Ladyfest : Sharon Van Etten et Fiodor Dream Dog

Lancé à l’initiative de volontaires l’année dernière grâce à la plateforme Kiss Kiss Bank Bank, le Ladyfest cherche à relayer l’évènement américain mis en place par le mouvement Riot Grrl. Il aura fallu attendre dix ans pour pouvoir promouvoir les cultures féministe, homosexuelle et transgenre dans notre capitale ! Pour ouvrir la deuxième édition qui se déroule jusqu’au 28 octobre, le festival avait choisi Fiodor Dream Dog et Sharon Van Etten.

Fiodor Dream Dog

Sur scène, elles sont cinq… dont un mec mais dans un contexte aussi particulier empreint de féminisme, la majorité l’emporte pour une fois. Au centre, Tatiana Mladenovitch trône avec sa batterie. Avant de se lancer dans l’aventure Fiodor Dream Dog, elle s’était fait les armes avec Emily Loizeau ou Bertrand Belin. On croisera d’ailleurs JP Nataf qui vient parfois s’inviter pour les chœurs ce projet solo.

Et il faut avouer que les chœurs sont essentiels à sa musique, parce que les compositions sont plus que rythmées. Normal en même temps quand une batteuse est à l’origine du groupe. Mais entre les claps, les percussions et la batterie qui mène le jeu, on ne sait plus sur quel temps taper du pied. Le chant vient parfois adoucir, arrondir les angles, un sifflement vient apaiser l’ensemble percussif mais non percutant. Car mine de rien, pendant tout le set, on attend que quelque chose se passe : la musique prend de l’ampleur mais ne décolle pas. Des cris viennent répondre aux murmures, mais pas d’envol.

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Sharon Van Etten

Une belle banderole ornée d’une moustache est suspendu au balcon. Dans la salle, les couples s’embrassent, on se sent ici en sécurité pour exprimer son orientation sexuelle. Et comme bande-son d’une soirée intimiste, Sharon Van Etten se trouve toute indiquée. Ravissante à souhait, elle n’affiche pourtant pas de caractéristiques clichées. D’ailleurs, certaines seront déçues d’apprendre que Sharon n’est pas homosexuelle, juste appréciée par la communauté lesbienne.

Sharon Van Etten

Sharon Van Etten

A première vue, Sharon Van Etten fait partie de ce mouvement de femmes à guitare : dans le même goût que Laura Marling. En même temps, la musique folk a toujours été un moyen pour les poètes des temps modernes d’allier discours et mélodies. Et la différence sera que là où Laura Marling s’est entourée de Noah & the Whale ou des Mumfords & Sons, Sharon Van Etten est elle allée chercher des conseils du côté de The National, The Walkmen, Wye Oak et Beirut, plus subtile et plus rock surtout.

On garde donc cette langueur mélancolique, emporté par des bourrasques de vent – et subitement une envie de pluie en haut d’une falaise nous prend. Parce qu’à la manière des romans féministes du XIXe siècle, les émotions sont à fleur de peau : on est là pour ressentir quelque chose, se sentir vivant face aux éléments. Les voix envoûtantes s’emmêlent dans les aiguës pour redescendre en douceur, les envolées tumultueuses retombent un peu à la manière de feuilles rouges à l’automne.

Malgré le nom de son dernier album, Tramp, Sharon Van Etten n’a rien d’une trainée. Le concert se déroule très chaleureusement, mené d’une voix timide mais communicative, Sharon est touchante mais pas larmoyante. Le public est attentif et surtout respectueux et les vivas fusent à chaque fin de chanson. Et pour célébrer un rappel proche de la berceuse, des ingénues enverront des ballons pastels du balcon.

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Réclame

Le deuxième album de Fiodor Dream Dog s’appelle Second of JoyTramp, le troisième album de Sharon Van Etten, est disponible chez Differ-Ant.


Remerciements : Marion (Differ-Ant)

Catégorie : Concerts
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