Entretien avec Electric Guest

Devant le succès d’Electric Guest, Le Transistor s’est posé une question. Est-ce que Danger Mouse a décidé de propulser un jeune groupe histoire de rester branché – comme Zdar l’année dernière qui produisait tout et n’importe quoi. Ou alors ce groupe en vaut vraiment la peine, et c’est pour ça que Danger Mouse s’est penché sur leur cas. La réponse dans cette interview.

Electric Guest

Quand on commence les recherches, on réalise que ça fait plus de cinq ans qu’Electric Guest bosse sur cet album. « On a pas tout fait d’un coup, c’est pour ça que ça a pris du temps. C’était surtout que Brian [aka Danger Mouse] n’avait pas beaucoup de dispos. »

Entretien avec Electric Guest

Entretien avec Electric Guest

Avant même d’entrer en studio, ça faisait déjà deux ans que Asa et Matthew composaient dans leur chambre. « On a utilisé toutes ces années pour écrire tranquillement nos chansons… Brian donnait son avis, sans pour autant les retravailler avec nous. Ce n’est qu’après s’être mis d’accord sur les chansons qu’on s’est retrouvés tous les trois dans son studio pour tout finaliser. » Parce qu’effectivement, il leur a fallu faire un choix sur plusieurs centaines de chansons. « En cinq ans, il y a eu beaucoup de travail effectué, beaucoup de chansons composées. Sans exagérer, on a bien écrit deux cents chansons. Les chansons définitives, c’est celles qu’on aime et que Brian aime, on les a choisies en commun. »

La sélection avec Brian a été longue et douloureuse. « Brian n’est pas le type de personne à t’expliquer pourquoi ça marche pas. Il te dit pas ce qu’il faut changer, il te dit juste oui ou non. Donc tu dois toi-même trouver le truc à modifier pour que ça lui plaise. » Asa raconte dans un sourire : « C’était un calvaire pendant des années ! Je me souviens une fois – c’était il y a des milliers années ! – on était dans sa voiture et je lui faisais écouter les chansons que j’avais écrites pendant ses 6 mois d’absence. Au bout de 10 secondes de chaque piste, il disait juste non en enclenchant la suivante. » Malgré tout, Asa a persévéré ! « Et puis, après un certain temps… il a commencé à dire de moins en moins non. Il disait que c’était pas mal, que c’était cool.»

Et petit à petit, Brian a forgé Asa. « Pendant de longues années, il était mon mentor. A l’époque, je pensais même pas que mes chansons figureraient sur un album, encore moins le mien. Donc toutes ces années, j’ai surtout appris. » Au début, Asa n’avait même pas l’intention de chanter. « C’est Brian qui m’a encouragé au cours des années. Et ça m’a pris bien trois ans pour me dire que oui, peut-être je pourrais chanter ; et ensuite commencer à m’y mettre, essayer, apprendre à chanter. »

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En cinq ans, Electric Guest a eu le temps de ressasser ses chansons. « Sur ‘Under The Gun‘, j’ai environ sept sessions pro-tools, il doit y avoir 14 parties en tout. Y’a une partie à la fin, qui était en fait un refrain, qu’on a fini par utiliser comme pont… y’a tellement de bouts dans tous les sens, parce qu’on a eu tellement de temps pour laisser mariner ne serait-ce qu’une seule chanson. A chaque fois, y’avait tellement d’options à explorer. » Pourtant, certaines chansons sont restées intactes de leur premier enregistrement. « Par exemple ‘Waves’, on l’a pas vraiment retravaillée, on l’a enregistrée dans le sous-sol d’une baraque et on a pratiquement rien touché. Rien n’a été re-enregistré à part un clap et le synthé à la fin, mais sinon c’est de l’original. »

Mondo est donc une sorte de collage de ces dix dernières années. « Il y a des morceaux, comme ‘Waves’ qui sont tellement vieux… Du coup, les chansons sur l’album ont été écrites à plusieurs mois, plusieurs années parfois d’écart. Donc elles ont pas le même ressenti. » Ce qui explique pourquoi ‘This Head I Hold’ qui détonne autant. « Pour être honnête, j’hésitais à mettre cette chanson sur l’album. Je me disais que ce truc Motown avait déjà été fait. Amy Winehouse a fait la même auparavant. La seule chose qui pour moi sauve la chanson, c’est la voix en falsetto, ça apporte une qualité différente au morceau. Mais comme ‘Waves’, elle colle pas avec le reste de l’album, qui est plus dans la rêverie. Notre style est plus sombre…»

La chanson la plus représentative de leur style serait plutôt ‘Trouble Man’. « En fait c’est la première chanson qui a été passée en radio à LA. On a aucune idée de pourquoi, mais ils l’ont jouée en entier, les 9 minutes complètes ! C’était bizarre ! On aurait même pas pensé la choisir comme single. » La raison de la longueur de ce morceau, c’est qu’elle est composée de plusieurs chansons. « Initialement, c’était trois chansons. Mais probablement parce que j’ai pas d’éducation musicale classique, elles sont similaires dans les accords, donc Brian a proposé de les combiner. »

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Après toutes ces années de labeur, Electric Guest n’a été révélé que récemment. « On a fait notre premier concert le 28 avril, ça fait un an maintenant qu’on joue en live, même pas… On a pris de très bons amis pour tourner avec nous. Ils ont pas fait l’album avec nous, mais on est tellement proches qu’on se sent un groupe. » Maintenant, Asa et Matthew peuvent enfin découvrir les joies du live. « C’est la meilleure partie dans la musique ! Je me rappelle, lorsque à un concert, j’ai pour la première fois vu quelqu’un que je ne connaissais pas qui chantait mes paroles ! C’est fou ! Quand t’es dans ta chambre à composer, t’arrives pas à le concevoir. Les paroles sont tellement personnelles, et maintenant elles appartiennent à tout le monde. Mais c’était assez génial ! »

Pour la petite anecdote, ‘Amber’ était une chanson destinée à un homme. « Amber, c’était en fait Andrew, un ami. Et puis cette chanson est devenue un peu sexy musicalement, y’avait un autre ressenti à cette chanson que l’intention de base… Donc on a changé pour Amber. C’est mon seul regret sur cet album, j’aurais aimé le laisser en Andrew. Parce que c’est pas une chanson d’amour ! » Par contre, Asa rougit comme un petit garçon quand il parle de ‘Jenny‘. « Cette chanson ne sera pas sur l’album. C’est à propos de cette fille avec qui j’étais à la fac. C’était ma copine… » On peut ré-écouter l’EP autant qu’on veut, on en saura pas plus.

Réclame

Mondo, le premier album d’Electric Guest est paru le 23 avril chez Because.
Electric Guest seront en concert le 22 mai à la Marock.
Live Report et photos de leur concert à la Boule Noire le 1er mars 2012


Remerciements : Emilie (Because)

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