Eurocks 2017 – Arcade Fire, Phoenix, Bachar Mar-Khalifé

En arrivant sur le site, on se retrouve vite confronté à une pluie fine et désagréable. Mais la fin du set de Groupe Doueh et Cheveu sur la scène La Plage nous redonne le sourire. Leur rock’n roll afro-électro hyper dansant avec chanteur hurleur tout fou est comme une danse de la pluie qui d’ailleurs s’arrête enfin. On croise les doigts pour qu’elle ne redémarre pas pour le duo furieux Royal Blood, le piano souvent sautillant de Bachar Mar-Khalifé, la joyeuse pop de Phoenix, le rock enragé des Savages et le retour des canadiens d’Arcade Fire, prêts à nous faire chanter en choeur sous un feu d’artifice final.

Royal Blood

Le soleil aidant, la grande scène ne tarde pas à se remplir, et même à vrombir sous les riffs et frappes de caisse claire des deux Anglais. Le public se défoule sous ce rock garage stoner qui fait la part belle à leur deuxième album paru cette année. Les ovations retentissent régulièrement, surtout lorsque sonnent les premiers accords de leur désormais classique ‘Figure It Out‘.

Le groupe se fait ensuite plus politique en évoquant les frontières comme le Brexit ou le mur de Trump. Ils clôturent le sujet de ces ‘Borders‘ en hurlant “Show me how old they are!” en reprenant les coups de boutoir rythmiques de plus belle. Bref, ils se sont mis dans la poche un public dévoué extatique et qui n’attendait que ça pour se défouler.

Bachar Mar-Khalifé

C’est frustrant ! Le soleil disparaît à nouveau pour la musique ensoleillée du franco-libanais. Celui-ci remercie l’assistance clairsemée d’avoir bravé la pluie. Mais grâce à ses claviers, au oud ou aux percus, un air de fête reprend le dessus. Le début du set est quasiment uniquement musical et ressemble plus à une transe, sous les murmures de Bachar. Une invitée, Alsarah, rend la suite bien plus langoureuse, avec son chant angélique.

Ce concert, nous dit Bachar, est un hommage au grand joueur de oud égyptien Hamza El Din. Le final est plus festif, hyper dansant, avec malheureusement une pluie qui redouble. Mais ce n’est pas ça qui va nous arrêter de nous dandiner au son enjoué de Bachar Mar-Khalifé.

Bachar Mar-Khalifé présente cette création au Smmmile festival à Paris le 15 septembre.
Lire l’interview de Bachar Mar-Khalifé

Phoenix

Zut, la pluie ne s’arrête plus, mais la grande scène est tout de même pleine à craquer pour les Versaillais. Bon, le truc c’est que leur dernier album Ti Amo n’est vraiment pas le meilleur de leur discographie, et le morceau éponyme est lancé d’entrée. Mais comme Phoenix et son leader Thomas Mars ont un solide bagage scénique et un vivier des tubes, on ne voit ni le temps ni la pluie passer !

Les titres emblématiques comme ‘Lisztomania‘, ‘J-Boy‘ ou ‘If I ever feel better‘ font évidemment partie du set et font clairement un carton. Mention spéciale à un ‘1901‘ jouissif qui verra le chanteur marcher sur le public. Heureusement, en jouant sur ses acquis, Phoenix nous a fait passer un bien bon moment.

Savages

Les quatre filles écument les salles et festivals et sont précédées d’une solide réputation scénique, notamment grâce aux postures enragées de leur leader Jehnny Beth. Mais ce soir, sans doute en raison de la boue dans la fosse ou de son élégant petit blouson blanc, la chanteuse prend pas mal de précaution et ne se hasarde pas loin lors de ses incartades sur le public.

Cela dit, comme à chaque fois, le show reste spectaculaire, avec désormais deux album ce soir passés en revue. On n’a pas vraiment senti de climax mais la mayonnaise prend et, sous un déluge de guitares distordues et noisy, la foule massée devant la scène greenroom en redemande.

Arcade Fire

Les Canadiens sortent cet été leur cinquième album, le très disco Everything Now. Le single éponyme est lancé dès le début du set, et ce mixe entre du ABBA et la chanson ‘Can’t take my eyes off you‘ sonne déjà comme un classique. Ca claque d’entrée, et les “Lalalala-lalala” finaux sont repris par une audience tout sourire. A noter la présence de Patrick Bebey, fils de Francis Bebey, qui a rejoint le groupe pour jouer le gimmick de flûte joué par son père il y a vingt ans, et samplé par Arcade Fire.

L’ambiance est festive, sur ce dernier concert du festival, avec Arcade Fire faisant figure de cerise sur le gâteau. La chorale géante ne fait que commencer, car le groupe dégaine davantage ses vieux tubes plutôt que le dernier album. Entre ‘Rebellion‘, ‘Here comes the night time‘, ‘No cars go‘, ‘The Suburbs‘ dédicacé à David Bowie, ‘Reflektor‘… C’est l’extase.

Par contre, sans vouloir être tatillon, on attend toujours un truc en plus lors des tournées d’Arcade Fire, qui ce soir se contente du minimum – un level déjà élevé, certes, donc on ne leur en tient pas rigueur. Cela dit, se pose la question si Everything Now est au niveau des autres albums… Mais Arcade Fire reste grandiose : lors du final on fond carrément sur ‘Wake Up‘ et ses “wo-ho…!” repris par trente mille spectateurs conquis, et sous un magnifique feu d’artifice. On en oublie la pluie et la boue !

Encore une édition des Eurockéennes de Belfort qui se termine en beauté; et malgré un ciel un peu contrariant, on y a encore vécu de super moments. La programmation éclectique et pertinente de ce festival et son site magnifique font qu’on aura toujours plaisir à revenir!


Remerciements : Marion [Ephélide]

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