai enregistré sur mon ordi mais je sentais que j’avais trouvé le son que je cherchais. J’ai gardé beaucoup de pistes que j’ai faites là-bas pour l’album, parce que même si ça fait un peu cheap, c’était personnel, donc ça me représentait assez bien. »

Entre deux poursuites de mélodies, Mélanie Pain a imaginé des collaborations fantasques. « J’ai vraiment voulu faire tous les trucs toute seule, mais j’ai été quand même voir Ed Harcourt à un moment donné parce que j’avais peur mon album soit pas assez intéressant musicalement. Donc je suis allée voir un mec qui s’y connait et que j’adore. » Fantasque parce qu’en fait, elle n’avait jamais rencontré le Britannique – à peine aperçu de loin à un concert. « Ca m’a fait bizarre de le contacter sur Facebook, mais il m’a répondu direct… Le mec est adorable, juste un peu bizarre au début parce qu’il jure tout le temps, mais à l’anglaise : parce qu’il est content ! Et dès le premier jour, on a écrit ‘Black Widow’ ensemble : en trois-quatre heures, à écrire les paroles au restau. Le reste du temps, on a galéré pour faire un truc aussi bien…. Mais j’ai vraiment kiffé ! »
Pour la sortie française de l’album, Mélanie Pain s’est tournée vers Florent Marchet. « Je l’avais déjà contacté sur mon premier album, on avait déjà un peu bossé ensemble. Il fait partie des artistes où à chaque fois qu’il sort un disque, c’est complètement différent et à chaque fois j’adore. Là je lui ai envoyé la chanson et je lui ai pas donné le choix ! Du coup je suis contente, parce que je suis à nouveau bien entourée. »

Quant à la production, c’est Albin de la Simone qui lui a prêté son savoir-faire. « Quand je lui ai demandé s’il voulait travailler avec moi sur cet album, il m’a dit qu’il fallait d’abord qu’on se rencontre. Donc il est venu chez moi toutes les semaines, pendant environ quatre mois, pour que je lui fasse écouter mes démos. Il me donnait des indications, donc chaque semaine j’avais des devoirs à faire. Ce qui fait qu’on a beaucoup parlé avant d’entrer en studio. » C’est à ce moment qu’ils ont mis en commun leurs collections de synthés : Yamaha pour Albin de la Simone, et Casio pour Mélanie Pain. « C’est pour ça que ça sonne eighties, avec le côté hyper mélodique d’Albin. De mon côté, à part les Smiths, j’ai beaucoup d’influences plus rock comme Nick Cave ou PJ Harvey. C’était pas hyper naturel pour lui, mais il a senti que c’était important pour moi que ce soit plus intense. Il avait peur que ma voix ne suive pas, alors que justement j’adore : j’ai une voix assez douce, et j’aime quand une guitare bien trash arrive derrière ! C’est ça qui m’intéresse… Du coup, il s’est un peu forcé à faire des trucs un peu plus rock, c’était marrant. »

A peine Bye Bye Manchester sorti en France, que Mélanie Pain est impatiente de s’atteler à son troisième album. « J’ai hâte de m’y remettre, de continuer ce que j’ai commencé à Manchester, parce que j’ai toujours ce doute. Comme je suis pas compositrice depuis toujours, j’ai l’impression que c’est un miracle quand la chanson arrive : je me dépêche de la maquetter avant qu’elle reparte. Mais plus ça va, plus j’ai de petits bouts de chansons, donc ça me permet de pas repartir de zéro. J’essaie de retricoter un truc que j’avais pas réussi à faire, et parfois ça m’amène sur autre chose qui est mieux… »

Réclame

Bye Bye Manchester, le deuxième album de Mélanie Pain, est paru chez Sober & Gentle.
Mélanie Pain sera en concert le 16 décembre au 3 Baudets !


Remerciements : Delphine Caurette

Catégorie : A la une, Entretiens
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