Entretien avec Kaviar Special

Dans les découvertes de l’été, Rock en Seine nous a apporté un groupe breton, les Rennais de Kaviar Special. Sauf qu’en fait, ils en sont déjà à leur deuxième album, intitulé #2 – oui ils avaient beaucoup d’inspiration ce jour-là. Tout comme le jour où Le Transistor a rencontré Adrien, Vincent, Léo et Jeremy, juste après leur set sur la scène de l’Industrie, arborant de belles casquettes Pringles gagnées au karaoké sur le site du festival. Du coup, après avoir débattu de Call of Duty, on a réussi à parler un peu musique et intermittence.

Kaviar Special

Les Kaviar Special ont joué en Avant-Seine, en plein cagnard !
Adrien : Oui, la fin de set était un peu difficile.
Vincent : On n’était pas loin de l’insolation sur scène.
Léo : J’étais dans un état second un peu…
Jeremy : Quelle idée d’avoir porté des pantalons aussi les mecs ! Fallait rester en short.

Malgré la chaleur, le public de Rock en Seine a bien réagi.
Léo : Globalement on l’a bien senti. Il y avait plein de gens qui était hyper réceptifs : pour un set à 15h30, franchement, c’était vraiment cool.
Adrien : J’aurais été dans la foule, je serais resté sous les arbres, j’aurais pas bougé mon cul.
Vincent : Un truc cool qui s’est passé aujourd’hui, c’est que sur un morceau qui était calme à un moment, les gens se sont mis à taper dans leurs mains. Et ça pour nous ça a toujours été une blague, parce que taper dans ses mains c’est genre Bruce Springsteen, et deux fois ils l’ont fait !
Jeremy : On a l’habitude de jouer dans les bars, au mieux les gens bougent la tête.
Vincent : Mais du coup c’était marrant, c’était cool. »

Pour les Kaviar Special, c’était la première fois à Rock en Seine.
Adrien : C’est grâce à notre fanbase, qui est quand même assez costaud.
Vincent : Et puis on a une armée derrière nous, un truc de malade.
Jeremy : Sans rire, on a bénéficié de l’accompagnement des Trans Musicales : la tournée des Trans.
Adrien : Ça nous a aidé pour entrer dans le circuit professionnel et appréhender les grosses scènes.
Léo : En gros, ils prennent un groupe et le font jouer partout en Bretagne. En plus, ils proposent des ateliers sur comment gérer sa communication ou les contrats, faire les demandes de résidences…
Vincent : Tout ce qu’il faut savoir pour passer pro. Comment marche, comment bien se démerder et pas se faire avoir. »

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Ce n’est pas pour autant que Kaviar Special a particulièrement envie de se professionnaliser.
Adrien : Le groupe, c’est pour se marrer.
Jeremy : L’intermittence ça nous intéressait pas quand il fallait galérer à choper des dates, mais là on est à deux doigts… Si on se bouge un peu le cul, on a entre 800 et 1000 balles par mois à faire de la musique. Donc si ça le fait, c’est cool.
Vincent : C’est surtout que ça te permet de pouvoir arrêter ce que fais à côté, genre pousser des cartons… C’est se libérer du temps juste pour faire de la musique, pour composer des nouveaux trucs…
Jeremy : Nous on avait l’idée de l’intermittence, genre tu fais le même set tout le temps… Mais c’est super large, ça dépend aussi de ce que tu fais, quand tu fais du garage, t’es pas sollicité par plusieurs groupes, pour trouver des cachets un peu partout. Je connais plein de musiciens qui sont intermittents, qui jouent dans plein de groupes, sans avoir tant que ça d’affinités avec les gens.
Léo : Maintenant, l’intermittence c’est un projet à court terme. Sur l’année prochaine et l’année d’après à la rigueur, mais on va pas en faire toute notre vie. Moi j’ai commencé des études d’infirmier et j’espère les finir un jour. Adrien aussi fait des études, on a des projets. Mais infirmier ou intermittent de toute façon… C’est pas une voie royale : tu dors peu mais c’est très gratifiant ! »

Les Kaviar Special sont fans de garage, mais ne s’en revendiquent pas pour autant.
Léo : La dernière fois à Bordeaux, la description de l’événement nous présentait comme du garage 60s. On était assez surpris quand même.
Adrien : Par rapport aux autres groupes de la soirée surtout : nous, on peut passer du punk à des trucs un peu plus psychés. On a des touches un peu différentes, c’est un mélange de plein de trucs quoi.
Jeremy : Il y a plein de musiques qu’on aime bien et on essaie un peu de regrouper ça.
Adrien : C’est une esthétique, le garage, une façon de faire. Mais le garage 60s, c’est quand même hyper codé. Et nous on en fait pas.
Jeremy : Le garage c’était un peu les précurseurs du punk : c’était des jeunots qui faisaient de la pop, avec du matos un peu de merde. C’est genre les Ramones qui jouaient dans leur garage, avec des productions un peu pourries. Mais le punk c’est très droit aussi.
Adrien : Le garage ça laisse beaucoup plus de libertés pour les non techniciens que le punk. »

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Peu importe le style, punk ou garage, pour Kaviar Special ce qui compte avant tout c’est de garder l’esprit !
Jeremy : C’est en partie les Black Lips qui nous ont fait réaliser de tu peux faire de la musique avec peu de moyens possible.
Vincent : Au début on devait être garage parce qu’on avait pas non plus du matos de ouf, mais maintenant on a du bon matos, et du coup on a un peu perdu ce côté-là.
Jeremy : On essaie de faire des trucs un peu plus taillés pour des grandes scènes, plus structurés du moins. Ça paraît moins garage parce que c’est moins improvisé, c’est plus en place. Mais c’est des choses qu’on peut dire par rapport à des groupes comme Thee Oh Sees et Ty Segall. Maintenant on dit que c’est du rock-garage, mais qu’est-ce que ça veut dire ?
Adrien : C’est évident qu’ils viennent du garage et qu’ils ont évolué.
Jeremy : Quand j’écoute Manipulator de Ty Segall, c’est du rock 70s, à fond. C’est du hard rock même carrément, mais du garage j’en retrouve plus vraiment.
Vincent : Garage ça veut juste dire rudimentaire, primitif simple et efficace quoi.
Adrien : Moi j’aime bien qu’on dise qu’on fait du garage. C’est une esthétique de musique, et c’est un esprit à la cool tranquille détente. On se prend pas la tête, on est pas là pour faire les stars. Le garage, c’est un truc de potes pour se marrer, c’est un esprit qui est important, et je pense que c’est bien de le garder.
Vincent : Oui, on veut garder cette étiquette garage, pour dire qu’on est un groupe de potes qui s’amusent en faisant leur musique, et ça répond pas forcément à un genre en particulier.
Jeremy : On fait ce qu’on aime.
Vincent : Genre on fait de la new-wave psyché, des années 80.
Léo : On fait de la new-wave ?! »

Réclame

#2, le deuxième album de Kaviar Special, est paru chez Howlin Banana Records & Beast Records
Les Kaviar Special seront le 11 novembre avec JC Satan à la Maroquinerie pour une Gonzaï Night
Lire l’interview de JC Satan
Lire le live report de Kaviar Special à Rock en Seine


Remerciements : Marion [Ephelide]

Catégorie : A la une, Entretiens
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Une réaction »

  • Le Transistor | Le Transistor :

    […] C’est probablement l’heure la plus chaude de la journée. Le soleil dans les yeux, les Rennais ne peuvent pas voir que toute la foule est sagement installée à l’ombre sous la colline. Dès l’intro ils font vibrer leurs guitares, et foutent tranquillement la pression en crescendo. D’un ‘Starving’, doucement rock’n’roll, le rythme s’accélère, pour aller flirter du côté des Black Lips (mais en moins faux). De larsens en roulements de batterie, les Kaviar Special vont réussir à motiver les alanguis à rejoindre la fosse en plein cagnard. Lire l’interview de Kaviar Special […]

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