Entretien avec The Aerial

The Aerial viennent de Nancy, ils font de l’electro-pop et on commence à entendre parler d’eux un peu partout. Après le Printemps de Bourges, Le Transistor les a recroisé au festival Beauregard. Et comme ils enchaînent les dates, on s’est dit qu’il était temps de les rencontrer. La seule certitude à l’issue de cette interview, c’est qu’ils ne sont pas fan de System of a Down.

The Aerial

Pour l’anecdote, Joe est le prof d’anglais de Nicolas, Aleksi et Antoine. « Et c’est une vraie histoire, enfin c’est pas marketing. Et ce qui est marrant c’est qu’il faisait de la musique avant et on le savait pas du tout. C’était notre dernier espoir, et on s’est dit que ça coutait rien de demander. Et ça a marché. »

The Aerial n’existe que depuis deux ans, mais se fait une place petit à petit. « La première année, l’idée était d’être quelque chose en Lorraine. Et puis maintenant faut qu’on arrive à aller se montrer en France. Le but c’est qu’on puisse faire que ça. Que ça monte toujours, qu’on ait toujours un truc mieux à chaque fois. Et qu’on se fasse plaisir en faisant ça justement. » La fine équipe est soutenue par beaucoup de structures. « Y’a des gens qui nous aident : SFR Jeunes Talents, le Printemps de Bourges, l’Autre Canal – qui est la salle de Nancy. La tournée Esprit Musique de la Caisse d’Epargne aussi nous a beaucoup aidés. Tous ces efforts nous ont permis de rencontrer des gens intéressants, comme notre tourneur. »

Le groupe se fixe des objectifs réalisables à chaque étape. « On se fixe toujours des petits buts, on essaie de les passer et de jamais retomber, qu’il y ait une surenchere à chaque fois, et c’est ça qui est excitant, c’est kiffant. Ce qui est intéressant c’est que ça prend beaucoup de temps, à la fois à être au four et au moulin : à la fois tu fais de la musique, et en même temps tu essaie de monter ton groupe, tu cherches les photos de l’album, tu fais tout. Et plus ça avance, plus y’a des gens qui prennent un intérêt à ce qu’on fait… »
L’artwork d’Eleven Shaking Twenty justement interpelle. « C’est une vieille photo de famille d’Antoine. Y’a plein de groupe qui ont fait ça, et c’est important, à partir d’un moment, tu reviens vraiment à tes racines. Surtout y’a pas de recherche graphisme un peu à la con, genre faut que ce soit hyper hype etc. A la base, la démarche c’est d’aller vers la simplicité. »

Et à chaque étape, The Aerial complète son apprentissage, comme avec le mastering ou le mixage. « On est pas ingénieurs, donc on enregistre tout nous-mêmes, et après on a été redonner à quelqu’un mais on fait tout ensemble. Des fois on fait des trucs qui se font pas et ça sonne bien alors on les garde ! Alors que si on l’avait fait avec un ingénieur, il nous aurait dit ‘oh mais t’as pas le droit de faire ça’. » Pour leur prochain EP, ils se lancent dans la production. « On veut avoir un vrai bon studio, avec un vrai ingénieur… le but est d’essayer de monter toujours un petit peu. Bosser sur l’artistique de plus en plus : développer le groupe, c’est ça qui nous fait bander. »

Leur format de prédilection c’est le court. « Au début, pour trouver notre identité, on essayait de sortir le plus souvent des chansons mais pas un condensé : plutôt des petits formats pour prendre du recul et voir vers quoi on veut évoluer. Et maintenant on fait des EP… » Contrairement à beaucoup de groupes, l’album ne fait pas partie de leurs projets. « Pour l’instant, on a pas envie de s’enfermer six mois… le projet est encore en développement et faut qu’on soit tout le temps au taquet. Six mois de vide dédiés à la composition, ça risque d’être fatal pour le groupe. Donc on préfère passer trois semaines à faire trois chansons, et sortir un truc. »

Pour eux, la démarche d’album est très vieux jeu. « Et puis un album c’est long, c’est indigeste. Nous on en a jamais écoutés, on en écoute plus depuis des années, on pioche des morceaux à droite à gauche, et on se fait des compils. Toute notre génération est sur le format single. On ressent pas le besoin de faire un album. »
Nouvelle génération signifie un autre mode de consommation. « Les gens maintenant ils préfèrent mettre 30€ par mois dans un abonnement sur Internet plutôt que d’acheter cinq CDs par mois. Ce qui au final est beaucoup plus logique en fait. Tu as accès à beaucoup plus de choses que si t’achètes une platine vinyle. » Posséder de la musique semble même un luxe à leurs yeux. « La plupart des gens aujourd’hui ont pas les moyens d’avoir des CDs ou des vinyles. Un CD c’est plus un objet de collection. Je vais jamais écouter un CD parce que j’ai même pas de quoi l’écouter un CD en fait. »

YouTube Preview Image

Imagine un monde sans possession. « Vu qu’on s’était dit qu’on allait pas sortir d’album, on a monté notre label comme ça on a pas besoin d’aller chercher une maison de disque. De toute façon, nous on veut pas vendre de la musique puisqu’on en a jamais acheté… » Leur modèle économique reposera sur le merchandising. « Avec le liveet l’édition. On peut réussir à faire que de la musique et en vivre rien qu’avec le live. Y’a l’édition qui est hyper intéressante. Et puis t’as des revenus sur YouTube, sur Spotify et sur Deezer, c’est pas énorme mais y’a moyen nous de garder nos valeurs tout en rentrant dans le cercle professionnel. »

The Aerial ne veut pas rentrer dans le business de la musique. « On part pas en croisade contre les maisons de disque, c’est juste que pour nous c’est naturel, on se dit qu’on la téléchargeait quand on était petits, c’est grâce à ça qu’on s’est monté une discothèque. Ca nous permet de dire aux maisons de disque : ‘vous bossez avec vos trente ans de retard, allez vous faire enculer’… et puis peut-être qu’un jour on changera d’avis. Pour le moment on a pas besoin d’eux. »

Réclame

The Aerial seront en concert le 13 septembre au Divan du Monde pour l’Opening Party de MyTourManager, le 20 octobre à la Clé St Germain, le 26 octobre au MaMA. Ils seront aussi en première partie des Two Door Cinema Club (lire leur interview) pour un concert privé au studio SFR le 12 septembre – ce sera retransmis en direct dès 20h30 sur le site www.live-concerts.sfr.fr !




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