Yoav

Après Charmed & Strange, son premier album remarqué et porté par les singles ‘Club Thing’ et ‘Adore Adore’, Yoav revient avec A Foolproof Escape Plan. Un album intrigant et légèrement obsédant où l’acoustique rencontre l’électro au confluent des cultures. Le titre ‘Yellowbrite Smile’ déjà bien ancré dans la tête, Le Transistor a rencontré ce jeune homme charmant et étrange à la fois.

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Le titre de l’album, A Foolproof Escape Plan, interpelle déjà. Pourquoi vouloir s’évader ? « La musique m’a toujours servi d’échappatoire – avant que je commence à jouer de la musique, c’était mon refuge. Et le titre de l’album est en quelque sorte une promesse d’évasion, que cet album va t’emmener loin… »
L’évasion comme synonyme du voyage, Yoav en connaît un rayon dans ce domaine. Né en Israël, il a grandit à Cape Town et après un détour par New York, il s’est plus ou moins établi à Londres. C’est sans compter les tournées. « J’ai beaucoup déménagé, mais il y a encore beaucoup d’endroits que je n’ai pas visités. Et voyager en tournée est un peu différent : tu peux pas faire les trucs touristiques, mais tu rencontres des gens et tu apprends énormément de choses. C’est une belle source d’inspiration. Par exemple en Russie on a été pourchassés par la mafia locale de St Petersbourg… c’était bizarre. C’est toujours un peu fou, mais j’ai énormément de chance de pouvoir voyager de cette manière. »

En fin de compte, entre l’album réalisé à Los Angeles, la tournée des festivals en Europe et la tournée mondiale, Yoav n’a pas eu d’appartement depuis deux ans. « J’ai passé pas mal de temps à Londres cette année, mais je restais chez des amis. J’aime bien cette liberté : un mois je traverse les montagnes transylvaniennes, le mois suivant, je me pose pour écrire des chansons.
Ca fait longtemps que j’ai pas eu de stabilité… Pour l’instant ça ne me dérange pas. J’aime bien le fait de n’avoir rien avec moi. J’ai une valise avec quelques trucs jetés dedans. J’ai des cartons à New York, d’autres à Los Angeles, un peu à Londres ou en Afrique du Sud … Je ne suis même pas sûr de les retrouver un jour. Dans ma valise j’ai quelques fringues, quelques livres et ma guitare. Et c’est tout. »

A Los Angeles, Yoav a travaillé avec le producteur Joey Waronker – qui a travaillé avec Beck, Elliott Smith, Thom Yorke, Smashing Pumpkins, R.E. M « C’était une super expérience, c’est un excellent musicien ! On a bien cliqué : il m’a aidé à prendre un peu de recul, car je me perdais dans les limbes du perfectionnisme. Ce qu’il voulait avant tout, c’était capturer une énergie.
Les parties de chant sur l’album ont été gardées de la première prise, cette prise qu’on fait avant même d’enregistrer, une piste qu’on enregistre à titre indicatif plus qu’autre chose. Je la faisais de manière complètement décontractée, puisqu’il n’y a pas de pression -on enregistre la véritable piste à la fin, quand le morceau est complet.. Et il m’a fait remarquer que la première était la meilleure, avec beaucoup plus d’émotion. Il m’a empêché de me prendre la tête sur des détails, il m’a aidé à m’amuser, à profiter, et je me suis régalé à enregistrer cet album. »

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Son clip ‘Yellowbrite Smile‘ participe aussi à percer le secret de la personnalité de l’artiste. « Mes amis de Montréal ont développé une technique : ils réalisent leurs clips à partir de photos, mais la photo se fond dans la suivante, avec un effet assez unique. J’ai été ravi de ce clip, parce qu’en tant qu’artiste artiste émergent, on a pas vraiment de contrôle sur son image. J’ai pas eu mon mot à dire pour les clips de mon dernier album. Et maintenant je peux y mettre de moi et j’ai envie d’être un peu décalé et différent.
C’était un shoot continu de six heures, des milliers de photos et moi qui recule sans arrêt. Et au milieu, on a balancé quelques photos de quand j’étais dans le désert en Californie. Ca rend un effet un peu fin du monde – ce qui colle avec l’album. »

Décalé et différent, Yoav l’a toujours été apparemment. « En fait j’étais un gamin très bizarre. J’avais des bagues, des lunettes, une coupe de cheveux bizarre… j’avais pas confiance en moi, donc j’arrivais pas à avoir de petite amie. J’avais 13 ans, j’avais pas de petite amie mais j’étais très romantique donc j’ai commencé la guitare. Mais en Afrique du Sud, et surtout à Cape Town, il vaut mieux faire du rugby ou du surf si on veut plaire aux filles. Et donc j’ai passé une année assez étrange, j’ai décidé de me prendre en main et de changer tout ça. Après six mois, on me reconnaissait pas. C’est là que j’ai été approché par des agences de mannequinat…
Cependant, sa carrière de mannequin n’était qu’une couverture. « J’avais commencé à enregistrer des chansons dans un studio. Et là, un label aux Etats-Unis a écouté ma maquette. Ce boulot de mannequin m’a permis d’obtenir un visa pour les Etats-Unis. J’ai eu énormément de chance. Et puis ça m’a aidé à me sentir plus à l’aise face à un objectif. Mais à peine je suis arrivé à New York, je me suis concentré sur la musique, parce que c’est ce que j’ai toujours voulu faire. Je le regrette pas cela dit, ça fait partie de mon développement personnel. »

Yoav cherche à ne pas oublier la raison pour laquelle il s’est mis à la musique. « Au-delà du gamin qui essaie de devenir cool, avant d’être découvert à New York, j’ai vécu une période assez spéciale … En Afrique du Sud on était en plein boom de musique électronique, et j’étais en train d’apprendre énormément sur la composition. Et là j’ai pensé aux artistes qui m’ont le plus influencé – mais pas uniquement sur le plan musical : de Jeff Buckley à Björk en passant par les Pink Floyd et Jimi Hendrix. Leurs concerts sont limite des expériences mystiques. J’ai voulu faire la même chose, rapprocher les gens par ma musique, donc je me suis plongé dans la méditation. Mon idée était de réaliser une sorte d’initiation shamanique, et en même temps d’écrire, voyager, expérimenter, explorer… pour pouvoir écrire de nouvelles chansons. C’est à ce moment que j’ai reçu ce coup de fil de New York d’une cousine qui avait donné mon CD à un représentant d’un label. Ca a été le commencement. »
Il part du principe que rien n’arrive par hasard. « Depuis ce moment, je me suis dit que c’est ce qui devait arriver, que je suivais le bon chemin. Mais c’est facile à oublier quand on est pris par le succès, quand on recherche l’approbation de tout le monde. S’entendre à la radio, avoir les filles, c’est cool, mais… si c’est ce que tu cherches, tu finis par perdre ce qui te rendait spécial, cette magie… Et on a besoin de cette magie dans la musique. Quand j’ai grandi, il y a avait beaucoup de groupes avec cette présence, mais plus maintenant. Le meilleur exemple c’est Radiohead : quand tu les vois en live, c’est un choc. Il n’y a plus beaucoup d’artistes qui me font cet effet. »

Réclame

A Foolproof Escape Plan est déjà disponible chez ADA / Naïve
Yoav sera en concert au Nouveau Casino le 15 octobre


Remerciements : Damien (Ivox)

Catégorie : Entretiens
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