Entretien avec Bombay Show Pig

L’avantage du Printemps de Bourges, c’est que le festival brasse beaucoup de styles. C’est ainsi qu’on se retrouve face à des Néerlandais au nom improbable : Bombay Show Pig. Avec Mathias Janmaat et Linda van Leeuwen, on a rapidement parlé de Jacco Gardner (avec qui ils ont sorti un titre paru sur leur premier album Vulture/Provider), mais surtout de l’état de la musique alternative aux Pays-Bas… et de rock bien entendu !

Bombay Show Pig

Leur nom de groupe est par trop étrange. Mathias explique : « Non c’est sûr ça n’a aucun sens, mais au moment où on a choisi, ça nous paraissait évident : c’est une combinaison de titres de chansons de Tom Waits et Captain Beefheart. Et comme ça sonne bizarre, on s’est par la suite dit que ça pouvait attirer l’attention, intriguer les gens. Une fois entendu, le nom reste en tête… du moins on espère ! »

Bombay Show Pig

Auparavant, le groupe avait un chanteur, mais au dernier moment, Mathias et Linda ont décidé de se concentrer en duo. « C’est arrivé quand on s’apprêtait à enregistrer le premier album, c’est là qu’on a eu le déclic… Le trio fonctionnait avec les compos qu’on avait avant, mais quand on s’est mis à écrire les chansons pour le nouvel album, ça collait plus avec la voix du chanteur.
Mathias : Et quand on a opté pour le duo, le projet a pris tout son sens… D’un coup, plus rien d’autre ne comptait.
Linda : Mais c’est jamais consciemment qu’on décide d’arrêter les autres projets : c’est juste qu’on s’est embarqués dans ce projet. Tout naturellement, on a placé une priorité sur Bombay Show Pig. Et c’est de cette manière qu’on réalise que ça marchera pas vis-à-vis des autres groupes.
Mathias : Parfois, ça aide de prendre ce genre de décisions. Certains groupes changent de formation juste avant d’entrer en studio, ça leur permet d’insuffler une nouvelle énergie. Comme Josh Homme par exemple qui change de groupe constamment, il doit y avoir une raison : ça permet de garder un œil neuf, d’avoir de nouvelles idées. C’est assez logique en somme.
Linda : Et il y a une force qui se dégage d’un duo.

Cette formation oblige Linda à jouer de la batterie et du synthé en même temps. « C’est une technique motrice : la batterie c’est les quatre membres, et le synthé c’est horizontal. Il m’a fallu m’entrainer, mais l’indépendance des membres était là de par la batterie. Ca m’a pris du temps, mais comme je chantais déjà en jouant de la batterie depuis un moment, l’apprentissage a été relativement rapide.
Mathias : En même temps c’est mieux comme ça, parce que si le claviériste était dans le groupe, il voudrait jouer sur plus de morceaux. Il ferait partie du groupe et s’impliquerait dans la composition… et tout l’arrangement serait foutu !
Linda : La seule manière de pas avoir à gérer l’égo d’un musicien – parce que c’est toujours une question d’égo – c’est de le payer énormément. En attendant, on a pas besoin de ça.
Mathias : Etant donné qu’on a énormément bossé pour que ça marche en formation à deux, même la dynamique sur scène serait bizarre avec une troisième personne. Ce serait déséquilibré. On jouait à un moment avec deux autres personnes parfois, mais c’est plus logique à deux. Et c’est super excitant de réussir à faire sonner les chansons à deux.
Linda : Bien sûr, on le conçoit dans le futur, comme pour les Black Keys. Mais on en est encore à l’étape de l’ébauche, on en est encore aux débuts du projet. Et comme on y arrive à faire sonner les morceaux à deux en studio, si on faisait intervenir du monde en live, ce serait un peu confus pour tout le monde.

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Le duo Bombay Show Pig sont en France pour promouvoir leur permier album Vulture/Provider, déjà paru l’année dernière aux Pays-Bas. « C’est vraiment cool d’avoir l’opportunité de s’exporter. Parce qu’il y a beaucoup de groupes aux Pays-Bas qui ne trouvent pas de dates. A part Jacco Gardner (vu à la Route du Rock) et Skip&Die (vus aux Trans Musicales) peut-être… Il y a des groupes bien plus populaires aux Pays-Bas, qui n’ont pas réussi à se développer à l’étranger.
Linda : Parfois c’est parce qu’il y a déjà beaucoup de groupes dans le même genre en France, mais c’est peut-être aussi qu’on a des goûts différents aux Pays-Bas. En ce qui nous concerne, c’est étrange, on se sentirait presque mieux accepté ici. Parce qu’aux Pays-Bas, il n’y pas vraiment pas de créneau pour notre style : on est vraiment sur une niche, on vise une audience très spécifique, peu nombreuse.
Mathias : C’est sûrement que la radio la plus alternative des Pays-Bas n’est pas si alternative que ça. Prenons Radio Nova : ce qu’ils programment la journée, c’est des titres que nos radio ne passeront que la nuit, entre 23h et 1h du matin. Et la journée, ils jouent que des tubes mainstream.
Linda : Toutes les radios alternatives qui existaient sur les ondes et qui jouaient nos morceaux, ne sont désormais disponibles que sur internet, par manque de fonds.
Mathias : On a pleins de groupes vraiment cools aux Pays-Bas, mais il n’y a pas assez de monde qui les soutient. Ici, le pays est plus grand, donc même si c’est une niche, elle sera plus grande que chez nous.

Les Pays-Bas étant toujours présenté comme plus émancipé que la France, on aurait pu croire qu’il y avait plus de subventions pour la musique alternative. « On reçoit des bourses pour partir jouer dans d’autres pays. Et c’est une bonne chose : sans ça, on pourrait pas tourner autant qu’on le fait actuellement.
Mathias : En France, il existe une loi, qui stipule que si tu fais un certain nombre de concerts par an, tu reçois une aide, financière et matérielle. On avait la même chose au Pays-Bas avant, mais comme on vient d’élire un nouveau gouvernement, et qu’il est moins axé sur la culture, c’est un peu plus difficile.
Linda : En même temps, le pays est toujours en crise, donc…
Mathias : C’est pas grave, d’une manière ou d’une autre, on va y arriver.
Linda : Mais les subventions sont pas toujours positives. Quand un artiste vient faire une tournée en France, parfois ils ont besoin d’embaucher des musiciens sur place. Sauf que les Français n’ont pas bonne réputation parce que les tourneurs ou agents essaient d’aider les musiciens qui n’ont pas assez de concerts au compteur !
Mathias : En même temps, c’est cool de voir tout ce qui est fait pour la culture en France. Ca nous permet de venir jouer ici, et même de recevoir un cachet suffisant pour couvrir nos dépenses. C’est mieux qu’aux Pays-Bas !

Réclame

Vulture / Provider, le premier album de Bombay Show Pig, est déjà disponible.
Bombay Show Pig sont en concert le 22 octobre à la Flèche d’Or


Remerciements : Antoine (Opus 64)

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