Depuis quelques années, Saya Gray construit patiemment sa fan base. Avec la sortie de son deuxième album, sobrement intitulé Saya, son succès dépasse désormais les frontières nord-américaines. Après un passage remarqué à la Gaîté Lyrique en avril, Saya Gray revient à l’Elysée Montmartre pour le Pitchfork Music Festival, portée par l’énergie d’un public de fans passionnés.

Lumï

Pour préparer le terrain, Lumï vient livrer ses compositions délicates. Les voix des deux artistes s’entremêlent avec justesse, portées par des sons de flûtes et hautbois qui enrichissent les arpèges de leurs guitares. Les deux musiciennes prennent le temps d’expliquer chaque morceau et leurs intentions… Un duo qui rappelle un peu les deux soeurs Lily and Madeleine.

En intro de ‘Figure 8’, qui nous évoque Elliott Smith, elles donnent une vision bien personnelle de la famille. Le morceau s’élève en volutes, prend son élan, mais s’arrête un peu trop tôt. Sur ‘Six Missed Calls’, elles évoquent leurs disputes en coulisses. Le public est touché par cette candeur, mais l’ambiance retombe à chaque explication. Enfin, sur ‘Once in a Blue Moon’, Lumï invite la salle à chanter avec elles, mais le motif proposé s’avère trop complexe à reprendre.

Saya Gray

L’énergie du groupe se fait sentir avant même que le show ne démarre vraiment : lunettes d’aviateur vissées sur le nez, une guitare / basse à double manche, et déjà le public chante à tue-tête sur ‘Thus Is Why (I Don’t Spring 4 Love)’. On ne s’attend pas à une telle communion pour une première chanson, mais la foule est là, vivante, prête à répondre à chaque impulsion.

La chanteuse lance un “You are the cutest” et enchaîne sur le très country (presque KT Tunstall-ien dans l’’énergie) ‘Shell (Of a Man)’, qu’elle démarre un ton trop haut mais ça n’empêche tout le monde de la suivre. Elle s’arrête pour reprendre et avoue qu’elle attendait ce concert, consciente que le public serait à fond. Elle se pose ensuite au clavier pour un moment calme avec ‘Line Back 22’ mais c’était sans compter sur la batterie qui se déchaîne.

Sur ‘Exhaust the topic’, les styles se mélangent, les influences fusent, et on se retrouve subitement à headbanger !! Puis Saya Gray reprend le contrôle avec ‘Empathy 4 Bethany’ avec des arpèges subtils, et un niveau de piano bluffant. Encouragée par le batteur, la foule clappe en rythme.

Après deux morceaux en acoustique, ‘Pap Test’ et ‘Shallow (Ppl Swim in Shallow Water)’, ‘2 2 Bootleg’ explose, et l’Elysée Montmartre se transforme en énorme dancefloor. Ca part alors sur du métal : Saya Gray refuse décidément de choisir et fait des allers-retours entre douceur et déluge sonore. La tension monte encore d’un cran sur ‘Dizzy Ppl Become Blurry’, puis s’arrête brusquement.

Après ‘H.B.W’, le grandiloquent ‘Bouquet for your 180 Face’ impressionne. Sur ‘Annie, Pick a Flower… (My House)’, piano et voix s’harmonisent, pour faire mouche auprès d’un public déjà conquis. Saya Gray invite le public à chanter avec elle sur la bien vénère presque acharnée ‘If There’s No Seat in the Sky (Will You Forgive Me???)’.

Le set se finit sur la parfaite ‘Lie Down’, où tous les bras se balancent en rythme pour accompagner le groupe. La chanteuse en profite pour récupérer le téléphone tendu d’un fan, prendre un selfie puis le lui rendre. La chanteuse revient seule pour un rappel entièrement acoustique avec ‘416 Fallaway’ et le temps suspend son vol.

Saya Gray en profite pour glisser un mot sur la rémunération des plateformes de streaming – mais le merchandising est déjà dévalisé ! Avant de se quitter, la bassiste propose ‘Shallow’… Dernières notes, derniers chœurs partagés, un dernier pas chassé pour quitter la scène. Le public repart avec le sentiment d’avoir assisté à un show généreux, explosif et sincère – un concert exceptionnel !

Catégorie : A la une, Concerts
Artiste(s) : Lumï, Saya Gray
Salle(s) : Elysée Montmartre
Evenement(s) : Pitchfork Music Festival
Ville(s) : Paris