Entretien avec Fifty Miles From Vancouver

Aux Trans, il y a des milliers de groupes. Difficile de tirer son épingle du jeu pour se faire repérer. Le Transistor a fait confiance à la programmation de l’Ubu pour tomber sur Fifty Miles From Vancouver, une pop shoegaze lo-fi bien sympathique, qui a donné envie de rencontrer le groupe. Une conversation toute en digression autour des noms de groupe, de la scène bretonne et des tremplins de festivals avec Xavier.

Fifty Miles From Vancouver

Fifty Miles From Vancouver – un nom bien énigmatique. « On aime énormément les noms de ville, l’aspect un peu géographique du truc. C’était un duo à la base, et il leur fallait justement un nouveau nom puisque ils fondaient un nouveau groupe sur les cendres d’un trio… Qui avait disparu vu que le batteur se cassait en Allemagne. Il faut bien dire que Erasmus est une plaie pour les jeunes groupes. C’est atroce, y’en a toujours un qui se casse à Dortmund pour passer une année de merde où il va juste se bourrer la gueule et se taper des filles, alors que nous on essaie de construire un truc… enfin bon, je plaisante. »

Entretien avec Fifty Miles From Vancouver

Entretien avec Fifty Miles From Vancouver

Mais surtout, un nom qui attire l’attention dans une grosse programmation comme celle des Trans. « C’est marrant, parce qu’hier on a chopé une interview sur le Mouv’ grâce à notre nom. Parce que Laura Leishman est canadienne et ça lui a carrément tapé dans l’œil… Et donc elle a écouté, ça lui a plu et elle a voulu en savoir un peu plus. » Certains pourraient objecter que le nom est trop long, comme celui des Bewitched Hands On The Top Of Our Heads« Je comprends que le nom soit un peu long, mais on va pas changer de nom pour que ça marche. The Bewitched Hands (interview) ont raccourci leur nom, si ça vient d’eux c’est super cool, mais à un moment si c’est dans leur contrat et qu’ils le font, je trouve ça moins cool. Parce qu’en plus y’a pas que le nom, y’a aussi la typo qui a changé. C’était moche et super relou pour les journalistes, mais c’est un choix d’artiste. Et à partir du moment où justement tu renies tes choix pour satisfaire la demande contractuelle… Pour autant j’aime beaucoup ce qu’ils font. »

Xavier de son côté, fait partie de plusieurs groupes, dont Splash Wave et Sudden Death Of Stars. « A quatre membres dans Fifty Miles, on a cinq groupes différents, du moins quatre actifs. Mais on voit ça dans toutes les villes, tout le monde fait ça. On est tous plus ou moins à la fac ensemble et on se fait écouter des trucs. Tu discutes, tu montes des projets, et puis on se prête du matos et puis ça fait plein de groupes. » Du coup, Xavier a sorti un EP avec La Femme. « Avec Splash Wave, on est des camarades de label de La Femme (aux Festival des Inrocks Black XS)et on a sorti notre premier EP sur la série Le Podium, avec Holstenwall et Mungo Park – même si ça reste de l’autoproduit. Et si les labels se battent pour obtenir les faveurs de La Femme, il se peut qu’il n’y en ait aucun, on en a pas mal parlé et ils se rendent compte qu’à l’époque actuelle, vu le buzz qu’ils ont fait, ils ont plus besoin de label. Parce qu’ils ont déjà mis une claque à tout le monde. Ils ont besoin d’une distrib mais pas de promo parce que tous les magazines en parlent. »

Le Podium #2 : Splash Wave by Splash Wave

D’un certain côté, les side projects peuvent freiner à la montée d’un groupe. « Comme les Wankin, qui ont un problème à cause de la percée de Juveniles. Sauf que ça colle pas, parce que JS se reconnaît moins dans l’image potache des Wankin Noodles et maintenant il fait ce qui lui plaît. Et puis ça prend plus vite : ils ont eu plus de médiatisation en six mois que les Wankin n’en ont eu en trois ans… Donc ça c’est un autre problème. » En ce qui concerne les Fifty Miles, là n’est pas la question. « On est pas du tout dans la professionnalisation. On va pas passer la soirée à essayer de choper des programmateurs. On va rejoindre nos potes, on va boire du Jack Daniel’s, on va aller écouter Towerbrown au Mondo Bizarro pour les bars en trans. Y’a pas de démarche méga calculée, on a pas d’attachée de presse, on sort nos disques nous-mêmes, on les enregistre plus ou moins nous-mêmes. Les mecs de Bikini Machine nous enregistrent sur leur vieux matos. »

Fifty Miles From Vancouver reste cependant un groupe soutenu par la scène bretonne. « On est tous des groupes accompagnés en fait, les Im Takt (interview) ils sont soutenus à l’année par La Carène, ils bénéficient d’énormément de temps de filage et Yannick Martin, le programmateur, les aide vachement à choper des contacts. A l’Ubu, ils ont pas la même politique : ils aident plus de groupes sur un plus court laps de temps. T’as deux filages et tu joues au Trans. C’est à toi de te démerder, de profiter des Trans pour rencontrer des gens. » Et Xavier reconnaît l’intérêt de jouer aux Trans Musicales. « Ici on est à la maison, et on a l’opportunité de jouer devant des gens qui nous connaissent pas. En plus, ça nous permet de jouer dans de bonnes conditions. Après ca va très vite, t’as deux dates de répé, trois dates de tournée des trans, dans d’autres salles du Grand Ouest. Ensuite t’as le concert des Trans… ça file à une vitesse incroyable. »

"i wish it could be 2001 again" by Fifty Miles From Vancouver

Mais Xavier adopte une autre démarche musicale que ces groupes ciblés pour les Inrocks. « Certains groupes, si on fait une liste de ce qu’il faut faire pour que ça marche en ce moment, ils pourraient cocher toutes les cases. Ca rentre dans une enveloppe et les inrocks ils kiffent trop. Mais nous on a vraiment envie de s’amuser, donc s’il faut créer un nouveau groupe tous les six mois on le fera, tant qu’on arrive à tout faire. Hier, j’ai joué avec Splashwave, aujourd’hui avec Fifty Miles et demain avec Sudden Death en vue des concerts à venir. Y’a aucun des groupes dans lesquels je joue qui a assez d’actualité pour écraser les autres. » C’est pour cette raison qu’il n’a aucune intention de faire le tremplin des Découvertes du Printemps de Bourges. « Aux Trans, y’a pas de tremplin, y’a pas d’audition, y’a pas de mec en train de te regarder en s’écrasant la barbe ou en mangeant leur branche de lunette. C’est vraiment à la cool. Rien à voir avec le Printemps de Bourges où t’es en compétition avec d’autres groupes et avec d’autres régions, et y’a un jury composé de professionnels qui te juge… Ils sont censés connaitre je sais pas quoi et ils te jugent. Non moi ça me débecte absolument. »

Getting Up, Going Down – Close Up Records by Sudden Death of Stars

Réclame

Sur leur Facebook, les Fifty Miles From Vancouver annoncent qu’ils sont en train d’enregistrer un disque. Ils seront en concert le 10 février au Club à Ressort de Brest.


Remerciements : Maxime (ATM)

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