Da Brasilians

Da Brasilians vient de sortir leur premier album. Contrairement à beaucoup de groupes, ils n’avaient pas pour ambition de se lancer dans une carrière. Cette interview retrace plutôt l’histoire de quatre garçons dans le vent qui se sont rencontrés sur les bancs du collège, dans une petite ville de Normandie, et qui après avoir fait leurs expériences musicales, ont décidé de jouer ensemble, comme ça pour eux… Une bande de copains en somme.

Pour se présenter, le choix du nom du groupe en dit long. « C’est un vieux nom, on sait plus trop toujours pourquoi on l’a choisi mais on l’aime beaucoup… Chacun des fois pour des raisons différentes. Mais il est assez majestueux, assez solaire. Et puis c’est pas la Californie pour une fois, ça évoque un lieu qu’on connaît pas, c’est de l’autre côté de l’océan. » Il y a quand même une théorie sur le Da qui court. « C’était la grosse époque des groupes en The, et on trouvait ça quand même sympa d’avoir quelque chose avant Brasilians. Y’avait un groupe ricain, mais de hip-hop, qui avait la particule Da, signe du language du hip hop américain. Et ça convient, parce qu’il y a aussi des moments dans le disque où ça peut déraper : on voudrait pas non plus être juste de la pop sunshine. Mais ce qui est marrant c’est que ça a rapporté ce Da qui rend le nom encore plus majestueux. C’est le décalage créé qui nous plaît. »

Da Brasilians

Quand ils étaient au lycée, ils faisaient du skate, ils auraient pu monter un groupe de punk… « On vient de Saint Lô, une petite ville de province. Quand t’es adolescent, tu cherches à te démarquer, pour exister et nous on avait choisi de faire du skate. A l’époque c’était pas la grande mode non plus, pour trouver des skates il fallait aller à Caen ; c’était encore underground. Autour du skate c’était énormément du punk, mais on se retrouvait pas vraiment dans cette musique. On écoutait plutôt les Beatles et en skate ça se faisait pas trop, on passait un peu pour les mignons du skate park. » Mais ils écoutaient Nirvana quand même. « Avec Nirvana tu pouvais soit prendre la branche la plus dure genre Soundgarden, Pearl Jam, ou alors l’autre branche avec Teenage Fanclub, My Bloody Valentine… des groupes qui étaient mélodieux et dans lesquels on se retrouvait plus. »

Et une fois sur Paris, ils ont commencé les répètes… pendant six ans ! « On était dans notre local à Mains d’œuvres, on répétait mais… on trippait en fin de compte mais sans forcément vouloir en faire quelque chose. On faisait quand même un ou deux concerts dans l’année, et des trucs bien, genre des Mo’Fo festivals. Et tout d’un coup on est sortis de notre tanière, sauf qu’on voyait pas trop comment connaître du monde. A un moment c’est bien d’avoir un petit marchepied pour pouvoir accéder à des premières parties. » Leur but n’était pas non plus de faire un album. « Certains groupes ont un projet : avant de faire de la musique, ils savent ce qu’ils veulent. Nous c’est plutôt une longue histoire de copains. C’est pas un mec qui a des chansons et qui vient chercher des musiciens et qui prévoit son studio. Nous c’est plutôt 3-4 ans de psychédélisme, enfermés dans notre studio. »

Et soudain, en 2007, ils se retrouvent sur la compilation CQFD des Inrocks. « On s’endormait, et le fait d’être sur cette compilation, ça nous a foutu un coup de pied au cul… On s’est dit que ce qu’on faisait était peut-être finalement intéressant et donc on a commencé à écrire de plus en plus de chansons, à faire de plus en plus de concerts. Grâce à CQFD, on a pu participer à des premières parties genre Katherine à Rouen, puis on a fait la tournée Inrocks Indie Club, les Bars en Trans… ça s’est mis un petit peu en place au fur et à mesure. La compilation nous a vraiment aidés à avoir une visibilité à laquelle on s’attendait pas. »

Tant et si bien, qu’ils se retrouvent avec ni plus ni moins que Tahity Boy aux claviers. « On était allés à un concert de Third Side Records avec Tahiti Boy, Syd Matters, Fugu : que des groupes qu’on avait découvert par MySpace. A cette époque, on cherchait un clavier, donc on s’est dit que ce serait super de lui proposer, voir si ça pouvait le brancher. On a fait juste un petit message sur MySpace, il nous a répondu avec une gentillesse, ‘ouais carrément, on peut se rencontrer, faire des répètes, voir ce que je peux vous apporter’. Et puis dès la première répète ça a fonctionné. En plus, il nous a permis de rencontrer tous ces gens de chez Third Side Records, et Samy Osta avec qui on a enregistré le disque. Il nous a ouvert quelques portes pour pouvoir enregistrer le disque et le sortir aujourd’hui. Et puis, il a fait des concerts avec nous pendant deux ans, mais là il avait tellement de projets qu’il pouvait plus nous suivre. C’est comme ça que Greg est venu nous rejoindre aux claviers. »
Comme tous les groupes qui ont travaillé avec Tahiti Boy, les Da Brasilians sont enthousiastes. « Tahiti Boy, c’est un mec très généreux : il a de la musique à donner et il a envie de la faire. Il a son groupe avec The Palmtree Family, il a son projet avec Sergio Dias, d’Os Mutantes, il a des projets électros… Mais c’est un mec qui nous a vraiment aidés, il nous a rien demandé, pas d’argent, quoi que ce soit. Il nous a redonné confiance aussi en ce qu’on faisait. C’est pas juste une question d’intérêt, c’est vraiment devenu des amis. Pour nous c’est important de pouvoir construire le projet autour de ça aussi. C’est une vrai aventure humaine j’ai envie de dire ! (rires) »

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Leur musique est imprégnée de San Francisco, comme un voyage à Haigh & Hashbury dans les années 70. « Ah non ! trop d’acides ! » s’exclame Rémi. « C’est des clichés qui font rêver, qui sont là à un moment dans un coin de la tête, c’est des musiques qu’on écoute, mais on aime bien être maintenant. Du coup on a une vision un peu différente : celle d’aujourd’hui qui regarde un peu le passé. C’est une période sur laquelle on se retrouve tous, sur des disques des Beach Boys ou des Crosby Still & Nash, y’a un truc : les mélodies, les harmonies vocales… Le côté détendu, détaché, la liberté… Mais ce n’est pas la seule période qui nous intéresse. Les Eagles, pendant très longtemps, on nous a dit que c’était merdique. Et quand on s’est mis à écouter les disques, on s’est dit que c’est pas si mauvais que ça. La quintessence du rock décadent… mais c’est assez classe quand t’écoutes les premiers albums. Pendant des années, on a pas eu le droit d’écouter les Eagles, c’était le truc de beauf, parce que tout ce qui passait en boîte de nuit, c’était ‘Hotel California’. » En fin de compte, le mot qui revient le plus reste ‘décalé’. « Pour jouer, il fallait faire des reprises et il fallait être bon. Mais nous on était pas bons, on jouait nos propres chansons à notre façon… Finalement on avait notre attitude un peu punk, mais un peu pop… Et toujours en décalage : quand on faisait du skate, on était en décalage avec les skateurs ; quand on faisait de la musique, on était en décalage avec les groupes qui marchaient. C’est aussi comme ça qu’on se construit notre propre identité, qu’on essaie d’intégrer et puis d’exister quoi… »

Reclame

Le premier album des Da Brasilians est déjà disponible chez Underdog
Les Da Brasilians seront le 30 novembre en première partie de GUSH au Bataclan, et le 10 Decembre à Fontenay Sous Bois au Festival Les Aventuriers.


Remerciements : Judith (Waaa)

Catégorie : Entretiens
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