Entretien avec Froth

Les Américains de Froth ont sorti leur troisième album, Outside (Briefly), en début d’année. Pour cette première sortie chez Wichita, le jeune groupe enchaîne les concerts, mais après les avoir loupés au festival South By SouthWest, Le Transistor les a aussi loupés lors de la Gonzaï Night à Paris. A La Route du Rock, nous avons réparé ce grave manquement avec une interview. Rencontre avec le chanteur Joojoo Ashworth et le basstiste Jeremy Katz.

Froth

Pour démarrer du bon pied, Joojoo et Jeremy nous livrent leur groupe français préféré :Marble Archs’écrient-ils, enthousiastes. Et continuent sur les banalités :
Jeremy : On adore la france. C’est cool
JooJoo : (en murmurant) Et c’est agréable d’être en Bretagne. Je sais que tout le monde a un problème avec la Bretagne. Ah non ? Ah ok. Bah voilà on aime la Bretagne !

Avant de faire de la musique, les Froth étaient surtout une bande de potes skaters.
JooJoo : Quand j’étais plus jeune, j’ai fait aussi du surf, parce j’ai grandi tout à côté de la mer. Mais tous ces milieux sont proches du monde de la musique.
Jeremy : Il y a beaucoup de groupes que j’ai découverts en regardant des vidéos de skate.
JooJoo : Parce qu’à la télé ou dans les films, la musique est pas toujours géniale. C’est toujours la même chose.
Jeremy : Alors que dans les vidéos de skate, on trouve de la bonne musique. C’est comme ça que j’ai découvert le Brian Jonestown Massacre ou encore Elliott Smith.
JooJoo : Elliott Smith c’est étonnant mais ça marche avec ‘Coast to Coast’. Et il a vécu à LA… et puis il portait un bonnet !” (rires)

Puis, pour s’amuser, ils ont monté un faux groupe de musique.
JooJoo : A la base, on traînait ensemble, on allait en concerts ensemble. Dans les petits concerts, genre DIY, on croise toujours les mêmes personnes, et les gens arrêtaient pas de nous demander le nom de notre groupe. Pour eux, c’était clair qu’on était dans un groupe ! Donc on s’est dit que pourquoi pas les laisser croire, c’était beaucoup plus simple. Et ensuite on l’a pris beaucoup trop au sérieux (rires)
Jeremy : mais c’était parce qu’on avait rien d’autre à faire !
JooJoo : A l’époque on était plutôt jeunes, donc on trouvait l’idée cool. Et un des gars du groupe à l’époque, Jeff, est un très bon designer, c’est un artiste talentueux, il allait toujours inventer des trucs… Comme des fausses pochettes d’album, jusqu’à en faire une expo !
Jeremy : D’ailleurs, il fait toujours toutes nos pochettes ou affiches.
JooJoo : On était juste en train de s’amuser, on avait pas d’autres manière de s’exprimer créativement. On cherchait à déclencher quelque chose, que quelque chose se passe.
Jeremy : Mais il n’y a pas d’histoire si bizarre ou folle, si ?“

Finalement, les Froth se sont lancés en live, sans filets !
JooJoo : Par la suite, deux d’entre nous ont commencé à jouer un peu, puis ils ont voulu faire un concert, dans le jardin de leur mère. Il se trouvait qu’un groupe venait d’annuler, donc il fallait le remplacer.
Jeremy : On avait le compte Facebook depuis un an déjà, donc la blague avait déjà bien duré ! (rires)
JooJoo : Oui, on a un nom de groupe, autant se lancer. Et donc on a joué des morceaux qu’on avait trouvés, et on s’est dit, ah ok, c’est ça le son de Froth. Mais ça faisait quelques jours seulement qu’on jammait ensemble.
Jeremy : C’est arrivé, sans trop se poser de questions.
JooJoo : J’avoue qu’en y repensant, c’est assez bizarre, qu’on soit devenus un vrai groupe.
Jeremy : Mais notre musique a évolué depuis ce premier concert ! (rires)
JooJoo : Oui, à nos concerts, certaines personnes nous réclament des anciennes chansons, et en fait on ne la joue plus. Parce que c’est plus nous, on en est revenus et on est partis sur un style totalement différent.”

Rapidement, les Froth se sont retrouvés à jouer à Paris… pour Yves Saint-Laurent !
JooJoo : On avait joué à un concert, au Burgerama festival, et les gars d’Yves Saint-Laurent ont aimé ce qu’on faisait. Et sur notre premier (et seul album à l’époque), ils ont trouvé une chanson qui collait avec ce qu’ils voulaient faire.
Jeremy : C’était notre premier album. Il était d’abord en cassette, mais on l’a sorti en vinyle par la suite. A Los Angeles, à cette période, c’était très en vogue.
Joojoo : et surtout pas cher du tout à faire !”

Au début, aucun d’entre eux ne savait réellement jouer.
Jeremy : Et quand Cameron a rejoint le groupe, on s’est dit que ça y est on pourrait jouer ensemble en rythme !
JooJoo : Ouais, on commençait à avoir des bases quand même.
Jeremy : Mais bon, il joue de la batterie depuis ses 10 ans ! Rien à voir !
JooJoo : Oui le batteur c’est l’ancre du groupe ! Sans lui on va nulle part… A part si t’es le Velvet Undergound ! Même si elle était très créative… Elle était bonne, mais elle était pas super carrée non plus.”
Pourtant, les Froth n’ont pas opté pour le punk.
Jeremy : Non c’était super surfy. Genre garage, assez influencé par les années 60s.
JooJoo : On se disait qu’il y avait suffisamment comme ça. On a pas besoin d’un autre groupe de punk ! (rires) Ouais, quand on y repense, on savait quand même un peu ce qu’on était en train de faire. J’avais quand même une vague idée de ce que j’aimais et du son que je voulais avoir.
Jeremy : On était aussi très inspirés par ce que nos amis faisaient. Parce que tous nos potes étaient dans des groupes.
JooJoo : Je pense que le groupe qui nous a influencé à l’époque et qui existe toujours c’est Cosmonauts. Et on les admire toujours autant.”

Froth vient donc de signer chez Wichita Recordings (Bloc Party, Yeah Yeah Yeahs, FIDLAR (lire l’interview), Gold Panda…)
JooJoo : Avant on était avec Burger puis Lolipop Records, ils ont sorti nos albums parce que ça leur plaisait, mais ils vont pas non plus le promouvoir.
Jeremy : Oui, ils vont pas non plus te pousser. Alors que Wichita, ils sont investis, c’est une opportunité !
JooJoo : Ils s’intéressent plus au développement du groupe, et se démènent pour qu’on ait un futur.
Jeremy : On avait jamais donné d’interview avant d’être signés chez eux. Et là, on tourne depuis que l’album est sorti en février.
JooJoo : Perso, je pensais que ce serait plus facile que ça. Je me disais qu’on avait déjà fait plein de tournées, donc c’est quoi la différence si on les enchaîne ? Et finalement je me dis que je vois pas ma copine. Parce qu’on est tous maqués, et Jeremy est marié…
Jeremy : C’est la meilleure, donc elle est compréhensive, mais là c’est bon, j’ai bien envie de me poser avec elle à la maison.
JooJoo : C’est pas facile d’être sur les routes pendant autant de temps.
Jeremy : Mais on va pas se plaindre, les tournées sont plus confortables, et nous on s’y habitue. Et les concerts sont meilleurs… Surtout sur cette tournée, parce qu’on accompagne de plus gros groupes, comme Interpol. Donc on est passés de clubs pour 200 personnes à salles pour 5 000 personnes.” (rires)

Du coup, Froth n’a pas encore eu le temps d’envisager la suite.
Jeremy : C’est super excitant cette tournée. La seule chose, c’est que parfois j’aimerais avoir plus de temps pour faire de nouveaux morceaux, parce que pour moi c’est la partie la plus épanouissante d’être dans un groupe. Parfois on a l’impression d’être des VRP. (rires)
JooJoo : Oui c’est ce qu’on se dit, parce qu’on sillonne le pays, comme les représentants en commerce. Mais c’est pas aussi dur que ça… C’est bien mieux !
Jeremy : Enfin, voilà, on joue un morceau un bon millier de fois, et on se dit, ok je suis prêt à composer de nouveaux morceaux.” (rires)

Réclame

Outside (Briefly), le troisième album de Froth est apru chez Wichita


Remerciements : Ingrid [PIAS]

Catégorie : A la une, Entretiens
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2 réactions »

  • Marble Arch au Point Ephémère | Le Transistor :

    […] ce nouvel album est réussi, ce n’est pas pour rien que c’est le groupe français préféré de Froth (lire l’interview). Aussi Le Transistor s’est joint à la foule, largement composée de copains et de fans de la […]

  • La Route du Rock 2017 - Thee Oh Sees, Helena Hauff, Idles | Le Transistor :

    […] On aurait réellement aimé vous raconter le concert, car leur nouvel album Outside (Briefly) nous a bien scotché, mais en ce premier jour au Fort, on a rencontré quelques soucis d’organisation. On vous passe les détails, mais du coup on a loupé Froth, pour la deuxième fois cette année. C’est vraiment dommage. Interview de Froth […]

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