MaMA 2017 – Cabadzi x Blier, Sly Johnson, Eddy de Pretto

Premier jour du festival MaMA, l’automne s’installe en douceur, on est prêt à parcourir les rues de Pigalle à l’affût d’une découverte musicale. Nous avons glané un peu de chanson française avec Hervé, de la pop slamée avec la nouvelle sensation Eddy de Pretto, de la soul avec le charismatique Sly Johnson, du métal fait maison avec The inspector Cluzo et le clou de la soirée : Cabadzi en mode (Bertrand) Blier.

Hervé

Ce qui nous intrigue chez Hervé, c’est ce titre ‘Si elle me revient pas‘, qui paraît si familière. Mais apparemment ce n’est pas une reprise. Ce qui attire aussi c’est cette voix de velours, contrebalancée par quelques machines, cette mélancolie qui peut passer à la rage, et ces ballades qui donnent bientôt envie de danser. Parfois oui, on dirait une copie de Paradis, ou un titre fortement influencé par Voulzy et confrères… et c’est sans doute pour ça que dans le Bus Palladium, la moitié de la salle ne fait pas du tout attention au chanteur.

Eddy de Pretto

Au Backstage By The Mill, c’était la soirée des Inouïs du Printemps de Bourges. C’est là qu’on retrouve le très normcore Eddy de Pretto. Après quelques platitudes comme “L’abondance est riche”, notre nouvelle coqueluche se met à slamer sur “Au clair de la lune”. Puis, alors qu’il nous raconte ce que la banlieue lui a appris, on ne peut s’empêcher d’entendre une copie de Stromae. Non, décidément, Le Transistor ne comprend pas l’engouement du moment, car beaucoup de titres ne mènent nulle part, que ce soit au niveau des paroles ou des mélodies.

Sly Johnson

Ca faisait quelques années qu’on avait plus entendu parler de Sly Johnson, et c’est avec plaisir qu’on le retrouve à La Cigale. La foule, au début timide, ne tarde pas à se laisser charmer par le chanteur tout sourire, qui s’amuse à improviser, à ralentir des samples ultra-reconnus, à jouer avec la salle. Bientôt, la fosse ose reprendre un lalala avec lui, recouvrant sa magnifique voix soul. Apparemment, l’artiste est en préparation d’un nouvel album, avec Renaud Létang (Feist, Oxmo Puccino, Lianne La Havas…). A suivre donc.

The Inspector Cluzo

C’est souvent la foire lors des concerts de The Inspector Cluzo, aussi personne ne s’étonne de voir le batteur se toucher langoureusement pendant une ballade isolée dans le set très métal. Depuis 10 ans déjà, le duo est fier d’annoncer qu’il s’est fait tout seul, qu’il enquille les concerts sans l’aide de personne. Une réussite qui est sûrement plus due à l’énergie de leur live que par l’originalité de leurs composition. Tant mieux !

Par contre, le discours condescendant sur les habitudes dans les salles (“Arrêtez de filmer, on est pas à un concert de Petit Biscuit. Décidément on manque d’éducation musicale en France !“) voire moralisateur (“On est des vrais écolos car on fait notre propre bouffe. Et on aime la corrida ! Si vous êtes des vrais écolos quittez les grandes villes ! Et nous au moins on fait pas la morale aux autres….”) ne donnent pas envie d’aller écouter leur nouvel album, Vince.

Cabadzi

Dans le lycée Jacques Decours, dans la superbe salle de théâtre, Cabadzi a installé son imposante scénographie. Pour ce nouvel album, le désormais duo s’est inspiré des dialogues des films de Bertrand Blier, et à cette occasion s’est taillé une immense cage, à hauteur du réalisateur, avec des illustrations de Adams Carvalho. D’une voix de cassandre, Olivier Garnier nous emmène dans un monde de désillusion… pour nous encourager à nous défaire de cette société ? “Faire comme tout le monde quelle phrase immonde”. Des choeurs ensorcelants nous attirent, pour briser nos rêves d’un crash fracassant.

Oui pour certains, Cabadzi sonne bien trop souvent comme un feu-Fauve. D’autant plus lorsqu’ils annoncent que c’est un concert d’amour. Et puis petit à petit, on les sent moins nerveux, moins mécaniques, et ils arrivent à entraîner la foule, à briser les réticences. “Parce que votre sourire va bien falloir qu’il revienne un jour”. Pour finir fièrement leur clin d’oeil au film Les Valseuses sur un dab. Bientôt on danse avec eux, on s’attendrit sur le cas d’une prostituée, et on se laisse prendre par leurs épanchements romantiques. Parce que “Ce qui a de grave c’est de plus aimer vous comprenez”.

lire l’interview de Cabadzi


Remerciements : Victoria [Bureau de Presse Cécile Legros]

Catégorie : A la une, Reportages
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