Entretien avec Kim

Kim, c’est Kim Giani, un artiste plus que prolifique que le Transistor a découvert avant même d’exister. A 14 ans, une de ses compositions passait en radio, à 15 ans, il enregistrait son premier 45 tours et montait son propre label. Vingt ans plus tard, il affiche une vingtaine d’albums au compteur, et un nombre de collaborations incalculable ! C’est d’ailleurs à force de rencontres musicales qu’est né le dernier album : Ballads !

KIM

Entre deux albums solo, Kim produit aussi des albums pour les autres, dont celui de Batist, December : « Ce qui est intéressant c’est que ses morceaux sont hyper écrits, c’est du grunge mais baroque : il a une éducation au Bach et ça se sent. Il est virtuose avec une attitude hyper cool par ailleurs. Mais il a mis peut-être 3 ans à écrire les chansons et seulement 2 heures à les enregistrer. »

L’année dernière, Kim a eu une année bien chargée avec notamment le concept de sortir un single par semaine. « Cette idée des 52 singles, c’était une saignée parce que j’avais plein de brouillons que j’avais pas finis. Donc on en met 52 sur un disque et comme ça on passe à autre chose. Mais j’ai presque regretté de m’être lancé dans ce projet parce qu’en fait j’ai énormément tourné en 2013 ! J’étais sur la tournée de Play (le spectacle pour enfants) et après avoir arrangé son disque, je suis parti sur la tournée de Carmen Maria Vega alors que c’était pas prévu. » Entre deux tournées et un album, Kim est aussi allé prêter main forte à des amis. « On a aussi enregistré l’album de Victorine puis tourné avec elle, et j’ai aussi fait de la batterie pour Batist, Sophia Bolt… Et à côté de ça, j’animais la tournée des inRocKs Lab avec Victorine… Et puis à un moment il y avait ce projet de reprises de gens qui s’appellent KIM qui trainait, donc on l’a enregistré en une seule journée. »

Malgré tout, Kim a trouvé le temps de réaliser cet album Ballads. « C’est un peu inspiré par Victorine, puisque qu’elle se fait accompagner que par des gens qui sont solistes ou meneurs de projets : moi-même je suis batteur pour elle. Et je m’étais dit que je ferais bien un disque où je reprendrais mes ballades. » L’insatiable Kim ne semble toujours à la recherche d’autres musiciens pour échanger des idées. « J’aime être seul pour préparer mes albums mais j’aime tout autant, jouer avec le plus de gens possible. Des fois c’est bien, des fois ça l’est moins, mais c’est tellement intéressant de jouer avec quelqu’un. C’est hyper sensuel. C’est mieux parfois que de parler. »

Le plus compliqué pour cet album Ballads aura été de réunir tout ce petit monde. « J’avais pas du tout le temps, mais je me suis dit que si je voulais les avoir tous, c’était le 5 juillet 2013 ou rien. Et en fait il n’y avait aucune autre journée où j’aurais pu tous les rassembler. Certains étaient sur les routes de festivals, mais Paris étant central ça marchait. » Tous ont répondu à l’appel… ou presque ! « Victorine était pas disponible, mais j’ai appelé plein de potes : Clément Daquin de ALB (interview), Cléa Vincent, Batist, Sofia Bolt, Mathias Malzieu, Baptiste W Hamon, Paulette Wright, Rémi Foucard, Jan Ghazi, Animau, Guillaume Léglise, Henri Caraguel et Guillemette Foucard. »

Après une année à courir, Kim a en ce moment un peu plus de temps pour souffler. « Cette année ça fait 20 ans que je tourne et que je fais des disques en solo, donc c’est un peu normal qu’il y ait un creux de la demande. Sûrement parce que les gens en ont marre de voir ma tronche, donc je fais une pause. Ça arrive, j’ai déjà vécu ce truc-là donc tant pis je fais d’autres choses : des spectacles pour enfants ou autres, c’est pas grave. » Mais l’infatigable Kim en profite donc pour faire des collaborations en tous genres. « J’ai toujours joué avec plein de gens. Parce que jouer en solo, ça veut dire que je fais vraiment tous les instruments, y a de quoi vite devenir fou. Je tourne vite en rond, ça devient contreproductif. Donc je fais rentrer des copains dans l’histoire pour un clip, une pochette, un concert, ou un solo de guitare. Et parfois, c’est moi qui vais faire des trucs avec des gens par gourmandise parce que j’ai envie de faire autre chose. »

Le problème de la musique enregistrée, c’est la question de la propriété intellectuelle. « Certains musiciens sont trop protégés, ce qui fait qu’on peut jamais rien faire avec eux. Dès qu’on veut jouer ensemble, le manager s’inquiète. Alors qu’on est juste deux musiciens qui se connaissent depuis longtemps et qui aiment bien jouer de la musique ensemble. Ils ont l’impression tout de suite, et ils ont pas forcément tort, qu’il va y avoir perversion, qu’on va servir du nom de leur artiste, ou piquer des idées. » Heureusement, ça n’a pas empêché Yuksek (interview) de l’appeler pour lui demander un coup de main. « C’est très difficile de rester dans le ludique et dans le créatif. Yuksek par exemple avait besoin d’un refrain pour une chanson, ‘Off the Wall’, donc il m’a envoyé un texto. Si Yuksek avait prévenu son DA, il lui aurait proposé quelqu’un d’autre. Et on saura jamais si la suggestion aurait été mieux ou moins bien, mais si c’est son idée, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout ? Donc on les a mis devant le fait accompli. »

Malgré tous ces accomplissements, Kim avoue avoir un problème de confiance en soi. « Le seul moment où je me sens en confiance, c’est quand je suis à la batterie. C’est le complexe de l’imposteur : tout ce pour lequel j’ai reçu un diplôme ça va. J’ai appris la batterie en école de jazz à 10 ans, et j’ai travaillé l’harmonie musicale pour mon bac musique donc c’est bon. Mais maintenant au niveau de l’écriture ou le jeu de guitare, j’ai le trac ! » C’est aussi dû à l’industrie de la musique parisienne, que Kim qualifie de toxique. « L’indie pop, c’est un drôle de milieu quand même. C’est compliqué en termes de reconnaissance des pairs, mais aussi économiquement, le côté éphémère des modes… Faut en vouloir ! Entre les gros professionnels de la musique qui passent leur temps à dire que c’est dommage parce que ça aurait pu vendre plus, et les alternatifs qui disent que c’est n’importe quoi de faire des trucs pour passer en radio, c’est bizarre. »

Récemment, Kim s’est férocement battu pour le statut des intermittents. « Tous les gens qui sont à un millier de copies et quelques dates par an, qui passent de temps en temps sur Le Mouv et avec leur chronique dans les inRocKs, toute cette scène-là, on en prend un peu plein la gueule. Moi je me plains par rapport au régime des intermittents, parce qu’on se fait voler par l’UNEF. » Sans oublier que c’est aussi très ingrat au final comme métier. « En plus, l’indie pop en France, c’est un véritable vivier d’idées pour les DA de maison de disques plus grosses, pour les gens qui synchronisent de la musique à l’image : ça pille au taquet ! » Heureusement, Kim ne s’arrête pas à ça, et continue de composer et de s’amuser en jouant avec ses amis.

Réclame

Ballads sort le 20 août mais il sera disponible en avance sur le Blog de Kim (et moins cher) : « Ca fait presque 10 ans que je le fais, et par jour il y en a une quarantaine de lecteurs qui passe. Donc pour eux, je me suis dit que ce serait cool que ce soit moins cher et que ça sorte en avance. »
Kim sera en concert avec tous ses potes le 3 septembre au 3 Baudets !




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