Entretien avec Mein Sohn William

Mein Sohn William n’est pas un artiste allemand, comme le barman germanophone du Point Ephemère se faisait la réflexion. C’est un groupe désormais – deux Rennais – qui définit son style comme du rock dadaïste lo-fi. Intrigué par le premier album, Le Transistor a rencontré Dorian et Antoine lors de leur passage au festival Air d’Islande. Il était grand temps, parce qu’après les Trans Musicales en 2011, Mein Sohn William vient de se retrouver sélectionné pour les Inouïs du Printemps de Bourges 2013.

Mein Sohn William

Manque de chance, le duo revient d’un concert en Corse où ces indépendantistes leur ont refilé la grippe italienne. Et aucun chat à l’horizon ! Merci pour la pub mensongère !

Entretien avec Mein Sohn William

Depuis le Printemps dernier, Mein Sohn William tourne à deux. « Avant, on pouvait voir un peu comment le morceau se construisait. Avec des pédales de sample, on suivait en permanence tout ce qui se passait. Mais la pédagogie a pas lieu d’être. » Seul à l’origine du projet, Dorian s’est retrouvé limité sur scène. « Je pouvais pas faire tout que ce que je voulais. Il aurait fallu cinq mains ou cinq pieds mais c’était pas le cas donc c’était bien que Antoine vienne me soulager…
Antoine : c’était juste pour mes bras et mes pieds que tu m’as pris !
Dorian : A la base c’était plus pour me soulager techniquement, et puis c’était aussi pour apporter une autre opinion. Il fallait pas non plus que ce soit quelqu’un qui fasse juste de la basse ou juste de la guitare. Il fallait quelqu’un comme Antoine qui pouvait à la fois jouer du clavier et chanter, faire d’autres choses qu’un seul instrument.
Antoine : Bah soit pas triste quand tu dis ça !
Dorian : J’ai pas eu besoin de beaucoup juger pour me dire c’est lui qu’il me faut.
Antoine : T’aurais pu faire un casting de mecs complètement chelous !
Dorian : En fait, on s’est rencontrés par des potes en commun.
Antoine : On s’est pas rencontrés nus dans l’océan

Le fait de jouer à deux permet d’être plus libre. « Parfois on est deux à pouvoir jouer des choses en direct par-dessus ce qui est déjà enregistré dans les machines. Ca permet tout de suite de doubler l’intensité en une mesure. Quand je rajoutais juste une guitare sur un gros sample, ça faisait pas grand-chose. Tandis que maintenant sur un sample quand on rajoute une guitare et un clavier en même temps, on a plus d’impact. »

Si Dorian était seul, on avait tout de même l’impression d’avoir une tribu dans son salon à l’écoute de son disque. « C’est l’intensité que tu mets dans tes prises qui fait que, c’est le collage. Pour ‘Million Thousand People’ on a pris une chorale, et pour ‘The Jazz Hot‘ on a fait une prise de son dans un bistrot. C’est pour rendre la chose vivante. J’aime bien cet univers-là, raconter des histoire ou placer des moments de scénario dans mes chansons. C’est aussi important de prendre des voix différentes, ça permet de placer le narrateur et de savoir qui est qui. »

De ces collages animés ressort un univers bariolé un peu barré. « Pourtant on cherche pas du tout à compliquer ni à se démarquer. Ca vient pas d’une volonté de ne pas ressembler à qui que ce soit. Le premier album, avant de commencer l’enregistrement, on s’est dit qu’on aimerait que ça sonne entre GaBLé et Beck. Après on aime bien passer des trucs dans le mixeur mais ça veut pas dire qu’on veut pas être identifiés à tel ou tel artiste.
Antoine : Ca vient aussi du fait qu’on n’est pas en formation guitare/basse/batterie. On est multi-instrumentistes nuls l’un comme l’autre. On aime bien jouer de plein d’instruments mais on est pas forts… donc on colle plein de petites choses, ce qui fait que dans un spectre plus large c’est dur de dire si c’est du rock n roll, du hip hop ou de l’electro. C’est plus des sautes d’humeur, des couleurs qui créent un patchwork. »

Pour Dorian, une chanson correspond à une couleur. « J’aime bien cette façon de voir les choses, de se dire un morceau c’est une idée. C’est juste une phrase, on peut broder après autour et chercher des idées qui en découlent mais partir d’une seule et même idée pour une chanson je trouve ça bien. » Avec parfois ce besoin d’illustrer pour partager ce qu’ils ont en tête. « Je voulais faire une chanson sur Peter Sellers, le mec qui jouait dans La Panthère Rose, et pendant toute la journée on cherchait des thèmes autour de ce morceau-là, et j’ai fini par montrer à Antoine un extrait des gags les plus débiles de La Panthère Rose pour qu’on soit sur la même longueur d’ondes. »
Les idées de départ sont tout juste des directions…
Antoine : c’est souvent de l’accident un peu.
Dorian : Sur un des morceaux, on s’est dit qu’on aimerait que ça ressemble à un tango argentin lugubre, et à la fin ça avait pas du tout les couleurs qu’on avait définies au départ.
Antoine : C’est plus des excuses qu’on se donne. On arrivera pas forcément là où on voulait aller. Pour aller en vacances d’ailleurs c’est super chiant.

Parce que Mein Sohn William prépare déjà le prochain album. Un fils à deux têtes nous confirme Antoine. « Le premier moi je l’ai juste enregistré et j’ai posé deux trois petits arrangements par-dessus. Le prochain qu’on est en train de faire, celui-là on bosse vraiment à deux. »
Dorian : Ca faisait un an qu’on n’avait pas composé. Mais ça fait du bien parfois de faire une grosse pause. Tu t’inspires de ce que t’écoutes ailleurs et de ce que tu vas vivre s à côté sans t’imposer forcément de composer. On s’est fait deux sessions d’une semaine à enregistrer chez des potes, mais j’avais déjà préparé des choses de mon côté : j’avais déjà trois-quatre morceaux de prêts, en plus de quelques thèmes qui tournaient un peu qu’on a redéveloppés après. On n’est pas arrivés les poches vides. La page blanche ça existe pas, on part jamais de rien. »

Sans avancer de date pour l’instant, ce deuxième album est en très bonne voie.
Dorian : Y’a douze morceaux, moi j’aimerais bien en avoir quatorze, parce que c’est super d’avoir quatorze morceaux. Je trouve ça un chiffre parfait, parce que treize on peut pas.
Antoine : Et seize ça fait trop.
Dorian : Je dis pas qu’il y a pas des idées qu’on n’a pas jetées
Antoine : Je les ai revendues sur ebay !

Réclame

Mein Sohn William, le premier album de Mein Sohn William, est paru chez Ici D’Ailleurs.
Mein Sohn William sera au Printemps de Bourges dans la sélection des Inouïs


Remerciements : Jean-Philippe Béraud

Catégorie : A la une, Entretiens
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